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Super Ligue : "Un projet cynique", porté par "la cupidité" de certains clubs, les réactions affluent avant même l'annonce officielle

Avant même l’annonce officielle de la création d’une Super Ligue européenne, plusieurs présidents de fédérations ont réagi, ainsi qu'Emmanuel Macron, dénonçant un manque de solidarité de la part des clubs concernés.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
L'UEFA et plusieurs fédérations ont dénoncé la Super Ligue dans un communiqué commun.  (FABRICE COFFRINI / AFP)

Alors qu’une douzaine de clubs européens ont annoncé la création d’une Super Ligue dimanche 18 avril, les réactions défavorables à cette compétition fermée affluent. Les fédérations anglaises, italiennes et espagnoles, ainsi que l’UEFA, ont réagi dans un communiqué commun. L’Elysée a également exprimé son opposition au projet. Tour d'horizon d'une levée de boucliers face à cette compétition fermée mise sur pied par quelques-uns des plus riches clubs d'Europe.

Un projet "cynique". Dans une déclaration commune, avec l'UEFA, plusieurs fédérations et ligues européennes réitèrent leur union pour mettre fin à ce projet "fondé sur l’intérêt particulier de quelques clubs". Elles comptent "étudier toutes les mesures possibles aux niveaux judiciaire et sportif pour éviter que le projet aboutisse". Selon ces organisations, "le foot est basé sur des compétitions ouvertes et le mérite sportif. Il ne peut en être autrement". L’UEFA rappelle que "les clubs concernés seront bannis de toute compétition nationale, européenne ou mondiale, et leurs joueurs ne pourront pas représenter leur équipe nationale".

Dans des mots durs, Javier Tebas, le président de la Liga, a dénoncé sur Twitter les "gourous de la Super Ligue Power Point, qui sortent de l’obscurité du bar à 5h du matin, enivrés d’égoïsme et de manque de solidarité".

Plus mesuré, Christian Seifert, le patron du football allemand, où les clubs sont pour le moment en retrait du projet, souligne que "ce serait irresponsable d’endommager de façon irréparable les ligues nationales". La fédération anglaise s’est également fendue d’un communiqué dans lequel elle rappelle que "les fans de n’importe quel club anglais et européen rêvent que leur équipe atteigne le plus haut niveau et affronte les meilleurs. Nous croyons que ce concept de Super Ligue détruirait ce rêve".

Ferguson prend le contre-pied de United

Alors que Manchester United fait partie des six clubs présents dans cette Super Ligue, son coach emblématique, Sir Alex Ferguson, a pris position contre ce projet : “Parler d'une Super League, c'est s'éloigner de 70 ans du football européen. À mon époque, à United, nous avons disputé quatre finales de la Ligue des champions et elles ont toujours été les soirées les plus spéciales. Les fans du monde entier adorent la compétition telle qu'elle est.”

La Fifa "ne peut que désapprouver"

De son côté, la Fifa a elle aussi réagi dans la nuit de lundi. La fédération internationale a indiqué qu'elle ne pouvait que "désapprouver une Ligue européenne fermée et dissidente hors des structures du football""La Fifa veut clarifier qu'elle se positionne fermement en faveur de la solidarité dans le football et d'un modèle de redistribution équitable", écrit dans un communiqué l'instance basée à Zurich. "La Fifa se positionne toujours en faveur de l'unité dans le football mondial et appelle toutes les parties impliquées dans des discussions houleuses à engager un dialogue calme, constructif et équilibré pour le bien de ce jeu."

Emmanuel Macron se félicite du refus des clubs français

En France, où aucun club ne signerait l'accord de création de cette Super Ligue, l’Elysée a fait savoir auprès de RMC Sport que "le président de la République salue la position des clubs français de refuser de participer à un projet de Super Ligue européenne de football, menaçant le principe de solidarité et le mérite sportif. L’Etat Français appuiera toutes les démarches de la LFP, de la FFF, l’UEFA, et de la FIFA pour protéger l’intégrité des compétitions fédérales qu’elles soient nationales ou européennes". Dans le sillage de l'Elysée, la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu a fustigé "un système sans critère sportif d'accession qui réunit un club VIP de quelques puissants" et qui "représente non seulement la négation du mérite sportif mais aussi un véritable danger pour le monde du football."

Les instances du football français se sont mises au diapason pour s’opposer fermement au projet de Super Ligue européenne dans une communiqué publié ce dimanche. La LFP et la FFF dénoncent “les rêves hégémoniques d’une oligarchie auront pour conséquence la disparition d’un système européen qui a permis au football un développement sans précédent sur le continent européen.” Elles s’inquiètent également pour le ruissellement jusqu’aux clubs amateurs : “le socle des championnats domestiques contribue au développement de tout le football. En France, au travers des mécanismes de solidarité, le football professionnel irrigue tout le sport et le football amateur.”

Enfin, les supporters affichent également leur défiance à l'égard de la Super Ligue. Dans un communiqué du groupe représentant les fans de football européens, ils dénoncent la "cupidité" des clubs porteurs du projet, et affirment que "cette compétition fermée serait le dernier clou du cercueil du football européen, renonçant à tout ce qui l’a rendu populaire et prospère".

"Nous devons défendre un modèle européen"

Par la voix d'un de ses commissaires, l'Union Européenne dénonce également ce projet de Super Ligue. "Nous devons défendre un modèle européen de sport fondé sur des valeurs, sur la diversité et l'inclusion. Il n'est pas question de le réserver aux quelques clubs riches et puissants qui veulent rompre les liens" avec les fédérations nationales, a écrit ce haut responsable de l'exécutif européen, Margaritis Schinas, commissaire en charge de la Promotion du Mode de vie européen (Culture, Education).

Le président du conseil d'administration du Borussia Dortmund, Hans-Joachim Watzke, a pris position sur la discussion sur l'introduction d'une Super League européenne. "Les membres du conseil d'administration de l'European Club Association (ECA) se sont réunis pour une conférence virtuelle dimanche soir et ont confirmé que la décision du conseil d'administration de vendredi dernier est toujours valable", a déclaré Watzke et a ajouté: "Cette décision signifie que les clubs veulent pour mettre en œuvre la réforme prévue de l'UEFA Champions League. Les membres du conseil d'administration de la CEA étaient clairement d'avis que les projets de création d'une Super League avaient été rejetés." Watzke souligne également que "les deux clubs allemands qui sont représentés au conseil d'administration de l'ECA, le FC Bayern Munich et le Borussia Dortmund, ont représenté des points de vue à 100% cohérents dans toutes les discussions".

L’UEFA, qui devait annoncer sa réforme de la Ligue des Champions, se voit prise de court par l’annonce de la Super Ligue. Son comité exécutif doit se réunir ce lundi 19 avril.

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