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Roland-Garros : les quatre conséquences d'une pluie battante sur la terre battue

Tous les matchs ont été annulés, lundi, pour la première fois depuis l'an 2000, en raison des précipitations. A la clé, près de deux millions d'euros perdus en une journée.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un court de Roland-Garros bâché, sous la pluie, le 22 mai 2016. (PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS)

C'est la première fois depuis 2000 que tous les matchs de la journée sont annulés, à Roland-Garros. Lundi 30 mai, la pluie a eu raison du tournoi parisien. Les spectateurs sont déçus, mais seront remboursés, assurent les organisateurs.

Quelles conséquences le mauvais temps a-t-il sur le tournoi ?

"Deux millions d'euros" perdus en une journée

L'annulation de tous les matchs de la journée de lundi représente un manque à gagner "de l'ordre de 2 millions d'euros", affirme le directeur du tournoi Guy Forget. "Mais c'est quelque chose de secondaire aujourd'hui, parce que nous dégageons des bénéfices suffisants pour les absorber plus tard", assure l'ancien joueur et capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis. Comment expliquer cette estimation ? "Spectateurs entièrement remboursés, boutiques qui tournent au ralenti, publicités non diffusées à la télévision", liste Metronews.

En effet, les billets n'étant pas valables pour mardi, les spectateurs ont pour seule alternative de récupérer leur argent. Dans un cas comme celui-là, où aucun match n'a débuté, les spectateurs sont intégralement remboursés.

Le planning des matchs perturbés

Si cette météo capricieuse le permet, le programme sera donc chargé mardi, à Roland-Garros. Il faudra jouer les dix duels des huitièmes de finale reportés, ainsi que deux quarts messieurs maintenus à leur date normale, dont celui de Richard Gasquet. Son match contre le Britannique Andy Murray est annoncé en troisième position sur le Central, après les huitièmes de finale de Novak Djokovic et de Serena Williams. L'autre quart de finale maintenu est celui du Suisse Stan Wawrinka et de l'Espagnol Albert Ramos, en quatrième match sur le court Suzanne-Lenglen.

En revanche, les quarts de finale dames ont tous été repoussés à mercredi. Y compris la seule affiche déjà connue, entre l'Espagnole Garbiñe Muguruza et l'Américaine Shelby Rogers.

"Certains joueurs devront peut-être jouer deux jours de suite", explique Guy Forget. Et Novak Djokovic devra se lever tôt pour affronter l'Espagnol Roberto Bautista dès 11 heures, horaire inhabituel pour un numéro un mondial. Mais la hantise des organisateurs est de devoir faire jouer la finale du simple messieurs un lundi. En 2012, Rafael Nadal avait décroché son septième sacre face à Novak Djokovic devant des tribunes remplies de licenciés de la FFT, invités à la dernière minute pour remplir les tribunes, rappelle francetv sport.

Des joueurs avantagés, d'autres gênés

Les annulations comme celle de lundi restent rares, mais les interruptions de matchs sont courantes. "Les amateurs de tennis vous diront qu'une interruption à cause de la pluie avantage toujours celui qui perd" au moment de l'arrêt du match, écrivait francetv info en 2015. Pour référence, deux matchs d'Andre Agassi qui ont marqué l'histoire du tournoi : une défaite surprise face à Jim Courier en 1991 et une victoire inespérée contre l'Ukrainien Andrei Medvedev, en 1999.

Les aléas de la météo ont aussi des effets sur l'état d'esprit des joueurs. Après ce retour forcé aux vestiaires, certains jouent au Scrabble, font des concours de pompes, prient ou font la sieste. D'autres en profitent pour faire du tourisme, comme Roger Federer, en 2013, parti visiter la tour Eiffel. 

Et puis la pluie change la terre battue. Mouillée puis bâchée, la surface réserve donc des surprises lorsque les matchs reprennent. La terre battue mouillée est alourdie et donc "ralentie". "Un Roland-Garros arrosé ou frais ferait les affaires de Rafael Nadal le défenseur" (forfait pour cette édition), écrivait Slate, en 2013. Mais Thierry Tulasne, ancien entraîneur de Gilles Simon, corrigeait : "Il faut savoir aussi que lorsque les courts sont bâchés, ils se durcissent et deviennent donc plus favorables aux joueurs plus offensifs"

Le débat sur le toit du court central relancé 

Avec la pluie, équiper le court central d'un toit est plus que jamais "une nécessité", estime Guy Forget. Wimbledon en dispose depuis 2009, l'Open d'Australie en compte trois et l'US Open inaugurera le sien lors de la prochaine édition, à la fin de l'été 2016.

A Paris, l'équipement sera posé, au plus tôt, en 2020, en raison des recours de riverains et de défenseurs du patrimoine qui bloquent l'extension du site de la porte d'Auteuil. Ces derniers s'opposent à la construction d'un court semi-enterré de 5 000 places dans les serres d'Auteuil, un site naturel et historique doublement protégé. Tout est suspendu à une décision de justice en décembre.

"Aujourd'hui, la nécessité, c'est d'avoir un toit, mais pour que les choses bougent en France, il faut vraiment qu'il y ait une prise de conscience", insiste Guy Forget.

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