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Rugby : va-t-on encore s'ennuyer devant le Top 14 cette année ?

Vous vous êtes endormi au stade ou devant la télé en suivant le championnat de France de rugby l'an dernier ? C'est normal. Cette année, ça devrait être à peu près pareil.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le joueur de Lyon Vinaya Wakanivuga tente de percer la défense du Stade Français, le 10 mars 2012 à Paris. (MARTIN BUREAU / AFP)

RUGBY - On les avait quittés sur une triste finale sans essai, entre Toulouse et Toulon, un samedi après-midi de juin. Les rugbymen du Top 14 sont de retour pour une saison qui s'annonce longue et dense. En espérant que la saison 2012-13 soit d'une autre trempe que la précédente.

Enfin du jeu ?

C'est pas gagné. La phase finale du dernier Top 14 avait bien résumé la saison : pas le moindre essai lors des deux demi-finales et de la finale, 240 minutes d'un ennui mortel pour tout spectateur neutre. Une purge de rugby, peu de passes, peu d'envie, des mêlées à la pelle et le jeu à une passe qui va avec. "Rarement une saison naissante n'a eu autant besoin d'effacer le souvenir de la précédente", note le site spécialisé ESPN Scrum (en anglais). Et pendant ce temps-là, dans l'hémisphère sud, le Super 15, compétition qui rassemble la crème des équipes néo-zélandaises, australiennes et sud-africaines offre à l'amateur une orgie de jeu hebdomadaire.

Depuis, de nouvelles règles ont été instaurées pour accélérer le jeu, indique L'Indépendant : des mêlées jouées plus vite, plus vite pénalisées quand elles s'effondrent et des remises en touche facilitées. Dans une chronique de L'Equipe, l'entraîneur de Montpellier, Fabien Galthié, estimait que cette phase de jeu accaparait 30% du temps de jeu effectif. "En 2003, il s'écoulait en moyenne 23 secondes entre le moment où la mêlée était sifflée et celui où le ballon sortait. En 2012, ce délai dépassait la minute", précise Didier Retière, ancien entraîneur des avants du XV de France à Sud-Ouest. Avec ces nouvelles règles, peut-être verra-t-on plus de jeu et moins de ballons enfouis sous un tas de joueurs. Peut-être.

Toulousains et Castrais à la lutte sur une mêlée, lors de la demi-finale du Top 14 entre les deux équipes, le 2 juin 2012 à Toulouse. (REMY GABALDA / AFP)

Enfin des maillots dignes de ce nom ?

Euh… Une fois n'est pas coutume, le grand prix de l'attentat visuel du Top 14 ne revient pas au Stade Français, qui a fait dans une relative sobriété pour son maillot de la saison 2012/13. Le début de l'âge de raison ? En revanche, ses adversaires sont eux  en pleine frénésie créative. Attention les yeux.

- Catégorie "ça fait vingt ans qu'on fait le même maillot, et si on se lâchait un peu pour une fois ?" : Toulouse.
- Catégorie "on n'avait pas d'idée donc on a mis le plan de la ville pour faire joli" : Castres.
- Catégorie "je vais mixer les carreaux de mon club avec le scapulaire des Girondins de Bordeaux, le club de foot du coin" : Bordeaux-Bègles.
- Catégorie "les consignes du coach sont marquées sur le maillot en cas de trou de mémoire en mêlée" : Montpellier, où on peut lire "Fais-toi respecter" et "Vise la victoire" sur la tunique officielle.

Enfin des surprises ?

Pas pour cette année. Comparez le classement des budgets avec le classement final de la saison régulière 2011-12 du Top 14 : ils sont quasi identiques, la méforme du Stade Français et l'accident industriel biarrot exceptés. L'édition 2012-13 ne devrait pas déroger à la règle.

Frédéric Michalak, nouvelle recrue de Toulon, tête de gondole du Top 14 depuis le départ de Sébastien Chabal à Lyon, le 14 août 2012. (FRANCK PENNANT / AFP)

Cette année encore, les gros clubs (Toulouse, Clermont, Toulon) se sont renforcés, dépouillant les outsiders. Pas de quoi laisser espérer un bouleversement de la hiérarchie. Ainsi, le meilleur joueur du dernier exercice, le Néo-Zélandais Chris Masoe, a quitté Castres pour Toulon. Le club varois a continué son recrutement quatre étoiles en faisant revenir Frédéric Michalak d'Afrique du Sud. Les grosses écuries ont de quoi aligner deux, voire trois équipes de niveau international, quand les formations plus moyennes sont très dépendantes de la forme de leurs meilleurs joueurs. Pronostics : 

- ils seront dans le dernier carré : Toulouse, Toulon, Clermont et le meilleur des outsiders, vraisemblablement le Racing ou Biarritz

- l'accident industriel de l'année : Montpellier, qui perd en début de saison ses six joueurs argentins, retenus pour le Four Nations, l'équivalent du Tournoi des six nations de l'hémisphère sud. Disputer huit journées de championnat sans eux a tout l'air d'un handicap insurmontable.

- tout le monde les voit déjà relégués en Pro D2 : Mont-de-Marsan. De loin, de très loin le plus petit budget du championnat.

Enfin des matchs dans le Nord ?

On dirait, oui. Le rugby perd petit à petit son image de sport ancré dans le quart sud-ouest de la France. Mais au-dessus de la Seine, les clubs de haut niveau ne sont pas légion. Le Stade Français a décidé d'en profiter pour accroître sa base de supporters, déjà conséquente.

Le président du club, Thomas Savare, a décidé de jouer sur le fait que le Stade Français est l'un des deux seuls clubs du Top 14 situé au-dessus de la Loire : "On est le club du nord de la France, explique-t-il à francetv sport. On veut aller vers notre publicVu le succès de l'opération qui a été menée au Mans la saison dernière, on a décidé de multiplier cela cette année. Il y aura un match au Havre, un autre au Mans. Il y a d'autres pistes : Valenciennes, peut-être Lille. Il y aura en tout six à sept délocalisations cette saison, Stade de France compris."  Des matchs de championnat en Normandie et dans le Nord, ce serait du jamais vu.

Les joueurs du Stade Français se congratulent après une victoire en demi-finale de l'Amlin Cup, devant des tribunes désertes, le 29 avril 2011.  (DAVID ROGERS / GETTY IMAGES)

Mais si l'alchimie du jeu, des mêlées rapides, des maillots criards, des petites équipes revanchardes et des stades pleins opère, on verra une belle saison. Et si le bouillant président de Toulon l'émaille de déclarations dont il a le secret, on ne va pas s'ennuyer.

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