: Reportage Wimbledon 2023 : on a vécu la première partie du match d'Andy Murray contre Stefanos Tsitsipas sur le "Murray Mount"
Dans le temple du tennis et des traditions, il y en a bien une qui est particulièrement appréciée des Anglais. La petite colline située à l'arrière du Court numéro 1, appelée ici "The Hill", est devenue au fil des années "the place to be" pour les spectateurs non-détenteurs de billets donnant accès aux grands courts de Wimbledon. Surnommée le "Murray Mount" ou encore le "Henman Hill", du nom deux des joueurs les plus emblématiques du tennis britannique. Tim Henman avait été le premier à inspirer ce nom, avant sa retraite, puis l'éclosion d'Andy Murray. Cette colline est aujourd'hui un symbole du tournoi londonien.
Un écran géant, installé sur la façade du Court n°1, permet ainsi aux amateurs de tennis de profiter des matchs du Center court notamment, dans une ambiance joviale. Comme ce jeudi 6 juillet, où les visiteurs de Wimbledon se sont rassemblés en fin de journée, par centaines pour encourager la star locale, Andy Murray, face à la tête de série n°5, Stefanos Tsitsipas.
Bien plus tôt, dès le début de la journée, la rencontre était dans tous les esprits. Même au bureau des accréditations, les journalistes faisaient la queue pour se dégôter une place. Alors que les joueurs n'avaient pas encore fait leur apparition sur le Central court, la colline était déjà remplie. Les spectateurs, installés parfois depuis le match précédent, sur leur plaid ou leur nappe de pique-nique, avaient pour la plupart fait le déplacement en famille ou entre amis. Ici, on prend place, on boit un verre et on discute avec ses voisins, qu'on les connaisse ou non.
La colline des sans billet
Ici, pour se ravitailler, il faut se frayer un chemin à la manière d'un équilibriste. Sur le grand écran, des messages d'avertissement préviennent les spectateurs : "Si vous décidez de laisser votre place, vous n'êtes pas certain de la retrouver". Face à cette affluence, certains n'ont d'autres choix que de rester debout au bord de la colline, délimitée par sa pelouse. "Soit vous avancez, soit vous allez sur l'herbe", insistent les agents de sécurité, tentant de garder une circulation fluide des spectateurs.
Lors de l'entrée d'Andy Murray sur le court, exclamations et applaudissements se sont mêlés pour signifier l'attente, énorme, autour du vétéran écossais. "J'espère qu'il va gagner ce soir. C'est notre champion, il est brillant. Il se fait un peu vieux c'est vrai, mais nous l'adorons et nous le soutenons", glisse Alain, qui vient chaque année à Wimbledon et qui alterne entre les différents courts et la colline. "C'est un champion dans notre pays. Il a quand même gagné deux fois ici", rappelle Gary, assis avec sa femme Suzanne un peu plus loin, sur les marches amenant à la colline.
Pour leur première fois à Wimbledon, ce couple de quinquagénaires a prévu le pique-nique et la bouteille de vin pour la fin de journée. Pour Suzanne, pas question de laisser sa place : "C'est excitant cette ambiance. Nous ne voulions surtout pas partir avant ce match. On n'allait quand même pas le regarder depuis la maison".
"Come on Andy"
Lorsqu'Andy Murray s'accroche après un début de match manqué, mené 2-0 d'entrée, les "come on Andy", se succèdent. Au milieu de cette dune verte, Josh, un Londonien de 21 ans, découvre pour la première fois l'ambiance de Wimbledon.
"Je travaillais aujourd'hui, alors je ne suis venu qu'en fin de journée. Je rejoignais mes amis, qui eux ont fait The Queue tôt ce matin. Moi, je suis arrivé sans billet, en espérant pouvoir en récupérer un auprès d'une personne qui partirait. Et c'est arrivé", raconte-t-il avec le sourire. Pour se mettre dans l'ambiance, le groupe d'amis s'est offert un verre de Pimm's chacun, la célèbre boisson anglaise dégustée dans les travées de Wimbledon. "Mais juste un verre, car c'est assez cher pour un jeune", précise Josh, tout en jetant des coups d'œil réguliers au match.
Malgré les encouragements, Andy Murray concède la première manche au tie-break, (3-7 dans ce jeu décisif). Certains spectateurs en profitent pour se ravitailler, d'autres abandonnent leur position, sentant la nuit tomber et la fraîcheur commencer à s'installer. L'ambiance devient alors plus intimiste.
Couvre-feu et suspension du match
Les plus fervents supporters restent et encouragent de plus belle l'homme aux onze finales en Grand Chelem (trois titres). Nouveau tie-break dans la deuxième manche. Cette fois, le Britannique sort victorieux. "Let's go Andy, let's go !". Le public n'y a alors jamais autant cru qu'à cet instant. L'enthousiasme se change alors en ferveur lors que Murray empoche la troisième manche. Mais, alors qu'il domine le 5e joueur mondial et entrevoit le troisième tour, le Britannique est coupé en plein élan. A 22h45 heure locale, la décision est prise de suspendre le match. Le couvre-feu en vigueur à 23h est avancé. Un simple "Ohhhhh" en cœur envahit la colline lors de l'annonce de cette décision et chacun remballe ses affaires, sans sourciller.
Sur le trajet du retour, Caroline, une Américaine de 45 ans avoue être un peu déçue. "Mais on s'en doutait. On sait qu'ici les matchs s'arrêtent à 23 heures maximum. Je suivrai le match depuis un bar à Londres demain. Je veux voir la fin", prévient-elle. Même détermination pour Candale, une Écossaise, venue spécialement le voir jouer. "On est déçu car il était dans une bonne dynamique et le public le portait. Mais on comprend que le match soit arrêté. Demain, on revient ici c'est sûr. On refera The Queue comme aujourd'hui." Peut-il l'emporter ? "On l'espère", nous répondent l'ensemble des spectateurs que nous avons croisés sur la colline. Pour la vraie réponse, il faudra attendre la deuxième rotation du Centre court, vendredi.
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