France-Afrique du Sud : les avants français passent le révélateur springbok avec brio
Dans un match particulièrement rugueux, le XV de France s'est mis au diapason de l'Afrique du Sud, pourtant référence en matière de combat, pour l'emporter (30-26) à Marseille, samedi soir.
"Ça va vraiment ferrailler", prévenait Thibaud Flament quelques jours avant la victoire des Bleus contre l'Afrique du Sud (30-26), samedi 12 novembre, à Marseille. Sa prédiction tombait peut-être sous le sens, mais le deuxième ligne au casque gris ne s'est pas trompé. Le Toulousain a été aux premières loges pour jauger des duels à l'intensité extrême, jusqu'à en faire lui-même les frais en sortant sur commotion dès la 32e minute. "Le chaos", a avoué après coup Charles Ollivon au micro de France Télévisions pour décrire ce combat. "Un peu la guerre sur le terrain", pour Cameron Woki.
Avant de sortir, Flament a eu le temps d'asséner six plaquages - le meilleur total français du soir rapporté au nombre de minutes passées sur le terrain. Son activité a symbolisé un match rugueux, dont l'issue s'est essentiellement décidée devant. A ce jeu, les Bleus ont frappé fort d'entrée. Trois touches volées et les 117 kilos du colosse Etzebeth refoulés par Marchand et Baille, le ton était donné. L'expulsion du flanker springbok Du Toit, pour un déblayage dangereux sur Danty (11e), a traduit une certaine perte de nerfs sud-africaine.
De la casse compensée par le banc
Elle a surtout été le reflet d'une partie aux chocs rugueux sinon violents, qui ont laissé plusieurs joueurs sur le carreau dès l'entame. Outre Danty et Flament, Uini Atonio (29e) et Cyril Baille (33e) ont fait les frais d'un premier acte au cours duquel il valait mieux ne pas se défiler. Le centre rochelais souffre d'une fracture du plancher orbital, quand le pilier toulousain, touché à l'aine, pourrait se diriger vers "une opération" très rapidement, d'après Fabien Galthié.
"On ne pensait pas qu'on aurait autant de blessés", a reconnu Anthony Jelonch à la fin du match. Sekou Macalou, Romain Taofifenua, Sipili Falatea et autre Reda Wardi, tous entrés prématurément, ont répondu présent. Rejoindre ce combat en cours de route sans y laisser des plumes n'était pas chose aisée. "Ce n'était pas un match violent, mais un match physique", a pourtant relativisé le capitaine sud-africain Siya Kolisi à l'issue de la rencontre.
"World Rugby fait du bon travail pour protéger les joueurs, nous pouvons jouer aussi dur que possible, dans le respect des règles.
Siya Kolisi, capitaine de l'Afrique du suden conférence de presse
Il est tout de même rare d'assister à quatre remplacements sur protocole commotion en une demi-heure. Le deuxième ligne Woki a, pour sa part, vu "des excès d'engagement des deux côtés". Au détour de cette déclaration, Kolisi a salué le "pack solide" des Français. L'auteur du premier essai springbok ne s'y est pas trompé. Pourtant maîtres des longues séquences, les Sud-Africains ont perdu 12 ballons, dont une partie sont à mettre au crédit de la justesse des plaqueurs français. "C'était décousu, il y a eu beaucoup de turnovers, mais on a tenu le bras de fer", s'est réjoui Ollivon.
Devant, les Bleus ont rivalisé sur toute la ligne
Puisque les franchissements se sont comptés sur les doigts d'une main, le salut est forcément venu des avants. Avant de rejoindre la longue troupe des invalides, le gaucher Baille a passé la ligne une première fois (21e), avant d'être imité par son pendant droit Falatea (74e). Sevrés de ballons mais très solidaires, les trois-quarts - Gaël Fickou et Yoram Moefana en prime - ont joué le jeu. Le centre bordelo-béglais a ainsi gratté le ballon de la gagne sur la sirène.
Dans un match sans réel fil rouge, avec l'âpreté pour seule constante, les Français n'ont pas outrageusement dominé. Ils sont même passés proches de la correctionnelle en début de second acte, encaissant un 0-10 après l'expulsion d'Antoine Dupont (48e).
Sublimés par une envie folle qui a mis les Springboks à terre en fin de match, ces Bleus qui voulaient gagner même "n'importe comment" - dixit Galthié - ont rivalisé sur toute la ligne. Les pourcentages de plaquages réussis (87%) ou de rucks (93%) et mauls (100%) gagnés, étrangement analogues entre Français et Sud-Africains, vont dans ce sens. "On n'avait jamais joué contre des avants aussi costauds", a reconnu Anthony Jelonch à la fin du match. L'infatigable troisième ligne (10 plaquages, plus haut total de la rencontre), désigné homme du match, peut se targuer, comme ses coéquipiers, d'avoir relevé le défi avec brio.
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