Angleterre-France : le rêve bleu, Danty dantesque, un XV de la Rose fané... Ce que l'on a aimé et moins aimé lors de la démonstration française à Twickenham
Le gazon de Twickenham n'est plus maudit. Dix-huit ans que les Bleus n'avaient plus gagné à Londres dans le cadre du Tournoi, cela commençait à faire tâche. Samedi 11 mars, les hommes de Galthié sont devenus la douzième équipe de France, depuis 1911, à s'imposer dans l'antre du XV de la Rose (10-53). Et de quelle manière ! Du genre de celle dont on parlera encore dans des décennies en se pourléchant les babines. Alors, certes, les contempteurs grinceront des dents en rappelant l'insigne faiblesse du XV de la Rose. Peut-être, mais la France, impériale comme rarement, y est sans doute pour beaucoup.
ON A AIME
Danty n'a pas menti
"Dis leur que je suis chaud", avait lancé Jonathan Danty à Fabien Galthié qui le prévenait que les journalistes allaient forcément l'interroger à son sujet. Il avait raison. Replacé au centre du jeu pour y apporter sa densité, le trois-quart n'a pas attendu une minute pour y gratter son premier ballon. Son engagement extrême lui coûtera certes une pénalité quelques instants plus tard mais, par la suite, le Rochelais n'aura de cesse de plaquer (82% de réussite), perforer (27 mètres gagnés) et de rogner (deux ballons récupérés) pendant plus d'une heure avant de sortir, contrat rempli.
Un temple conquis
L'Anglais est fier mais il est aussi connaisseur. Alors, quand les 82 000 spectateurs de Twickenham ont sportivement applaudi la sortie d'Antoine Dupont, on s'est dit que nos voisins avaient finalement bon goût et que le fair-play était, après tout, un mot d'origine britannique. Sept essais dans la musette et la plus grosse déculottée de l'histoire du XV de la Rose contre les "froggies" n'ont pas complètement éteint l'esprit du temple du rugby mondial. Il faut dire que le public aura assisté, en vrac, à une toile de maître Flament (deux essais), une démonstration de mouvement perpétuel et une orgie de bleu Klein. Bref, du grand art.
Ollivon-Alldritt, association de bienfaiteurs
On aurait pu ajouter François Cros, le dernier membre du trio de la troisième ligne qui n'a pas du tout démérité pour son retour en bleu, mais l'hydre à deux têtes composée de Charles Ollivon et Grégory Alldritt a régné sur terre comme dans les airs. Tous les deux un peu en dedans depuis le début du Tournoi, ils ont choisi le Crunch pour renaître définitivement. Avec 93 mètres parcourus ballon en main, le joueur du Stade rochelais n'échoue qu'à trois petit mètres de Thomas Ramos, meilleur performeur français dans ce domaine durant la rencontre. Le Toulonnais n'a pas à rougir de la comparaison avec, entre autres, 60 mètres cavalés, cinq placages assénés et deux touches gobées. Comme un symbole, c'est même Alldritt, s'arrachant de la nasse, qui a servi son partenaire pour le troisième essai tricolore, juste avant la mi-temps (40e).
ON N'A PAS AIME
Une peur fugace
Rien n'est éternel, et surtout pas une domination totale contre l'ennemi anglais. Vexée, la Rose a rappelé, le temps de dix minutes, qu'elle pouvait encore piquer. Privés de ballons durant cette période (75% de possession anglaise), les Bleus ont semblé momentanément égarés. La pluie so british semblait même venir à la rescousse de la Perfide Albion en faisant glisser le ballon des mains bleues et fuser les coups de pieds blancs. Les plus pessimistes pouvaient même craindre un réveil définitif de la bête blessée. Finalement, ce n'était qu'un petit sursaut.
Une Angleterre plus basse que terre
Le XV de France a marché sur l'eau, traversé la Manche et piétiné les Anglais. Comme rarement. Rarement également, le XV de la Rose aura paru aussi démuni face à son rival honni. Sans solution, sans plan B, sans individualité, hormis peut-être Marcus Smith pour tenter de faire bouger les lignes, les hommes de Steve Borthwick ont affiché au grand jour des lacunes qu'on ne pensait pas aussi criantes. Les treize ballons perdus (contre six aux Français) ou les 26 placages manqués (contre 19) sont autant d'entailles dans l'écorce d'un rugby anglais définitivement malade. Devant une telle non prestation, les Bleus ont-ils seulement osé leur dire "Sorry, good game" à la fin du match ?
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