US Open 2024 : Flushing Meadows, ou l'art de se magnifier à domicile pour les joueurs de tennis américains

Dernier tournoi du Grand Chelem de la saison, l'US Open est aussi celui qui réussit le mieux à ses locaux, et de loin.
Article rédigé par Baptiste Royer
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
L'Américain Ben Shelton face au Serbe Novak Djokovic, le 8 septembre 2023, pendant la demi-finale de l'US Open. (TIMOTHY A. CLARY / AFP)

Vingt-six et dix-neuf. Ce sont les nombres de titres décrochés par une joueuse et un joueur américain à New York depuis le début de l'ère Open (1968). Des résultats impressionnants à domicile, quand on les compare aux autres Grands Chelems. 

En 56 éditions, seuls un Français (Yannick Noah en 1983) et une Française (Mary Pierce en 2000) ont remporté Roland-Garros, contre quatre victoires britanniques à Wimbledon (Andy Murray en 2013 et 2016, Ann Haydon-Jones en 1969, Virginia Wade en 1977). La tendance est la même en Australie. Malgré une domination des joueurs locaux lors des premières années de l'ère Open, seule Ashleigh Barty a réussi à décrocher le titre devant son public depuis 1978, hommes et femmes confondus (2022).

Cette exception américaine s'explique en partie par le nombre de champions nés et formés outre-Atlantique (Serena et Venus Williams, Pete Sampras, John McEnroe…), mais pas seulement. Poussés par un public "bouillant" et habitués à jouer avec une grosse pression, notamment sur le circuit universitaire NCAA, d'autres joueurs, moins attendus, se transcendent sur leur sol. 

"Le public est chaud bouillant"

En 2022, c'était Frances Tiafoe qui se révélait au public new-yorkais. Alors 26e au classement ATP, le natif du Maryland créait la sensation en éliminant Rafael Nadal dès les huitièmes de finale, avant d'infliger une correction au Russe Andrey Rublev en quarts de finale (7-6[3], 7-6[0], 6-4). Finalement défait par Carlos Alcaraz en demies, l'Américain avait produit son meilleur tennis sur ses terres, si bien que de nombreux supporters l'imaginaient déjà vainqueur en Grand Chelem, dix-neuf ans après l'unique sacre d'Andy Roddick dans un majeur... à l'US Open.

Le Serbe Novak Djokovic, bourreau du prodige américain Ben Shelton aux portes de la finale en août 2023, avait donné un élément d'explication lors de son interview d'après-match après s'être extirpé de l'atmosphère frénétique du stade Arthur-Ashe. "Je sais qu'affronter un joueur américain ici n'est jamais facile, il faut réussir à garder ses nerfs dans les moments importants", expliquait-il alors. Un constat partagé par de nombreux joueurs, tant l'atmosphère à l'US Open est particulière.

"Quand on joue à New York, il y a toujours beaucoup de bruit. Les gens sortent du terrain en plein match, il y a des orchestres juste derrière vous, de la musique au changement de côté, et le public est chaud bouillant", avance Patrice Hagelauer, ancien joueur et entraîneur de l'équipe de France de Coupe Davis. "C'est une ambiance différente des autres tournois du Grand Chelem, et c'est plus naturel pour les Américains que pour les autres de jouer dans ces conditions", confirme Arnaud Clément, finaliste à l'Open d'Australie en 2001 et consultant tennis pour franceinfo: sport.

Normaliser les matchs sous pression

Passés pour la plupart par la NCAA (National Collegiate Athletic Association), le circuit universitaire américain, les jeunes joueurs du pays sont habitués à jouer sous pression et se transcendent naturellement devant un public acquis à leur cause. "Quand vous jouez pour des universités où il y a des dizaines de milliers d'étudiants, il peut y avoir un public énorme, avec de fortes rivalités entre universités voisines", acquiesce Arnaud Clément. "Quand les joueurs arrivent pour la première fois sur un grand court, ils n'ont aucun problème à faire face à l'ambiance et à la pression", ajoute-t-il.

Ces universités, qui attirent de plus en plus de joueurs étrangers, ont permis de former plusieurs grands noms du tennis américain. Le dernier en date, Ben Shelton (21 ans), champion NCAA en 2022 avec les Florida Gators, s'est invité en demi-finales de l'US Open dès sa première saison complète sur le circuit ATP (2023). Porté par une foule qui découvrait son nouveau prodige, le jeune joueur, alors 47e au classement ATP, avait illuminé Flushing Meadows en remportant cinq matchs de rang, avant de s'incliner face à Novak Djokovic, aux portes de la finale.

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Alors que l'édition 2024 de l'US Open débute lundi, les locaux ont de bonnes chances d'enflammer Flushing Meadows une fois de plus. Dans le tableau masculin, pas moins de cinq joueurs américains (Taylor Fritz, Ben Shelton, Tommy Paul, Sebastian Korda, Frances Tiafoe) figurent parmi les 20 meilleurs mondiaux, une première depuis 1997. Chez les femmes, Coco Gauff remettra son titre en jeu, tandis que sa compatriote Jessica Pegula entamera son tournoi avec une confiance XXL, après avoir atteint la finale des deux derniers tournois WTA 1000 (vainqueure de la Coupe Rogers et finaliste à Cincinnati).

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