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Coupe du monde de rugby : pourquoi le XV de France et les autres sélections arrivent à se déplacer en train

Près de 70% des trajets des sélections entre leurs camps de base et les neuf villes qui accueillent des matches se font en train. Une volonté des organisateurs pour réduire le bilan carbone de l'événement.
Article rédigé par Paolo Philippe
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Les joueurs du XV de France Thibaud Flament, Jean-Baptiste Gros et Arthur Vincent à leur arrivée à la gare de Lille-Europe, le 12 septembre 2023. (MAXPPP)

C'est l'une des scènes marquantes de ce début de Coupe du monde de rugby : le XV de France, les All Blacks et les autres sélections débarquant sur les quais de gare avant leurs matches. Les Bleus, qui affrontent l'Uruguay lors de leur deuxième rencontre de poules jeudi 14 septembre à Villeneuve-d'Ascq, en banlieue de Lille, font l'aller-retour dans le Nord en train, depuis leur camp de base à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

Un mode de déplacement privilégié par le comité d'organisation du Mondial, qui a noué un partenariat avec la SNCF. Près de 70% des trajets des sélections entre leurs camps de base et les stades des neuf villes qui accueillent des matches (Villeneuve-d'Ascq, Saint-Denis, Nantes, Lyon, Saint-Etienne, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Nice) – sont prévus en train, ce qui représente 80 trajets selon la SNCF.

Parmi les 17 sélections (sur 20) qui le prendront durant la phase de groupes, certaines se déplaceront exclusivement en TGV. Après Bordeaux, l'Irlande ira en train à Nantes, le 16 septembre, et à Saint-Denis, les 23 septembre et 7 octobre, trois destinations facilement accessibles depuis son camp de base à Tours (Indre-et-Loire). Ces trajets répondent à une volonté du comité d'organisation. La fédération internationale, World Rugby, et France 2023 imposent aux sélections de privilégier le train pour des trajets inférieurs à 5h30.

"Le calendrier et les camps de base ont été imaginés en fonction de la problématique [des trajets]. Il y a un devoir d'exemplarité et de responsabilité."

Un porte-parole de World Rugby, la fédération internationale

à franceinfo

Le comité d'organisation, qui prend en charge l'intégralité des déplacements des équipes, explique que cette stratégie lui permettra de "réduire 50 % du bilan carbone sur la partie mobilité des équipes". Il reconnaît néanmoins le côté symbolique de l'initiative, la plupart des émissions de CO2 venant des déplacements des 2 millions de supporters, dont 600 000 visiteurs étrangers selon le ministère de l'Intérieur.

"On surveille ces trains comme le lait sur le feu"

Concrètement, les sélections qui utilisent le train voyagent dans des trains commerciaux et privatisent une ou plusieurs voitures en première classe. Une différence notable avec la précédente édition en France, en 2007, où les quelques trajets en train avaient été effectués grâce à des trains spéciaux et entièrement privatisés.

"On surveille ces trains comme le lait sur le feu", reconnaît pour franceinfo Laurent Guillemette, directeur de projets grands événements sportifs à la SNCF, qui explique que les rugbymen voyagent dans les "mêmes conditions" que le grand public. A quelques exceptions près : un service de sécurité renforcé avec des agents du GIGN ou du Raid et des prestations spéciales, notamment sur la nourriture.

"On veut démontrer qu’un grand événement sportif peut limiter son empreinte carbone", a lancé Jacques Rivoal, président de France 2023, lors d'une conférence de presse avant le début du tournoi. Le recours au train s'inscrit dans un contexte plutôt favorable dans le rugby, même si les trajets ferroviaires restent encore en marge par rapport à l'avion et surtout au car, moyen de transport privilégié.

Selon une étude de la Ligue nationale de rugby (LNR) auprès des clubs du Top 14 lors de la saison 2022-2023, que franceinfo a pu consulter, le train a été utilisé pour 14% des déplacements des équipes, contre 30% pour l’avion et 57% pour le car.

Le monde du football à la traîne

Les efforts de mobilité pendant ce Mondial font écho avec le monde du football, dans lequel les déplacements en train restent encore très minoritaires. En septembre 2022, l'entraîneur du Paris Saint-Germain, Christophe Galtier, qui était interrogé sur un trajet Paris-Nantes réalisé en avion plutôt qu'en train, avait ironisé avec ces mots : "On est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile." Une déclaration qui avait fait polémique, alors que le recours aux avions privés reste encore très majoritaire dans le football. Selon Le Monde, citant une étude de la Ligue de football professionnel (LFP), "65 % des trajets des clubs ont été effectués en avion, 31 % en car et 4 % en train" pour la saison 2019-2020.

Les clubs de football avancent plusieurs freins : des problèmes logistiques et sécuritaires, le coût financier pour la privatisation de trains, mais aussi des impératifs d'horaires, avec la délicate question des retours de nuit après un match en soirée. La SNCF, qui avance "des exigences auxquelles elle ne peut pas répondre", reconnaît discuter avec la LFP et les clubs pour leur proposer des solutions et des alternatives.

Pour Michaël Ferrisi, fondateur du média Ecolosport, spécialisé dans la transition écologique dans le sport professionnel, la Coupe du monde de rugby représente un "bon test". "Tout le monde doit faire des efforts : les clubs, les instances, la SNCF. Le monde du sport commence à comprendre l'enjeu et la responsabilité qu'il a dans la transition écologique." Michaël Ferrisi espère, comme la SNCF et le comité d'organisation, que l'usage du train par les sportifs représentera l'un des "héritages" de ce Mondial en France.

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