XV de France : le Japon, un adversaire inédit pour une tournée d'été des Bleus
Les Bleus disputent leur premier test-match, samedi à Aichi, contre les Japonais.
"Le Japon a beaucoup plus d'images de nos matchs que nous d'eux". La phrase est signée Thomas Lavault, l'un des dix-sept néophytes du groupe du XV de France pour cette tournée d'été de deux test-matchs au pays du Soleil Levant, dont le premier a lieu samedi 2 juillet (8 heures). Personne n'en voudra au deuxième-ligne rochelais d'avoir perdu la trace des joueurs nippons. Car après avoir battu l'Afrique du Sud lors de la Coupe du monde 2015, puis dominé l'Irlande et l'Ecosse lors de l'édition 2019, le Japon a été perturbé par le Covid-19.
Depuis son quart de finale au Mondial 2019 à la maison, la sélection n'a disputé que dix petits matchs, contre vingt-cinq pour les Bleus. Il est, dès lors, difficile de jauger la valeur d'une équipe dont le quotidien est sans cesse chamboulé par le virus. "L'un des plus grands défis auxquels j'ai été confronté est la pandémie", a d'ailleurs déclaré le sélectionneur nippon, Jamie Joseph.
Les Brave Blossoms ont été privés de rencontres internationales pendant deux ans, de la fin du Mondial à un match chez les Lions Britanniques en juin 2021. "Nous sommes clairement en retard en termes de développement", a synthétisé le sélectionneur. "Ils n'ont pas beaucoup joué et ça donne peut-être un avis péjoratif mais il y a beaucoup de qualité dans cette équipe rugbystiquement, physiquement", s'est méfié Charles Ollivon auprès de l'AFP.
Trois victoires en dix matchs depuis le Mondial
Le Japon a retrouvé un rythme convenable en 2021. Suffisant pour faire vaciller un navire bleu remanié, mais motivé ? "Quand on regarde l'équipe du Japon, elle nous inspire de la crainte", a respectueusement rappelé l'entraîneur des avants William Servat. Depuis la fin de son trou noir, la sélection japonaise a remporté trois de ses dix matchs. Des succès acquis aisément mais contre l'Uruguay et le Portugal, des nations secondaires.
Lorsqu'ils se sont frottés à un adversaire de la trempe des Bleus, les Brave Blossoms ne se sont pas défilés. Ils ont même causé des soucis à l'Australie (23-32), à l'Ecosse (20-29) et à l'Irlande (31-39), sans jamais s'imposer. "Ils étaient très proches du score jusqu'à la fin, ce n'est pas pour rien", a prévenu Ollivon. Ce fameux "plafond de verre" pour battre de grandes nations, les joueurs de Jamie Joseph l'ont pourtant brisé plus d'une fois. Au Mondial 2019, ils étaient sortis en tête d'une poule comportant, justement, les XV du Chardon et du Trèfle. Avant de donner quelques sueurs froides aux futurs champions du monde sud-africains.
"Il y a quelques années, le Japon était un peu en dessous en termes de niveau, mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas", a loué Servat. La réception de la France pour la traditionnelle tournée d'été récompense, en ce sens, une progression menant les Japonais dans le Top 10 du classement Word Rugby. Il n'est pas non plus improbable de les imaginer une nouvelle fois en quarts à l'automne 2023. Leur poule, avec notamment l'Angleterre, l'Argentine et les Samoa, est tout sauf inabordable.
Un nouvel adversaire de premier plan dans une offre estivale limitée
Pour les Bleus, ces tests ne sont pas non plus dénués d'intérêt, à quatorze mois de la Coupe du monde à domicile. Ils découlent même d'une certaine logique. La bande à Galthié a bourlingué en Australie l'été dernier, accueilli la Nouvelle-Zélande en novembre et remettra le couvert contre les Sud-Africains cet automne. Affronter le Japon revient ainsi à boucler un tour des dix meilleures nations avant le Mondial.
D'autant que, dans une planète rugby à l'offre limitée, les cadors du Sud sont déjà occupés. Les Blacks entament une série de tests contre l'Irlande, les Wallabies se frottent à l'Angleterre, les Springboks reçoivent le pays de Galles, et les Pumas argentins défient l'Ecosse.
"Cette tournée s'est décidée lors des accords de San Francisco en 2017", se remémore pour Le Parisien Serge Simon, vice-président de la Fédération. Quelques mois plus tard, les Japonais décrochaient le nul contre des Bleus calamiteux (23-23), scellant le sort de Guy Novès et prouvant que la sélection asiatique pouvait rivaliser. À l'issue de ces deux test-matchs de juillet, la France retrouvera le Japon en novembre et l'aura affronté quatre fois en cinq ans. Soit une de plus que sur les quarante dernières années.
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