Six nations 2024 : Cros et Ramos en patrons, Lucu et Jalibert ratent le coche, Le Garrec en impose... Les gagnants et les perdants du XV de France
L'édition 2024 du Tournoi des six nations s'est terminée, samedi 16 mars, avec la victoire à l'arraché de la France face à l'Angleterre. Le XV tricolore est passé par toutes les émotions depuis sa lourde défaite face à l'Irlande, et Fabien Galthié a opéré des changements salvateurs dans son effectif pour la fin du tournoi. Alors que l'ossature du groupe mondialiste semblait établie, ce tournoi a redistribué quelques cartes au sein du XV de France.
Ils ont marqué des points : Cros, Ramos, Meafou, Le Garrec
François Cros et Thomas Ramos étaient déjà des indéboulonnables du XV de France, et il aurait fallu un Tournoi catastrophique de leur part pour voir leur place remise en jeu. Mais les deux joueurs ont fait l'inverse : ils ont montré pourquoi Fabien Galthié compte autant sur eux. François Cros a réalisé un travail de l'ombre exceptionnel, notamment en défense, alors qu'il retrouvait sa place de titulaire à la suite de la blessure d'Anthony Jelonch. "C'est un régulateur. Il sait tout faire", a salué Fabien Galthié.
De son côté, Thomas Ramos était déjà le buteur attitré des Bleus. Mais il a montré que sa polyvalence rendait sa présence obligatoire dans le groupe. Positionné à l'ouverture après la blessure de Matthieu Jalibert, l'arrière a terminé, pour la deuxième année consécutive, meilleur réalisateur du Tournoi (63 points), tout en passant la pénalité de la victoire face à l'Angleterre. "Thomas a beaucoup de leadership, dans la conduite du jeu et sur les hommes", confirme Fabien Galthié.
Ensuite, Nolann Le Garrec. Prendre la suite d'Antoine Dupont en équipe de France a tout du costume trop grand pour n'importe qui, mais le jeune Breton a joué sans complexes, au point d'être la révélation du Tournoi. Homme du match pour sa première titularisation face aux Gallois, chistera magnifique, culot à revendre, le Racingman a dynamité le jeu des Bleus, jugé souvent sans étincelles en l'absence du Toulousain. Deux essais pour ses deux premières titularisations, à 21 ans, le Vannetais a sans doute gagné sa place dans le groupe France.
Enfin en deuxième ligne, Fabien Galthié attendait depuis plusieurs mois de pouvoir associer le colossal Thibaud Flament et le surpuissant Emmanuel Meafou. Il a pu le faire au retour de blessure des deux Toulousains face au pays de Galles et l'Angleterre, qui ont accouché des meilleures prestations des Bleus. Après avoir essayé Woki, Gabrillagues et Tuilagi, la paire toulousaine s'est clairement dégagée par sa complémentarité et sa solidité.
Ils ont perdu du crédit : Lucu, Jalibert, Danty, Willemse, Woki
Conséquence directe de la montée en puissance de Nolann Le Garrec : Maxime Lucu, habituelle doublure de Dupont à la mêlée, a reculé dans la hiérarchie. Loin de son niveau affiché avec Bordeaux-Bègles, le numéro 9 reste une valeur fiable quand le score est favorable, mais il paie son manque de spontanéité face à la fougue de Le Garrec, dont le jeu des Bleus a bien besoin sans Dupont. "Il faut accepter les critiques, même si elles font mal et qu'elles sont dures, assume-t-il. J'ai passé des semaines pas très rigolotes, c'est ce qui fait le caractère d'un joueur de rugby".
Comme son compère de la charnière de l'UBB, Matthieu Jalibert, exposé défensivement et pas toujours très juste en attaque, n'a pas réalisé son meilleur tournoi alors qu'il sortait d'une belle Coupe du monde en remplacement de Romain Ntamack, qui vient de reprendre l'entraînement. Sa blessure face à l'Italie a replacé Thomas Ramos à l'ouverture. Si le Toulousain n'a pas eu d'actions d'éclat, il a montré qu'il était une alternative crédible en 10 au retour de Ntamack.
Titulaire pendant le Mondial 2023, Cameron Woki a, lui, traversé sans relief les trois premières journées du Tournoi avant de disparaître des feuilles de match après le retour de Thibaud Flament. "On a senti qu'il avait besoin de se reposer", a justifié Galthié sur son homme de touche, émoussé physiquement comme Peato Mauvaka. Le talonneur, qui avait bousculé la hiérarchie à la suite de son excellente Coupe du monde et à la blessure de son coéquipier Julien Marchand, semble avoir repris sa place de finisseur.
Enfin, au centre, Gaël Fickou a fini très fort le tournoi, mais il a sans doute perdu son compère habituel. Après deux performances très moyennes contre l'Irlande et l'Ecosse avant d'être exclu face à l'Italie pour un plaquage dangereux, Jonathan Danty a lâché du lest sur la concurrence alors qu'il va sur ses 32 ans. Sanctionné d'un carton rouge face à l'Irlande, Paul Willemse (31 ans) a abandonné beaucoup du crédit qu'il avait après avoir été l'homme fort en deuxième ligne de la première ère Galthié.
Ils ont pris date pour l'avenir : Barré, Tuilagi, Depoortère
"On n'est pas dans la reconstruction, mais dans la résilience." Soulagé de la victoire finale face à l'Angleterre, Fabien Galthié a affirmé qu'il n'y avait pas de reconstruction, mais le sélectionneur a tout de même largement ouvert son effectif à la jeunesse dans ce Tournoi, souvent avec succès.
Au-delà de la réussite Le Garrec, l'apport du gargantuesque Posolo Tuilagi (19 ans), titulaire en deuxième ligne contre l'Italie, et du centre Nicolas Depoortère (21 ans), a proposé de vraies alternatives en cas de blessure d'un cadre à leur poste.
A l'arrière, Léo Barré (21 ans) doit encore progresser défensivement sur un poste très exposé, mais il a su se distinguer offensivement face à l'Angleterre, en proposant une énergie folle récompensée par une chevauchée victorieuse sur le premier essai. Au jeu des chaises musicales, il postule désormais pour prendre la place à l'arrière si Thomas Ramos passe à l'ouverture. Melvyn Jaminet, forfait contre l'Irlande sur blessure, a de la concurrence.
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