"La Coupe du monde devient risible" : la fédération internationale de rugby sous le feu des critiques après l'annulation de plusieurs matchs
Alors que le typhon Hagibis a atteint samedi les côtes japonaises, entraîneurs, joueurs et supporters contestent le choix de la fédération internationale de rugby d'organiser le Mondial en pleine saison des typhons.
La Coupe du monde 2019 de rugby qui se déroule actuellement au Japon connaît ses premières annulations de matchs. Le pays est en effet touché depuis samedi 12 octobre par le puissant typhon Hagibis. Après l'annulation des rencontres France-Angleterre et Italie-Nouvelle-Zélande prévues toutes deux samedi, le match prévu dimanche entre l'Ecosse et le Japon pourrait lui aussi être reporté. C'est du jamais vu depuis 1987.
Si personne ne remet en cause la question de la sécurité avec l'arrivée du typhon Hagibis, les critiques pleuvent contre World Rugby, la fédération internationale de rugby, qui a décidé d'organiser la Coupe du monde au Japon, en pleine période de typhons.
Quand vous organisez une Coupe du monde, vous devriez prévoir un plan B.
Sergio Parisse, capitaine de l'équipe d'Italiefranceinfo
Capitaines, entraîneurs et supporters en conviennent : le principe de précaution s'impose alors que des vents annoncés à plus de 215 km/h doivent balayer samedi soir Tokyo et ses environs. Mais le Japon est coutumier des typhons, Hagibis est ainsi le 19e de l'année. Or, aucune autre solution que d'annuler purement et simplement un match n'a été trouvée par les organisateurs, ce qui agace le capitaine de l'équipe d'Italie Sergio Parisse. "On était prêts à jouer dans n'importe quelle condition, même à huis clos. Ce n'est pas comme si c'était nouveau des typhons au Japon, surtout dans cette période. C'est ridicule", lance Sergio Parisse, amer.
Même loin du Japon et de ses enjeux sportifs, l'incompréhension règne chez tous les acteurs du rugby. À Toulon, le manageur Patrice Collazo partage la même position que le capitaine italien : "Quand ils prennent des décisions, ils doivent assumer derrière. Les joueurs subissent et sont pris en otage." Le talonneur du Racing 92, Kevin Le Guen, est lui dans l'incompréhension :"J'ai du mal à comprendre comment on peut organiser un évènement si exceptionnel dans un endroit où on sait pertinemment à l'avance qu'il peut y avoir des risques météo," explique le joueur.
Une "cacophonie extrêmement dommageable"
Tout le monde reste médusé face à ce qui ressemble fort à un manque de professionnalisme, loin de l'image que l'on se fait en tout cas d'un événement présenté comme la troisième plus grande compétition sportive au monde. Pour des supporters comme Serge, c'est la crédibilité du rugby qui est remise en cause :"La Coupe du monde devient risible. Il n'y a aucune équité sportive. On méprise totalement les supporters, c'est de l'incompétence totale." Comme lui, 20 000 supporters anglais et 10 000 français restent confinés du mieux qu'ils peuvent à Tokyo et Yokohama.
Cette Coupe du monde se transforme en fiasco qui doit amener les instances du sport à changer, estime Christophe Lepetit, économiste du sport. Selon lui, le sport business a ses limites : "Cela devient contre-productif puisque ces choix, qui sont au départ guidés par des raisons diverses et variées, se retrouvent à revenir comme des boomerangs en plein visage des acteurs qui les ont faits."
On a des conséquences qui risquent d'être très importantes en termes d'image.
Christophe Lepetità franceinfo
"L'image laissée par les Mondiaux d'athlétisme et l'image que va laisser cette cacophonie autour de la Coupe du monde de rugby sont extrêmement dommageable pour l'athlétisme mondial et le rugby mondial, poursuit Christophe Lepetit. Et puis sur le plan économique, ce qui se passe sur cet événement ne donne pas l'image de quelque chose de très professionnel."
En attendant, la polémique est loin d'être terminée. L'incertitude plane toujours sur le match dimanche entre l'Ecosse et le Japon, et deux nouveaux typhons, certes de moindre ampleur, sont déjà annoncés sur l'archipel, pour les prochains jours.
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