Rugby : le XV de France a renoué avec sa défense gagnante face à la Nouvelle-Zélande
Ils n'étaient pas dans un grand soir offensivement, alors ils ont choisi de l'être défensivement. Victorieux de la Nouvelle-Zélande (30-29) au Stade de France, samedi 16 novembre, après avoir renversé un match bien mal embarqué à la pause, le XV de France s'est distingué par sa défense, intraitable, pour faire tomber une équipe néo-zélandaise venue avec beaucoup d'intentions de jeu à Saint-Denis.
Alors que les Bleus vivaient, jusque-là, leur pire saison sur le plan défensif de l'ère Galthié (24,5 points de moyenne encaissés par match avant cette tournée), l'arrière-garde a retrouvé les vertus qui avaient refait de la France un cador du monde du rugby. Même si, c'est, paradoxalement, en encaissant 29 points, qu'elle y est arrivée.
L'équipe de France version 1994-1995 était la seule, jusqu'ici, à avoir remporté trois matchs consécutifs contre les Blacks. Elle se caractérisait alors par ce que les Anglo-Saxons ont longtemps appelé le "French Flair", soit le sens du jeu français. Ils pourront désormais penser au "French Fer". Impériaux en défense, notamment après la pause, les Français ont fait preuve de solidarité, d'abnégation, de solidité. Si les Bleus ont aussi connu du déchet ballon en main sur leurs offensives, leur succès porte le sceau de la défense, eux qui ont laissé le ballon dans les mains adverses 61% du temps..
Du cœur à l'ouvrage
Dépossédés du ballon, par choix, mais aussi parce que les vagues néo-zélandaises n'ont eu de cesse de déferler, les hommes de Fabien Galthié doivent une grande partie de leur succès à la robustesse de leurs épaules et à leur organisation défensive. Parfois mis à mal par le jeu dans la défense des joueurs de Scott Robertson, les Tricolores se sont regroupés autour d'une grande solidité, en gênant leurs adversaires dans les zones de ruck, à l'image d'un grattage décisif de Charles Ollivon juste devant sa ligne en fin de match. Ces mêmes rucks, qui ont permis aux Bleus de récolter pas moins de cinq pénalités sur des offensives adverses, quand le XV de France provoquait sept pertes de balles dans le camp blanc pour un soir.
Finalement, la dernière action est révélatrice de tout cet abattage défensif, avec Thibaut Flament, qui aura joué 80 minutes, et Georges-Henri Colombe, sur le terrain depuis 70 minutes (un temps colossal pour un pilier), qui ont coffré Will Jordan pour assurer le succès bleu. Dans un sourire, Paul Boudehent, une nouvelle fois très actif et décisif sur le deuxième essai des Bleus, ne cachait pas sa joie. "C'est bien de réussir là où les autres nations de l'hémisphère Nord se sont cassé les dents", a-t-il ainsi déclaré à TF1 après la rencontre.
La meilleure attaque, c'est la défense
Alors que Fabien Galthié louait à l'issue du match, la polyvalence de ses joueurs, il pourra aussi mettre en avant leur activité, lors des séances vidéos à Marcoussis. Avec 208 plaquages réalisés (34 ratés) pour un ratio de 86%, les Français ont fini par écœurer leurs hôtes (111 plaquages seulement pour la Nouvelle-Zélande).
Tout ne fut pas parfait, en témoignent les cinq pénalités passées au pied par les Kiwis, où les 13 coups de sifflet Nika Amashukeli à leur égard, mais ils n'ont plus été transpercés. Au Stade de France, Rieko Ioane, habituellement si agile pour jouer après contact et faire craquer les rideaux défensifs adverses, s'est éteint, et les Roumat (18 plaquages), Alldritt (16), pourtant moins bien qu'à l'accoutumée offensivement, Mauvaka (16) ou encore Flament (14) ont pris le dessus sur la ligne d'avantage. Au total, ils sont d'ailleurs 12 Tricolores à terminer la rencontre avec au moins 10 plaquages distribués.
Une séquence illustre peut-être mieux que les autres cette abnégation : l'essai de Louis Bielle-Biarrey, qui refait passer les Bleus devant au score pour la première fois depuis plus de 40 minutes. Après avoir enchaîné les séquences défensives, où, malgré les dégagements, les attaques revenaient toujours plus vite, les Français ont fait reculer mètre par mètre leurs rivaux, avant de les punir sur un ballon perdu au milieu du terrain.
Le capitaine Antoine Dupont, qui soulignait un match avec "énormément de combat", s'appuyait d'ailleurs sur cette émulation collective pour justifier ce succès acquis de haute lutte dans les derniers instants : "Il n'y a rien de plus grisant que de vivre ces dernières minutes. Quand tu sens que le gars à côté ne va pas lâcher. Cet état d'esprit, on l'a montré ces dernières années et c'était important de le remontrer aujourd'hui." Il reste désormais à le ressortir contre une Argentine toujours plus surprenante, afin d'aborder le Tournoi des six nations, dans moins de trois mois, de la meilleure des façons.
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