Retraite de Roger Federer : Rafael Nadal, le plus grand rival
Avec la retraite de Roger Federer, l'une des plus grandes rivalités du sport prend fin entre Rafael Nadal et le Suisse.
Pendant 15 ans, Roger Federer et Rafael Nadal ont écrit le feuilleton le plus passionnant de l'histoire du tennis, un duel entre deux joueurs aux styles totalement opposés, que l'Espagnol a finalement dominé grâce à sa suprématie sur terre battue. Elle a pris fin, jeudi 15 septembre, après l'annonce de la retraite du Suisse après la prochaine Laver Cup.
Nadal est l'incontestable vainqueur aux points (24-16) de ce combat en 40 rounds qui s'est étendu de 2004, lorsque le tout jeune Majorquin, âgé de 17 ans, a créé la surprise en battant le nouveau n°1 mondial, de cinq ans plus âgé, à la demi-finale de Wimbledon gagnée par Federer en 2019.
La finale de Wimbledon 2008, chef d'oeuvre absolu et tournant majeur
Son point d'orgue a été la finale de 2008 sur l'herbe anglaise, quand Nadal, battu l'année précédente dans un match déjà mémorable, a détrôné le quintuple tenant du titre à la nuit tombante après presque cinq heures d'un tennis de rêve des deux côtés. Cette rencontre est la plus célèbre de l'histoire du tennis avec le Borg-McEnroe de 1980, au même endroit.
Il y a eu d'autres sommets, comme la finale de l'Open d'Australie 2009 à l'issue de laquelle le Suisse, vaincu, n'a pu retenir ses larmes, ou celle qu'il a remportée huit ans plus tard, signant un époustouflant retour au premier plan en Grand Chelem après six ans de disette.
Nadal a eu le dessus dans les finales de Grands Chelems (6 à 3), dans les matchs disputés dans ces "Majeurs" quel que soit le tour (10-4) et aussi dans les finales tous tournois confondus (14-10). Ce bilan s'explique par sa supériorité écrasante sur l'ocre : 14 victoires à deux, dont quatre en finale de Roland-Garros. Federer est en revanche en tête sur herbe (3-1) et sur dur (10-9) mais pas sur dur en extérieur (8-6 pour Nadal).
Le virtuose suisse contre le "taureau de Manacor"
L'affiche Federer-Nadal, vue neuf fois, a été la plus fréquente de l'histoire en finales de Grand Chelem, devant les sept Nadal-Djokovic et les sept Djokovic-Murray. Ce n'est pas le nombre mais l'opposition de styles, comme dans les quatre Borg-McEnroe, qui a enthousiasmé le public : légèreté et offensive côté suisse, puissance et défense côté espagnol, même si évidemment Federer avait aussi d'excellentes jambes et Nadal des coups d'attaque dévastateurs, surtout en coup droit.
Le Majorquin a adopté une tactique simple pour mettre en échec les assauts du Suisse : pilonner son revers, son coup le moins fort, avec de grands coups droits liftés de gaucher. "Avec Federer, la seule chose à faire est de ne pas lâcher son revers, l'obliger à frapper la balle haut, la raquette à hauteur du cou, le mettre sous pression, le miner, chercher ainsi la faille et miner son moral", explique-t-il dans son autobiographie ("Rafa").
Federer a fini par trouver la parade, à la fin de sa carrière, et a réduit l'écart au bilan total en gagnant leurs sept derniers duels hors terre battue. En revanche, sur l'ocre, il a oscillé entre plusieurs variantes de sa stratégie offensive sans jamais aboutir. C'est l'année où Nadal, blessé au genou, avait été éliminé prématurément qu'il a réussi à gagner son seul Roland-Garros, en 2009. Au fil des saisons, Nadal a fait évoluer sa panoplie, lui ajoutant un service efficace sur herbe et sur dur et un revers (à deux mains) redoutable pour bousculer son rival sur toutes les surfaces.
Rivaux, mais surtout amis
Les deux champions ont été l'un pour l'autre (et Novak Djokovic pour les deux) le principal obstacle à une domination totale sur le circuit. Pourtant, il n'y a jamais eu la moindre animosité, mais au contraire une amitié jamais démentie entre ses deux hommes qui se sont invités l'un chez l'autre et ont participé ensemble à des événements de promotion comme la "bataille des surfaces" (un côté en terre battue et l'autre en gazon) en 2007.
L'Espagnol, en particulier, n'a jamais caché son admiration pour son rival. Admettant dans son livre "un décalage de talent" avec le Suisse, il se disait "sidéré par la qualité de son jeu" et avouait qu'il "n'en revenait pas d'avoir réussi à le battre", en partie parce que "Federer n'était pas tout à fait Federer quand il jouait contre" lui.
Le Suisse a lui souligné que c'était Nadal, un joueur "qui a des coups que personne d'autre n'a", qui l'avait poussé à remettre en question son jeu pour devenir un plus grand champion encore.
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