Rugby : oublier l'extra-sportif, réintégrer Dupont, remplacer Ntamack... Les cinq enjeux de la tournée d'automne pour le XV de France

Le XV de France débutera sa tournée d'automne face au Japon, samedi, avant de disputer deux autres matchs face à l'Argentine et la Nouvelle-Zélande.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
Antoine Dupont et son sélectionneur en discussion à Marcoussis, le 29 octobre 2024. (FRANCK FIFE / AFP)

Le XV de France va retrouver les terrains. Quatre mois après son match face à l’Argentine à Buenos Aires lors de la tournée d'été, l'équipe de France de rugby retrouve les terrains, samedi 9 novembre, face au Japon au Stade de France. Ce sera le premier des trois matchs de la tournée d'automne, qui les verra ensuite affronter la Nouvelle-Zélande (16 novembre) et l'Argentine (22 novembre), à chaque fois à Saint-Denis.

L'occasion pour Fabien Galthié et ses joueurs, touchés par les affaires extra-sportives intervenues cet été, de remettre le jeu au centre. L'opportunité aussi de dessiner une nouvelle ossature, un peu plus d'un an après la Coupe du monde et sept mois après un Six nations frustrant, terminé à la deuxième place. 

"Parler du rugby différemment" après les déboires extra-sportifs 

"Il y a eu un avant Mendoza, et il y aura un après Mendoza". En conférence de presse le 29 octobre, le sélectionneur Fabien Galthié avait reconnu que l'affaire Jégou-Auradou avait laissé des séquelles au sein du rugby français. La suspension de Melvyn Jaminet après des propos racistes, ainsi que la tragique noyade de Medhi Narjissi ont alourdi le climat pesant sur la FFR depuis plusieurs mois.

En conséquence, un nouveau "cadre de vie" a été présenté aux joueurs afin de prévenir de futurs débordements. "C'est à nous d'être exemplaires. Si on suit cette ligne de conduite, il ne devrait pas y avoir de problèmes, a estimé le deuxième ligne de Toulouse, Thibaud Flament. Je le vois plus comme l'occasion de repartir d'un bon pied, de donner un nouvel élan."

La FFR a annoncé qu'elle souhaitait aussi modifier son règlement intérieur pour pouvoir effectuer des contrôles d'alcoolémie et de prise de stupéfiants. "On veut parler du rugby différemment", ambitionnait, en septembre, le vice-président de la Fédération française de rugby (FFR), Jean-Marc Lhermet. Avec le retour d'Antoine Dupont et des cadres, le XV de France a l'occasion de recentrer l'intérêt sur le terrain.

Réintégrer Antoine Dupont après son été de rêve

C'est bien le retour du demi de mêlée, star de l'été avec le rugby à VII, qui va concentrer l'attention. Le numéro 9 n'a plus endossé le maillot bleu depuis... le quart de finale de la Coupe du monde, le 15 octobre 2023, perdu contre l'Afrique du Sud. Absent du Tournoi des six nations pour mieux préparer les JO, Antoine Dupont va retrouver ses costumes de titulaire et capitaine qui ont bien manqué aux Bleus pendant plus d'un an.

Antoine Dupont et les joueurs du XV de France en marge d'une session d'entraînement à Marcoussis, le 29 octobre 2024. (FRANCK FIFE / AFP)

Il devrait reprendre là où il s'est arrêté : en chef de file et dynamiteur du jeu, un segment où le XV de France a pêché en son absence. Sans Nolan Le Garrec, touché à un genou et remplacé par Baptiste Serin alors qu'il semblait avoir pris le rôle de numéro 2, c'est Maxime Lucu qui devrait servir de doublure au Toulousain, au moins pour ce match. Reste que derrière Dupont, ces trois matchs pourraient servir à confirmer une nouvelle hiérarchie chez les remplaçants. 

