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Masters 1000 de Paris-Bercy : Novak Djokovic, assigné à résilience

Monstre de volonté, Novak Djokovic a surmonté son rêve brisé de Grand Chelem pour prendre sa revanche sur Daniil Medvedev, samedi, à Paris. 

Article rédigé par Julien Lamotte, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le soulagement de Novak Djokovic après sa victoire contre Daniil Medvedev en finale du Masters 1000 de Paris-Bercy, le 7 novembre.  (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

 "Je ne passe pas mes journées à me morfondre parce que je n'ai pas fait le Grand Chelem cette année. Je suis très soulagé que les tournois du Grand Chelem de la saison soient passés, parce que j'ai ressenti une pression phénoménale, comme jamais dans ma vie". En remportant la finale du Masters 1000 de Paris-Bercy aux dépens de Daniil Medvedev, dimanche 7 novembre, Novak Djokovic a remporté plus qu'un match. Il a aussi montré à la terre entière ce qui fait de lui un champion exceptionnel : une résilience hors du commun.

Le choc avait été terrible. Imaginez. Un match, une victoire, et Novak Djokovic réalisait l'un des plus grands exploits de l'histoire du tennis, et même du sport. A savoir, le Graal absolu, le Grand Chelem calendaire, que seul Rod Laver avait réussi à conquérir en 1969. Un match. Un simple match. Or, en finale de l'US Open, dernière marche pour boucler la boucle, il n'y en a même pas eu. Ou alors un ersatz, le Serbe étant totalement rongé par la pression. Comme la rouille, celle-ci s'était attaquée à chaque fibre de son être et l'avait figé sur place. Mais ce serait faire offense au numéro 1 mondial d'affirmer qu'il avait succombé à une simple trouille. En face, Medvedev avait complètement "Daniilé" la volonté du Belgradois. 

Balayé en trois set secs (6-4, 6-4, 6-4), en pleurs, le Djoker voyait ses rêves s'effondrer. Brutalement. A la mesure des espoirs qu'il avait mis dans cette quête que beaucoup pensaient impossible. Déjà, son échec aux Jeux Olympiques de Tokyo (éliminé en demi-finale par Zverev) avait mis un petit coup de canif dans son orgueil démesuré, lui qui visait carrément le Golden Slam (les quatre Grands Chelems plus la médaille d'or aux JO). Mais, déjà, le Serbe s'était relevé pour se hisser en finale à New York. Où l'attendait certainement la plus grande désillusion de sa carrière...

50 jours pour se reprogrammer

D'autres, et parmi les plus grands, ne se seraient pas remis d'une telle gueule de bois. Mais Novak Djokovic n'est pas fait comme nous. Sans broncher, il est reparti au boulot, mû par cette éternelle volonté de gagner, encore et toujours. Quand il fallu ré-enfiler le bleu de chauffe, après 50 jours de coupure, il a tâtonné, il a douté, mais il s'est frayé son chemin, à la machette plutôt qu'en finesse, jusqu'à retrouver son bourreau new-yorkais en finale à Bercy.

Face au Russe, il était évident que son simple talent n'allait peut-être pas suffire, le Moscovite ayant remporté quatre de leurs six dernières confrontations. Face à un joueur qui excelle, peut-être même encore plus que lui, à faire rater l'adversaire, l'élève Djoko est donc retourné au tableau noir.

Avec son clan, il a revu, certainement la boule au ventre, la boucherie de l'US Open. Et il a fait ce qu'il sait faire de mieux, il s'est adapté. "J'ai essayé de préparer mon jeu", soufflait-il après sa victoire contre "son plus grand rival cette année". Conscient qu'il ne pouvait pas dominer le Moscovite du fond du court, il a forcé sa nature et s'est donc montré beaucoup plus offensif. L'option était risquée, et elle a bien failli capoter. Mais, après un premier set où il s'est fait régulièrement transpercer à la volée, il s'est entêté, quand d'autres auraient abdiqué, pour retourner à un plan de jeu plus "confortable". 

Têtu de série numéro 1

Il fallait voir comment, à 5-3 en sa faveur dans la deuxième manche, il a sauvé trois balles de break en réalisant des prodiges au filet. L'obstination, parfois, a du bon. "Je voulais le maintenir sur les talons, qu'il ne sache pas ce qui allait lui arriver, me montrer un peu imprévisible" savourait "Nole", pas peu fier de son coup.  Medvedev était pourtant prévenu, lui qui déclarait avant cette finale  "On connaît Novak. S'il n'était pas en mesure de s'adapter aux circonstances, il n'en serait pas là aujourd'hui. Il va certainement changer quelque chose dans son jeu. Ça, c'est le jeu, c'est le tennis !"

Le tennis a été cruel avec le numéro 2 mondial qui espérait bien prendre définitivement le pouvoir en cas d'un nouveau succès. C'était sans compter sur les facultés d'adaptation, mentales et tennistiques, du caméléon Djokovic. Le Serbe pousse même le mimétisme avec cet animal jusqu'à changer lui aussi de couleur : aux larmes et à la pâleur de New York ont succédé les joues rouges de la victoire. 

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