France-Irlande : "Garder la tête froide dans les moments chauds", la nouvelle arme du XV de France
Victorieux d’un terrible combat, samedi, où ils ont vu les Irlandais revenir à un point après avoir mené (22-7), les Bleus ont su garder leurs nerfs pour rester invaincus et décrocher leur second succès du Tournoi.
Solidarité, caractère et sang-froid. S’il fallait résumer l’essence de la rencontre, puis des propos tenus par les Bleus, samedi, après leur victoire (30-24) face aux Irlandais, on ne pourrait pas user d’un trio de qualificatifs plus précis pour rendre compte de l’impression laissée par cette équipe. La même que celle qu’ils avaient laissée lors de leur succès historique face aux Blacks, en novembre.Tantôt brillants, tantôt maladroits, les protégés de Fabien Galthié semblent avoir une nouvelle marque de fabrique : la maladresse bien malvenue - qui pouvait leur coûter la victoire - est progressivement apprivoisée.
La force de l’expérience
Bousculé, le XV de France ne rompt pas. Mieux, à la faveur de nerfs d’acier, il engrange les succès de prestige. "C’est une équipe qui se construit sur le terrain par les résultats et les performances, les joueurs ont en eux un caractère fort, des ambitions. C’est un groupe qui a des convictions, de la fierté, de l’orgueil, il y a aussi une dimension collective très forte", soulignait le sélectionneur des Bleus après la rencontre pour expliquer cette mutation.
Face à l’Irlande, 3e nation mondiale, les premiers accrocs sont intervenus dès la 7e minute. À la suite d'un départ canon - un essai transformé d’Antoine Dupont et une pénalité de Melvyn Jaminet - et un prometteur 10-0, les Bleus ont vu leur avance s’effacer après une incompréhension sur le renvoi irlandais. Tandis que Jaminet et Penaud réfléchissaient à qui de toi ou moi devait récupérer le ballon, l’ailier Mack Hansen leur grillait la priorité pour filer à l’essai. Bilan ? 10-7 et presque tout à refaire.
Lorsqu’un joueur se trompe, il ne se sent pas en difficulté du fait de la grande force collective du groupe. L’important c’est de se relever en suivant. Cet état d’esprit enlève forcément un sentiment de pression.
Fabien Galthié, sélectionneur du XV de Franceen conférence de presse d'après match
Pas de quoi perturber les coéquipiers d’Antoine Dupont. "Perturbé, je ne pense pas que ça soit le mot, certes on a été en difficulté, mais on a réussi à rectifier le tir sans changer notre organisation. On a juste mis Anthony (Jelonch) dans la zone pour avoir plus de solidité. Ça reste des faits de jeu, mais qu’on devra évidemment rectifier car ce sont des points facilement donnés, que ce soit l’essai ou deux, trois turnovers", relatait le capitaine des Bleus après la rencontre.
L’art de savoir faire le dos rond
À l’image de Melvyn Jaminet, en partie fautif sur l’essai, bousculé dans les airs en début de partie, avant de réaliser une performance solide conclue par 20 points au pied (7/8), certains Bleus ont manqué des plaquages importants ou plombé des occasions par des en-avant sans pour autant sortir du match. Même le sacré trou d’air du retour des vestiaires n’a pas eu raison de leur sang-froid.
"On prend 14-0 mais on n'a pas trop d'inquiétudes", confiait le troisième-ligne centre et meilleur joueur de la rencontre Grégory Alldritt au micro de France 2 après le match. "Douté ? Pas vraiment. C’est sûr que ce n’est jamais bon de prendre des points, surtout qu’on avait mis l’accent sur le retour après la mi-temps, mais on est resté confiants, sereins. C’est la force du groupe de rester froid dans les moments chauds", appuyait son compatriote en troisième ligne François Cros.
Contre ces équipes-là, il faut accepter aussi d’avoir des temps faibles et réussir à limiter leur impact qui est parfois violent. Ça s’est passé contre les Blacks, ça s’est passé aujourd’hui. On a réussi à reprendre la main dans des conditions particulièrement difficiles physiquement, psychologiquement, stratégiquement.
Fabien Galthié, sélectionneur du XV de Franceen conférence de presse d'après match
Le match parfait n’existant pas, les Bleus, en équilibristes, sont en train d’apprendre à ne pas trop griller l’avance prise dans les temps forts, ou à éviter de prendre trop de retard dans leurs temps faibles. Question de point de vue.
Le rôle crucial du banc
Et pour mener à bien cette quête, qui nécessite une grande capacité d’adaptation, le banc se place comme un pilier stratégique. Chez les Bleus, on ne parle d’ailleurs pas de remplaçants, mais de finisseurs, preuve de l'importance des entrants. "On s'attendait à ce combat, on connaît les Irlandais et on a répondu présent à 23. Tout le monde a été énorme et cela s'est vu à la fin", résumait Grégory Alldritt.
Pour répondre au défi physique dans les rucks et rester dans l’avancée, les entrées de Romain Taofifenua et Thibaud Flament à la 53e, pour ne citer qu’eux, ont été précieuses. "Quand on est sur le banc, on essaie de s'approprier le match en discutant avec les autres, en analysant, on fait le point entre nous à la mi-temps aussi. L’idée, c’était de bien entrer, d’avoir un gros impact, de pouvoir apporter du jus, du gaz pour faire avancer l'équipe", racontait le deuxième-ligne du Stade Toulousain, Thibaud Flament.
L’entrée de Maxime Lucu à la mêlée (70e), pour un Antoine Dupont qui commençait à tirer la langue, destinée à "apporter une régulation différente", selon les mots de Fabien Galthié, a aussi été cruciale pour calmer le jeu en fin de rencontre et sécuriser le score. S’il reste seul invaincu, le XV de France compte bien réduire au maximum ses temps faibles et certaines maladresses pour espérer aller chercher un résultat en Ecosse. D’autant plus qu'il reste sur trois défaites lors de ses quatre derniers matchs face au XV du Chardon.
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