Six nations 2024 : le flou avant de grands changements pour le XV de France au pays de Galles ?
C'est devenu un rituel à Marcoussis. Le lundi ou le mardi précédant les matchs des Bleus, il suffisait d'observer les chasubles à l'entraînement pour deviner la composition. En bleu, les futurs titulaires, en blanc, les finisseurs ou joueurs hors groupe. Alors, mardi 5 mars, lorsque des cadres comme Charles Ollivon ou Thomas Ramos ont enfilé un dossard blanc pour préparer le déplacement au pays de Galles dimanche 10 mars à 16 heures (sur France 2 et france.tv), avant-dernier match du Tournoi des six nations, les observateurs n'y ont pas compris grand-chose.
S'agissait-il d'une volonté de brouiller les pistes ? Cette méthode inédite en quatre ans traduisait-elle plutôt un tâtonnement de l'encadrement ? Sans doute un peu des deux. "D'habitude, nous aussi, on connaît la composition d'équipe dès le début de la semaine", a admis le co-entraîneur des avants Laurent Sempéré. Entre la blessure de Matthieu Jalibert, la suspension de Jonathan Danty, les méformes et les retours en pagaille, l'encadrement s'est en effet retrouvé plongé dans un grand casse-tête.
"On a adapté un peu la méthode et le fonctionnement car on avait besoin de voir l'état de forme [...] avant de prendre des choix définitifs, a poursuivi Sempéré. Habituellement, il y a un peu plus de lisibilité, même pour nous." Le lendemain, mercredi 6 mars, le système traditionnel a été remis en place. Il a permis d'y voir un peu plus clair et de constater l'envergure du chantier.
Un turnover inédit dans le Tournoi depuis 2015 ?
Huit changements, soit plus de la moitié de l'équipe, sont ainsi à prévoir par rapport au XV titulaire contre l'Italie (13-13), sauf blessure et autres imprévus de dernière minute. Ils doivent être entérinés lors de l'annonce officielle de la composition, vendredi à 11h45. Du jamais-vu entre deux matchs d'un même Tournoi depuis... 2015, à la fin de l'ère Philippe Saint-André. Sous sa mandature, Fabien Galthié avait changé au maximum cinq joueurs, lors d'une édition 2021 perturbée par un foyer de Covid-19 dans le groupe.
Le principal enseignement est que le sélectionneur ouvre la voie aux jeunes novices. Galthié martelait avant l'Italie que le rugby n'était "pas la Star Academy, pas Koh Lanta" pour justifier l'absence de "turnover massif" ? Deux semaines plus tard, il s'apprête pourtant à offrir une première titularisation internationale à quatre joueurs, ce qu'il n'a plus fait dans un même match du Tournoi depuis... sa prise de fonction, en janvier 2020, contre l'Angleterre.
Le baptême du feu d'Emmanuel Meafou était attendu. Il aura enfin lieu, puisque le colosse néonaturalisé est de retour de blessure en même temps que Grégory Alldritt, Louis Bielle-Biarrey et Thibaud Flament. Comme en club, les deux Toulousains formeront une deuxième ligne complémentaire et remplie de certitudes.
L'insouciance pour débloquer une attaque en panne ?
Les premières du centre Nicolas Depoortere (21 ans, Bordeaux-Bègles) et de l'arrière Léo Barré (21 ans, Stade Français) suscitent, elles, davantage de curiosité. D'abord parce qu'elles n'étaient pas forcément programmées sur ce Tournoi, les jeunes trois-quarts profitant des absences respectives de Danty et Jalibert – Thomas Ramos "montant" ainsi à l'ouverture. Mais aussi en raison de l'insouciance liée à leur style de jeu porté sur l'offensive, à l'image de l'essai de 80 m inscrit par Depoortere samedi face au Racing 92.
Entré lors des trois premiers matchs, Nolann Le Garrec (21 ans, Racing) a lui aussi "gagné le maillot", selon l'expression "galthiéienne" consacrée, et est pressenti pour débuter pour la première fois avec le 9 dans le dos. Pas toujours aidé par son pack mais jamais transcendant, Maxime Lucu ferait ainsi les frais de son émergence. Si ce changement se confirmait, il serait le premier – hors blessure – dans le Tournoi, à la charnière sous l'ère Galthié. Un signe de plus des tâtonnements inédits sur les dernières années.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.