XV de France : à l’heure du bilan chez les Bleues, la jeunesse s’affirme
Dans cette tournée d’automne, les Bleues d’Annick Hayraud ont cartonné face à l’Afrique du Sud et lors de leur double confrontation contre la Nouvelle-Zélande.
Dix-sept essais pour trois victoires, dont deux de prestige face à la Nouvelle-Zélande. Les Bleues voulaient marquer les esprits dans cette tournée d’automne et s’affirmer comme une équipe prétendante au sacre mondial en 2022, c’est chose faite. Car après quatre défaites de rang contre les Black Ferns, et trois ans après leur premier succès sur cette référence du rugby mondial féminin, elles ont enchaîné une quatrième victoire consécutive. Un vrai cap est franchi.
Surtout, le staff d’Annick Hayraud est parvenu à lancer une flopée de jeunes joueuses qui se sont parfaitement fondues dans le jeu français. Dans le lot, certaines ont particulièrement brillé et s’imposent déjà comme de futures titulaires. Une richesse de choix forcément idéale à quelques mois de la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande.
Des révélations à l’avant comme à l’arrière
Cinq joueuses se sont particulièrement illustrées. Deux d’entre-elles ont d’ailleurs vécu leurs premières titularisations avec le XV de France lors de la victoire éclatante face à l’Afrique du Sud en ouverture de tournée : la pilier gauche Coco Lindelauf (20 ans) et la trois quart polyvalente Chloé Jacquet (19 ans) championne olympique à 7 à Tokyo. "Coco vient du pôle donc elle à l’habitude de s’entraîner avec nous. C’est quelqu’un de précieux sur les ballons portés, elle tient bien en mêlée, elle est jeune donc elle a encore de axes de progression, mais elle fait partie de cette jeunesse énergique, souriante, qui nous fait déjà beaucoup de bien", présente la doyenne des Bleues, Safi N’Diaye. Preuve en est que la joueuse de Blagnac a enchainé trois titularisations pendant cette tournée.
De son côté, Chloé Jacquet, titulaire au centre, remplaçante à l’aile, puis titulaire à l’arrière a planté un essai et montré toute la "polyvalence" que souligne son sélectionneur de France 7, David Courteix. "Chloé a une grande capacité d’adaptation du fait de sa culture rugby. Elle a commencé très tôt (5 ans). Elle perçoit très bien les espaces, elle a une grande capacité à changer de rythme, un bon pied gauche et un sens tactique très aiguë. Au début, elle se frustrait quand elle ne réussissait pas, mais elle a compris que les échecs servaient à progresser et c’est l’essentiel", appuie-t-il.
"Chloé Jacquet et Emilie Boulard sont de formidables traits d’union entre le 7 et le 15. Elles représentent l’avenir du rugby français et sont loin d’exploiter tout leur potentiel."
David Courteix, manager de l’équipe de France féminine de rugby à 7à franceinfo : sport
Emilie Boulard, 22 ans, n’avait que trois petites sélections avant la tournée, ce qui lui avait d’ores et déjà suffi pour marquer les esprits et reléguer Jessy Trémoulière, nommée meilleure joueuse du monde en 2018 et de la décennie en 2020, sur le banc. Titulaire par deux fois à l’arrière, elle sort de cette tournée avec un essai et des performances où elle a marqué par ses cannes et sa disponibilité. "Emilie a moins de rugby en amont que Chloé, mais c’est aussi un grand espoir de notre rugby. Elle est très observatrice et dispose d’une faculté d’apprentissage impressionnante. Elle sent le jeu, quand il faut accélérer", poursuit David Courteix.
Un vivier qui prouve l'essort du rugby féminin
Axelle Berthoumieux (21 ans, 4 sélections avant la tournée) en troisième ligne, que Safi N’Diaye décrit comme une "excellente plaqueuse", "très mobile et disponible", et Marie-Aurélie Castel (21 ans, 1 sélection avant la tournée) qui a signé un doublé au centre ont également marqué des points. Une éclosion de talents dans un court laps de temps qui s’explique avant tout par la progression du rugby féminin en France.
"Désormais, les filles s’exposent au rugby plus tôt qu’avant. Forcément, des choses qui étaient déficientes dans le rugby féminin comme le jeu au pied, la technique, le sens tactique, sont en train de disparaître, analyse David Courteix. Avant, quand les garçons arrivaient en sénior, ils avaient près de 1000 heures de rugby dans les pattes contre 500 en moyenne pour les filles. Ça fait une sacrée différence. Maintenant, que la plupart des filles commencent dès l’école de rugby comme les garçons, ça change beaucoup de choses."
"La plupart de ces filles ont commencé le rugby avec les garçons dès leur 4 ans. Elles arrivent en sélection avec un vécu que notre génération n’avait pas à leur âge. C’est un régal de jouer avec elles et d'être témoin de cette évolution."
Safi N’Diaye, deuxième ou troisième ligne centre du XV de Franceà franceinfo : sport
Pour David Courteix, il est néanmoins important que le rugby féminin garde une de ses spécificités qui fait sa richesse : "Il y a une vraie culture du multisport. Celles qui commencent le rugby très tôt, si elles sont disposées à pratiquer d’autres activités, c’est important de les encourager à le faire. Le rugby est un sport chaotique qui demande une grande capacité d’adaptation. Plus tu as exploré des motricités différentes, des perceptions différentes selon les sports, mieux tu seras à même de réagir sur le terrain et d’être performante."
Ce qui est certain, c’est que l’équipe de France n’a peut-être jamais été aussi complète. "C’est l’une de nos forces désormais, quand une joueuse sort, le niveau de l’équipe ne diminue pas parce que le vivier s’est agrandi. Pouvoir modifier l’équipe sans que le niveau diminue, c’est l’une des choses qui fait la différence dans les grands matchs et les grandes compétitions", confiait Safi N’Diaye avant le troisième test match. Et au regard des étoiles aperçues dans les yeux des petites filles croisées dans les tribunes de la tournée, il est certain que Safi N'Diaye et ses coéquipières ont inspiré des vocations. À moins d'un an du Mondial, les signaux sont au vert pour les Bleues.
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