Trois matchs pour renouer avec une solidité

Après un Six nations passable, où la France a terminé deuxième malgré une humiliation face à l'Irlande (17-38) et un match nul heureux (13-13) face à l'Italie, et une tournée estivale conclue sur une défaite à Buenos Aires contre l'Argentine (33-25) dans le contexte de l'affaire Jégou-Auradou, le XV de France doit retrouver ses fondamentaux. D'une solidité défensive à toute épreuve (ou presque) sous l'ère Galthié, les Français ont, en 2024, ouvert grandes les portes. Avec 24,5 points encaissés par match en moyenne cette année (ils en ont encaissé 18,7 points en 2023 et 18 en 2022), c'est la pire moyenne depuis l'arrivée du sélectionneur en 2020. 

Il faudra donc redresser la barre face au Japon, qui avait échoué à cinq points des Français en 2022 (15-20), aux Argentins, et aux Néo-Zélandais. Les Kiwis sortent d'un Rugby championship médiocre (trois victoires et trois défaites) et restent sur deux revers marquants contre les Français (la plus large défaite de leur histoire contre la France en 2021 et la désillusion du match d'ouverture de la Coupe du monde). Deux victoires tricolores acquises au Stade de France, que les coéquipiers d'Antoine Dupont retrouvent pour la première fois depuis le quart de finale de la Coupe du monde 2023 contre les Springboks.

Retrouver une ossature et intégrer les jeunes pour régénérer le groupe

Fabien Galthié devrait tout de même conserver le squelette de mars. Parmi les avants, Peato Mauvaka, Thibaud Flament, Grégory Aldritt et François Cros sont indéboulonnables, tout comme Antoine Dupont, Thomas Ramos, Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey chez les arrières. 

Mais les absences de l'ancien capitaine Charles Ollivon, même pas dans le groupe face au Japon, ou de Gaël Fickou, capitaine de la défense et placé sur le banc pour la première fois depuis février 2019, sont là pour rappeler que personne n'est installé. "Il n'y a pas de zone de confort en équipe de France", a rappelé le sélectionneur, jeudi, lors de l'annonce de son équipe face aux Nippons, parlant "d'émulation et de continuité" : "Il y a des joueurs qui poussent la concurrence et rentrent dans ce XV de France ou les 23." Et de fixer un cap : "Ce qu'on veut, c'est conserver nos meilleurs joueurs qui ont vécu ces cinq ans. Mais pour cela, il faut qu'ils puissent se régénérer, il faut qu'ils puissent se préparer pour continuer à progresser et non stagner parce qu'ils ont une charge de match, et une charge émotionnelle tellement lourde."

Le trois-quart centre Yoram Moefana et les joueurs du XV de France à l'entraînement à Marcoussis, le 6 novembre 2024. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Sans Fickou ni Jonathan Danty, titulaire lors de la Coupe du monde mais non convoqué, c'est une nouvelle paire de centres qui va officier : Yoram Moefana et le jeune Emilien Gailleton (trois sélections). En amenant huit novices (aucune sélection en Bleu) parmi les 42 joueurs convoqués (le groupe a été réduit à 23 pour le match), Fabien Galthié effectue sa revue d'effectif. 

Sans Ntamack, une charnière à (re) construire

Les galères de Romain Ntamack continuent. Le joueur du Stade toulousain, qui n'a plus joué en équipe de France depuis sa blessure en préparation du Mondial 2023, a été touché à un mollet mi-octobre, alors qu'il postulait pour reformer la charnière si efficace avec Antoine Dupont. "On a décidé avec Romain de vraiment prendre le temps", a apaisé Fabien Galthié, estimant qu'il n'y avait "pas d'urgence" à le rappeler, sans toutefois le déclarer forfait pour les matches de novembre.

Romain Ntamack sort sur blessure lors du match de Top 14 face à Clermont, le 12 octobre 2024. (MAXPPP)

Comme lors de la Coupe du monde et du Tournoi des six nations, en son absence, Matthieu Jalibert et Thomas Ramos se disputent la place. Entre le numéro 10 de métier bordelais et le polyvalent arrière toulousain, titulaire à ce poste à l'entraînement, Fabien Galthié a choisi le deuxième. "Le niveau de cette charnière s'impose, a-t-il tranché. Mais bien sûr Matthieu Jalibert compte pour nous. Ça fait cinq ans qu'il est avec nous, il performe avec son club, avec nous."

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