Coupe du monde de rugby : Johan Deysel, qui a blessé Antoine Dupont, victime de nombreuses insultes après le match
Traité de tous les noms... et même soupçonné de l'avoir fait volontairement. Le capitaine du XV de la Namibie Johan Deysel est, depuis jeudi 21 septembre, dans le viseur de nombreux internautes, et notamment les utilisateurs de X (anciennement Twitter) et d'Instagram. Deysel a présenté ses excuses à Antoine Dupont et il l'assure : "Je ne voulais pas lui faire de mal". Sans éteindre les critiques.
Johan Deysel, qui fêtera ses 32 ans le 26 septembre, a percuté le meneur de jeu Antoine Dupont au tout début de la seconde mi-temps. Le capitaine des Bleus, touché au niveau du visage sur un coup de tête involontaire n'est ensuite pas revenu sur le terrain et a été conduit à l'hôpital. Le diagnostic est finalement tombé vendredi matin : Antoine Dupont souffre d'une fracture maxillo-zygomatique, c'est-à-dire l'os de la pommette, menaçant donc sa présence pour la suite de la compétition.
"Attentat"
Depuis cette 46e minute, le capitaine de la Namibie – qui a écopé d'un carton rouge pour ce plaquage raté – est visé par un déferlement de messages haineux. Parmi les différents posts, on peut voir pêle-mêle des commentaires insultants, dénonçant un "attentat" sur la star des Bleus, le qualifiant de "boucher", d'avoir "une mentalité de perdant"... Certains, analyses et ralentis vidéo à l'appui, tentent de prouver que son geste est intentionnel, sans vraiment convaincre toutefois les supporters.
Face à cette violence, Johan Deysel a placé son compte Instagram en "privé", ne permettant plus à n'importe quel utilisateur de déposer un commentaire sur ses photos.
Une "messe" pour Antoine Dupont
Comme souvent sur les réseaux sociaux, face à ce côté sombre, des dizaines de messages dénoncent cette haine en ligne, mettant en avant la méconnaissance du rugby et des faits de jeux particulièrement violents qui peuvent intervenir lors d'un match.
Certains, eux, misent sur l'humour : rapidement, après la sortie d'Antoine Dupont, des internautes en appellent au pape François pour qu'il célèbre une "messe urbi et orbi...tale", pour sa venue à Marseille, sur cette même pelouse du stade Vélodrome.
Le "plus Français" des Namibiens
D'autres tiennent également à souligner que Johan Deysel n'est autre que le "plus Français" des Namibiens : il a joué pendant cinq ans à Colomiers (Haute-Garonne) en Pro D2 entre 2018 et 2023, où il a été coéquipier de Mathis Galthié, demi de mêlée et fils du coach des Bleus. Interrogé par l'AFP, ce "gourmand de baguettes" confie avoir passé "cinq années incroyables" dans ce "pays spécial", qu'est la France. "J'ai eu mes deux enfants ici et les gens sont vraiment très amicaux, généreux, j'y reviendrai toujours avec plaisir", confiait-il alors, se remémorant sa vie paisible à Pibrac, banlieue résidentielle de Toulouse.
Si, côté jeu, il est présenté comme "très, très dur au contact", par des membres du staff de Colomiers, en dehors du terrain, il est "Très gentil avec tout le monde, très calme, très posé. C'est quelqu'un qui transpire la bienveillance", résume Yann Kergourlay, manager du club de la ville en charge du recrutement.
"Ce n'est pas intentionnel, c'est arrivé très vite. Dupont n'est pas très grand, Johan n'est pas un joueur méchant, il n'est pas habitué à prendre des cartons, c'est un très bon défenseur. Ce n'est pas injuste, mais c'est dommage que ça tombe sur lui, le ciment de notre équipe. C'était un accident malheureux", défend, pour sa part, Allister Coetzee, le sélectionneur de la Namibie, après la défaite 96-0 contre la France.
En attendant, le rugbyman français demeure dans le groupe des Bleus, mais aucune décision définitive le concernant ne sera prise par le staff de l'Équipe de France avant au moins 48 heures, selon les informations de franceinfo. On ignore donc si le capitaine pourra rejouer durant le Mondial, qui doit se terminer le 28 octobre. "Selon les dégâts, on va trouver des choses qui vont guérir plus vite que d'autres, mais pour ça il faut avoir le diagnostic très précis", soutient Max Lafargue. Ce médecin de la Ligue nationale de rugby indique que si une "arcade zygomatique peut récupérer en quatre semaines, une fracture plus complexe de l'os molaire, avec des déviations et éventuellement des complications qui sont d'ordre neurologiques, peut durer beaucoup plus longtemps".
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