France-Roumanie : les Bleus sereins sur un air d'axe latin
"Tout est possible ". Possible, certes, mais peu probable. Le capitaine roumain Mihai Macovei a beau vouloir garder le moral et prévenir que son équipe va "essayer de résister ", il voit la montagne à gravir. La victoire inattendue du Japon, preuve que les grandes équipes peuvent ployer l'échine, ne lui redonne pas vraiment des ailes : "Cette victoire va donner encore plus de motivation aux grandes équipes: elles vont maintenant aborder de façon moins tranquille leurs matchs contre les petites équipes, et jouer à 100%. Ça, c'est un problème pour nous ", s'inquiète-t-il.
39 victoires françaises en 49 rencontres
Car l'histoire pèse comme un couvercle sur le XV roumain : depuis 1924, il a rencontré 49 fois la France, qui a remporté le morceau 39 fois. Reste ces dix matchs, lueur d'espoir d'autant plus faible que les Roumains ne se sont plus imposés depuis 1990 et que depuis, le rugby du pays n'a cessé de décliner, avec un nombre de licenciés fondant comme un iceberg égaré sous les tropiques. Le temps de la splendeur est bien loin, à l'époque où le dictateur Ceaucescu faisait des "Chênes" une gloire nationale.
Loin aussi le temps de l'axe latin, dont le fantôme a plané sur ce début de coupe du monde : quand la France, exclue du Tournoi des cinq nations en 1931, tentait de contrebalancer l'hégémonie anglo-saxonne sur le rugby en s'alliant avec l'Italie et la Roumanie pour créer la Fira (Fédération internationale de rugby amateur), en 1934. Cet esprit va persister longtemps, avec la création en 1995 de la Coupe latine, rassemblant France, Italie, Roumanie et Argentine. Elle connaîtra une vie de papillon, s'éteignant après deux éditions, toutes deux emportées par les Bleus.
Equipe remaniée
Voilà pour l'histoire, mais qu'en est-il de la rencontre de ce mercredi ? Tout d'abord c'est un XV de France remanié en profondeur - 13 changements - que les "Chênes" vont tenter de gravir héroïquement, avec des joueurs amateurs. Mais malgré cet air un peu neuf, il est difficile de voir ce qui pourrait empêcher les hommes de Saint-André de passer. Le suspense n'est toutefois jamais complètement absent avec une équipe de France capable de s'évaporer sur un terrain, sans raison apparente, comme elle l'a fait contre les Tonga en Nouvelle-Zélande en 2011, avant de se réincarner en roc contre les Blacks.
Vitesse de jeu
Le statut d'ultra-favori oblige à jouer avec la manière et les Français devront le faire plus encore que samedi dernier face à l'Italie et ramener le point de bonus, sous peine de risquer de se retrouver deuxième d'une poule en gagnant tous ses matchs. Perspective rageante... et dangereuse avec une rencontre contre la Nouvelle-Zélande en guise de hochet.
C'est pourquoi Philippe Saint-André a voulu bâtir une machine anti-Roumanie basée sur la vitesse de jeu. Il faudra gagner en précision par rapport au match contre l'Italie, chasser les passes brouillonnes et bannir les en-avants. Les paires Ouedraogo-Nyanga en troisième ligne et Fickou-Fofana au centre devraient "permettre d'avoir un jeu plus rapide et un peu plus fluide au niveau des transmissions ", a expliqué Patrice Lagisquet, l'entraîneur des arrières. A la charnière, c'est un nouveau test Parra-Tales qui jouera la direction d'orchestre, ainsi qu'en deuxième ligne avec Flanquart, vieux briscard, associé à un néophyte, Le Roux, plus connu du côté des troisièmes lignes.
"Le danger, c'est d'essayer de trouver des solutions individuelles alors que notre sport est un sport collectif par excellence "
Cette équipe toute neuve, avec des joueurs espérant bousculer la hiérarchie, risque d'être tentée par les performances individuelles, ce que conjure Philippe Saint-André : ""Il faudra être cohérent collectivement. Le danger, c'est d'essayer de trouver des solutions individuelles alors que notre sport est un sport collectif par excellence ". En face, la 17ème nation mondiale peut se targuer d'une défense puissante et d'avants qui n'ont rien à lui envier. Les Chênes se souviennent aussi de leur dernière victoire contre les Bleus, ce match de mai 1990 à Auch, remporté 12 à 6. A l'époque, un jeune ailier faisait ses débuts internationaux. Il s'appelait... Philippe Saint-André.
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