Affaire Jannik Sinner : quatre questions sur le clostébol et les produits dopants

Le joueur italien de tennis a été contrôlé au clostébol, qui fait partie d'une longue liste de produits interdits. Une contamination qui "n'était pas intentionnelle", selon le numéro 1 mondial.
Article rédigé par franceinfo
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Le joueur de tennis italien Jannik Sinner lors d'un match à Wimbledon, le 9 juillet 2024. (HENRY NICHOLLS / AFP)

Un numéro 1 mondial dans la tourmente. Le joueur de tennis Jannik Sinner a été testé positif en mars au clostébol, une substance interdite par l'Agence mondiale antidopage (AMA). L'Italien a par la suite été blanchi par un tribunal indépendant qui reconnaît qu'il s'agissait d'une contamination involontaire.

Mais le numéro 1 mondial, vainqueur de l'Open d'Australie en début d'année et l'un des grands favoris de l'US Open, n'en a peut-être pas tout à fait terminé avec cette affaire qui écorne son image. De nombreux joueurs du circuit et des personnalités du monde du tennis n'ont pas tardé à réagir, exprimant leur stupéfaction ou leur colère face à cette décision.

1Qu'est-ce que le clostébol ?

Le clostébol figure sur la longue liste des produits interdits pour les sportifs par l'AMA. Elle recense plusieurs centaines de substances. Le clostébol est classé par l'AMA dans les "stéroïdes anabolisants androgènes", soit une longue liste de dérivés de la testostérone susceptibles de stimuler la croissance musculaire. Le clostébol n'étant pas naturellement produit par l'organisme, aucune notion de seuil n'entre en compte. Il suffit de détecter sa présence pour qu'un test antidopage soit considéré comme positif. Les autorités antidopages n'expliquent pas non plus quelle quantité aurait un effet significatif sur la performance.

2 Quels sont les autres produits interdits pour les sportifs ?

Parmi les autres produits interdits par l'Agence mondiale antidopage, on retrouve entre autres des comprimés qui modifient les hormones ou encore certains diurétiques. Il y a aussi des produits interdits spécifiquement pendant les compétitions Des produits, comme ceux cités au-dessus, sont interdits tout le temps. D'autres le sont uniquement lors des tournois. On y trouve des produits assez courants comme la cortisone par exemple. Le cannabis et la plupart des narcotiques sont aussi interdits, alors que certains dérivés, comme la morphine, peuvent être utilisés pour soulager la douleur après une blessure.

3 La différence entre dopage et contamination involontaire est-elle bien établie ?

La limite entre dopage et contamination involontaire est parfois fine, se défendent les quelques sportifs contrôlés positifs. Ils sont très peu nombreux, moins de 1% des contrôles antidopage. Ces sportifs mettent souvent en avant une contamination involontaire. Par exemple, certains anti-inflammatoires interdits sont présents dans des sprays pour le nez pour soigner un rhume. Un excès de salbutamol, c'est-à-dire de la ventoline, est aussi sanctionné. Plusieurs sportifs mettent également en cause les compléments alimentaires ou les notices ne mentionnent pas toujours clairement toutes les substances.

"Scientifiquement, il faut absolument qu'on aille beaucoup plus loin pour distinguer contamination et dopage", a déclaré Valérie Fourneyron, présidente de l'Agence de contrôle internationale, sur franceinfo. "Nous manquons à l'évidence d'études scientifiques suffisantes pour pouvoir placer dans un camp ou dans l'autre l'ensemble de ces cas qui semblent se multiplier", ajoute la présidente de l'Agence de contrôle internationale et ancienne ministre des Sports, "et qui peuvent être, excusez-moi, mais de bonnes excuses".

4 D'autres affaires de sportifs contaminés "à leur insu" existent-elles ?

L'Italien a expliqué que sa contamination "n'était pas intentionnelle" et serait liée à l'utilisation d'un spray pour soigner une blessure. Une ligne de défense qui rappelle celle de Richard Gasquet, contrôlé positif à la cocaïne, avant d'être blanchi par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Le tennisman français expliquait n'avoir pas pris directement de drogue, mais avoir embrassé une femme qui venait d'en prendre.

En 2020, le tennisman Robert Farah, numéro 1 mondial de double à l'époque, avait été blanchi après un contrôle antidopage positif à un anabolisant. La Fédération internationale de tennis (ITF) a estimé que cette contamination était due à la viande consommée par le joueur, venue d'Amérique du Sud où les bovins reçoivent des substances pour stimuler leur croissance. Plus récemment, la joueuse de tennis Simona Halep, ancienne numéro 1 mondial, a réussi à prouver devant le TAS que le roxadustat, proche de l'EPO, identifié dans son contrôle, émanait d'un complément alimentaire. Elle a vu sa suspension réduite de quatre ans à neuf mois.

D'autres dossiers similaires sont toujours en cours, on peut citer le champion du monde 2018 Paul Pogba, suspendu quatre ans pour dopage. Il a fait appel devant le TAS, en invoquant lui aussi une contamination involontaire à cause de compléments alimentaires.

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