Coupe du monde de rugby : les Springboks maîtres du monde et du suspense
29-28 face à la France en quarts de finale, 16-15 contre l'Angleterre en demi-finales, et finalement 12-11 en finale face à la Nouvelle-Zélande, samedi 28 octobre. Voir le verre à moitié vide laisserait penser que les Springboks sont passés par un trou de souris plusieurs fois pour aller chercher un quatrième titre mondial. Le voir à moitié plein, c'est les considérer comme des maîtres dans l'art de gérer le suspense lors de cette Coupe du monde.
Par trois fois, les hommes de Jacques Nienaber sont passés au tour suivant sur la plus petite des marges, jusqu'à cette finale gagnée de justesse face aux à des All Blacks plombés par deux coups de pied ratés en deuxième période. Avec un seul essai, cette finale qui pesait six titres mondial au total, n'a pas atteint le sommet de jeu supposé. Une bataille âpre, rugueuse, sans grands éclats, qui porte plus que jamais le sceau des Springboks.
Une résilience à toute épreuve
Décriée pour son jeu physique qu'elle a exploité à outrance, l'Afrique du Sud ne s'est jamais déjugée dans cette compétition. Elle s'est souvent fait peur, n'a pas vraiment eu de marge sur les Français, sur les Néo-Zélandais et même les Anglais, mais elle est toujours sortie victorieuse de ces duels. De justesse, mais toujours devant. Et le crédit en revient en premier lieu à son duo de sélectionneurs Jacques Nienaber-Rassie Erasmus.
Depuis cinq ans, les deux stratèges ont mis au point une machine de guerre. Il en est sorti une équipe indéboulonnable, capable de jouer contre un stade entier, et surtout de ne jamais se cacher quand l'averse tombe. "On se préparait pour cette Coupe du Monde depuis 2018. L’essentiel, c’est que c’est une vraie équipe. Ils avaient déjà participé à une finale de Coupe du Monde, ils s’en sont sortis à l’expérience. Ce sont tous des guerriers", s'est félicité le sélectionneur Jacques Nienaber à la sortie.
Contre la France, le destin s'est peut-être joué à un en-avant volontaire non sifflé d'Eben Etzebeth. Face à l'Angleterre, à un coup de pied tardif d'Handré Pollard. En finale, ce sont deux ratés au pied qui ont maintenu le maigre avantage des Springboks, alors qu'ils n'ont inscrit aucun point en deuxième période. "Les All Blacks nous ont poussés dans nos derniers retranchements. Ça montre le genre d’équipes que c’est, pour se battre avec un homme en moins dès le début du match. Ils nous ont mis sous pression", a rendu hommage le capitaine Siya Kolisi.
Expérience et ténacité
Avec dix titulaires déjà présents lors du titre en 2019, l'expérience a permis aux Springboks de ne jamais paniquer dans cette compétition, et notamment en phase finale. "Ils connaissent leur jeu, ils sont forts, expérimentés. Clairement ils ont appris comment se battre, ils ont eu trois victoires très serrées, ils sont très tenaces. Ils ont la capacité de jouer le match à leur rythme", a reconnu Ian Foster, le sélectionneur de la Nouvelle-Zélande.
Au jeu chatoyant des Français et Néo-Zélandais, les Springboks ont opposé le réalisme et l'efficacité. Ils sont passés souvent près de la correctionnelle, mais comme une machine de guerre impitoyable, ils ont laissé leur adversaire revenir, y croire, pour mieux le frustrer et l'enterrer sur le gong. Lorsque la pièce tombe toujours du bon côté, difficile de n'y voir que du hasard. "On a l’habitude depuis plusieurs années de surmonter les difficultés. C’est quelque chose qui nous a aidés, ça prouve que cette équipe et ce pays sont résistants", a analysé l'homme du match de la finale Pieter-Steph Du Toit.
Sans Jacques Nienaber, qui va rejoindre le club de Leinster après la Coupe du monde, les Springboks ont quatre ans pour se réinventer. "Nous sommes allés très loin grâce à vous, j'espère que vous êtes fier de nous", a conclu en conférence de presse Siya Kolisi en direction de son sélectionneur. Son successeur aura des fondations solides pour viser un cinquième titre mondial.
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