Ecosse-France : Bielle-Biarrey et Moefana s'illustrent, Dumortier plafonne... Le baromètre des Bleus après leur premier test-match
Dans le livre collectif de la grande aventure des Bleus, diligenté par le superviseur en chef Fabien Galthié, cette défaite en Ecosse n'occupera que quelques pages insignifiantes. Tout juste aura-t-elle le mérite de combler quelques lignes vacantes, sans que son déroulé n'influe sur l'explicit du roman. Samedi 5 août, ce chapitre de transition à Murrayfield (défaite 21-25) a au moins permis au lecteur de se familiariser avec quelques protagonistes, dont les fortunes diverses de l'après-midi pourraient conditionner leur participation à la Coupe du monde, du 8 septembre au 28 octobre.
Le sélectionneur a beau dépeindre le couperet du 21 août – qui laissera neuf des 42 sélectionnés à quai – comme un "non-événement", il va, mécaniquement, devoir trancher. La large revue d'effectif opérée en Ecosse, où les habitués du quinze "premium" se comptaient sur les doigts d'une main, et le scénario renversant (21-3 en première période, 0-22 en deuxième), permettent en ce sens de tirer quelques enseignements.
Les ovnis d'hier sont désormais menacés
Lancés dans le grand bain, les néo-capés Louis Bielle-Biarrey et Emilien Gailleton ont prouvé qu'ils savaient nager. À tout juste 20 ans, l'ailier de Bordeaux-Bègles, décomplexé et auteur de deux franchissements, a marqué son premier essai international. La comparaison avec Ethan Dumortier, en délicatesse sur l'autre aile (4 petits mètres parcourus) et dépassé sur le premier essai écossais, est criante. Sa sortie pour Arthur Vincent (58e) est un indice que son crédit acquis cet hiver est, a minima, entamé. Ainsi va la logique d'un vivier pléthorique, où les "ovnis" d'hier peuvent eux-mêmes être supplantés par l'émergence d'autres pépites.
Au centre, où il y aura forcément un (des ?) déçus, Yoram Moefana court ce péril. Mais le jeune Bordelo-Béglais, utilisé en premier attaquant, s'est démené (7 courses, 41 mètres parcourus) et a nettement haussé son niveau de jeu. Son association avec Emilien Gailleton a plutôt fonctionné offensivement, et les deux ont rempli le contrat défensivement. Le phénomène palois (20 ans lui aussi), appliqué, a été impliqué sur le premier essai. Son repositionnement à l'aile en fin de match dit quelque chose de la confiance du staff en sa polyvalence.
Débutant en bleu mais biberonné au haut niveau par les épopées continentales de La Rochelle, le flanker Paul Boudehent a eu l'activité attendue et été l'avant le plus mobile (24 mètres parcourus). Il en va de même pour le sécateur Yoan Tanga (16 plaquages), aligné à ses côtés en troisième ligne. Neutre – comme souvent en Bleu – sans être dépassé, Sekou Macalou est dans la balance à ce poste, tout comme l'entrant Dylan Cretin. Leur sort dépendra en partie de l'état du genou du taulier Anthony Jelonch, victime d'une rupture des ligaments croisés lors du dernier Tournoi.
Galthié, le malade imaginaire
Sipili Falatea a, lui, terminé sa convalescence après son entorse du genou. Mais le pilier droit bordelo-béglais, entré à la 44e, a été pénalisé deux fois et n'a pas apporté le "punch" attendu des "finisseurs". Le titulaire du poste, Demba Bamba, a fait meilleure figure, gagnant des collisions et tenant la cadence en mêlée. Sa sortie pour une entorse de la cheville – qualifiée de "bénigne" par Galthié – ne devrait pas compromettre ses chances, à un poste où la hiérarchie est ouverte pour une place sur le banc, au relais de l'intouchable Uini Atonio.
Relancé à l'arrière et capitaine du jour, Brice Dulin a été appliqué. Les diagonales de son pied gauche ont été assurées, et le Rochelais s'est appliqué à (bien) défendre, exception faite d'un plaquage manqué sur l'essai refusé à Blair Kinghorn (60e). Sans doute restreint par les consignes du staff, il s'est peu illustré offensivement, manquant d'enjoliver sa prestation convenable d'un grain de folie. A un poste où il est dans un rôle de chasseur, derrière les installés et plus jeunes Thomas Ramos et Melvyn Jaminet, son cas reste précaire.
La revanche contre l'Ecosse, samedi à Saint-Etienne, et la réception des Fidji à Nantes, le 19 août, adouciront les souffrances du crâne du patient Galthié, que l'on imagine empli de migraines avant de trancher pour de bon. "Pourquoi mal à la tête ? Au contraire, ça nous met en joie quand les joueurs performent, a-t-il tout de même rassuré. On est sur une recherche de performance collective. Ce match nous permet de grandir." Dans cette quête de vécu commun, le nouveau turnover - dont on ignore l'étendue - permettra aux Bleus, samedi, de ne pas repartir d'une page blanche.
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