Open d'Australie 2024 : finaliste en juniors, une épaule de handballeur... Trois choses à savoir sur Arthur Cazaux, tombeur de Holger Rune
C'est incontestablement la sensation de ce début du tournoi, et c'est un Français qui l'a signée. Arthur Cazaux, 21 ans et 122e mondial, a décroché, jeudi 18 janvier, une victoire retentissante lors du deuxième tour de l'Open d'Australie face au prodige danois Holger Rune, tête de série n°8, qui occupait encore le quatrième rang mondial en août 2023. Méconnu du grand public jusqu'ici, le Montpelliérain, qui bénéficie d'une invitation à Melbourne, peut enfin compter sur un physique stable, après des années galères marquées par de nombreuses blessures. Voici les trois choses à savoir sur la nouvelle révélation du tennis français.
Finaliste à Melbourne et déjà bourreau d'Holger Rune chez les juniors
"Ça faisait quatre ans que je n'étais pas revenu. J'avais gardé des super souvenirs ici. Avec la victoire aujourd'hui [mardi], ça me fait aimer encore plus l'Australie et Melbourne." L'Open d'Australie sourit décidément à Arthur Cazaux. Il y avait atteint la finale du tournoi chez les juniors en 2020 (une catégorie où il a atteint le quatrième rang mondial), s'inclinant contre son compatriote Harold Mayot. Mardi, il y a conquis sa première victoire dans un tournoi du Grand Chelem, en s'offrant le Serbe Laslo Djere, 33e au classement ATP. Jeudi, le Montpelliérain est devenu la sensation du tableau masculin en venant à bout d'Holger Rune, 8e mondial. Ce dernier lui est d'ailleurs familier depuis leurs jeunes années partagées.
Chez les jeunes, déjà, le Français avait pris le meilleur sur la pépite danoise, vaincue à deux reprises sur leurs trois confrontations. Cette troisième victoire est évidemment la plus marquante de sa jeune carrière. Passé de peu à côté de son objectif de top 100 en 2023, il voit plus haut en 2024, jusqu'au top 50. C'est bien parti puisqu'il est déjà aux portes de ce fameux top 100, avant d'affronter au troisième tour le Néerlandais Tallon Griekspoor (n°28), tombeur d'Arthur Fils. Jusque-là, Arthur Cazaux avait tenté sa chance à trois reprises, en vain, en Grand Chelem (deux fois à Roland-Garros, une à l'US Open). Et sa seule victoire sur le circuit principal remontait à plus de deux ans et demi (en mai 2021 contre Adrian Mannarino, à Genève].
Des blessures à répétition comme freins à sa progression
Avant même sa finale juniors perdue à Melbourne, et encore après, le chemin a été tortueux pour Arthur Cazaux, longtemps perturbé par des blessures en série. Entre 2016 et 2022, il les enchaîne : fracture au coude, tendinite à l'épaule et au poignet, fracture du pied, déchirure au psoas puis aux abdominaux, et enfin, une pubalgie. Son corps lui envoie une multitude de signaux négatifs avant même de s'imposer sur le circuit ATP.
"Le fait d'avoir été beaucoup blessé a été dur à vivre car soudainement, je me suis retrouvé privé de ce qui m'anime dans la vie, expliquait-il sur le site de la FFT. 2023, c'est la première année complète que j'ai faite depuis que je suis tout petit. Cela a été une chose nouvelle." Bilan : une trentaine de tournois joués, entre Challengers, sur le circuit secondaire, et qualifications de tournois ATP, et un bond, des alentours de la 380e place mondiale jusqu'à la 119e, au mieux.
Depuis le printemps dernier, "je voyage avec un kiné, explique-t-il alors qu'il s'entraîne sous la supervision de Stéphane Huet. Je pense que c'est grâce à ça que j'évite les blessures. Ça faisait longtemps que j'y pensais. Même si je ne suis pas top 100, que je ne gagne pas non plus des mille et des cents, je me suis dit : s'il y a un moment pour investir, c'est maintenant, ça va m'aider à passer des caps plus vite". Un choix payant jusqu'ici.
Une endurance de biathlète et une épaule de handballeur
D'autant que la dimension physique, c'est précisément l'un des points forts du jeune Français d'1,83 m pour 73 kg. "Si tu arrêtes le tennis, nous, on te prend au biathlon. Nos meilleurs jeunes sont dans ces eaux-là" en termes d'endurance, lui lance un jour le référent chargé des tests physiques sous l'égide de la Fédération française de tennis (FFT), venu des sports d'hiver.
"Avec Arthur Fils, on a les meilleurs résultats" aux tests, raconte Arthur Cazaux. "J'ai toujours eu des prédispositions physiques. Sur les tests de vitesse, endurance, je suis premier, je l'ai été aussi au Masters NextGen [en tant que remplaçant]. Mais sur le court, je peux encore plus l'exploiter." Son service, peut-être sa principale arme, lui vient d'ailleurs de la pratique assidue du handball dans sa jeunesse montpelliéraine. "Pendant sept ans, je ne faisais que des shoots et j'ai développé une épaule super laxe, c'est ce qui m'aide." Une force de frappe vérifiée, jeudi, à l'occasion de son exploit XXL contre Holger Rune, ponctué par 18 aces.
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