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Voile : l'impressionnant potentiel du trimaran futuriste de François Gabart

Baptisé lundi 20 septembre à Concarneau par l’actrice Mélanie Laurent, le nouveau trimaran volant de François Gabart sera l’une des attractions de la prochaine Transat Jacques-Vabre. Deux mois après sa mise l’eau, il va déjà très vite.  

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Parmi les innovations technologiques embarquées par François Gabart à bord de son Ultime, un "volant" remplace la traditionnelle barre. Il n'est pas pas directement relié aux safrans, mais fonctionne comme une commande du pilote automatique. (JÉRÔME VAL / FRANCE-INFO)

Les lignes sont élancées, il semble à peine posé sur les eaux tranquilles de Concarneau (Finistère). Derrière lui, la ville close profite d’un soleil encore généreux. Sous la lumière limpide de cette fin de septembre, le trimaran SVR Lazartigue avec sa couleur bleu Capri scintille, apaisant. Le calme avant les tempêtes qui vont l’attendre dès le mois de novembre pour sa première sortie officielle : la Transat en double Jacques-Vabre entre Le Havre et la Martinique.   

C’est François Gabart qui a imaginé ce bateau dans les locaux de sa société MerConcept. Et l’ancien vainqueur du Vendée Globe il y a presque dix ans a opté pour un parti pris radical ; le pont est dépouillé, et presque plat. "Ce qu’on voit immédiatement quand on est sur le bateau ou sur le ponton, c’est l’aérodynamisme de la plateforme, décrit le navigateur de 38 ans. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que plus les bateaux vont aller vite, plus ce paramètre est important."    

Conséquence : le poste de pilotage du bateau qui d’ordinaire fait une bosse sur le pont est donc encastré dans la coque centrale. Quand on pénètre à l’intérieur du cockpit, on est donc juste au-dessus de l’eau. "Le plancher doit être à 50 ou 60 centimètres au-dessus de la ligne de flottaison", explique François Gabart.  

Un condensé de technologie

L’intérieur est dépouillé, le poste de pilotage plus lumineux que la cellule de vie située plus à l’arrière. Il n’y presque pas d’ouvertures sur l’extérieur, juste quelques petits hublots, ce qui rajoute à l’impression d’être dans une bulle complètement étanche. Les aménagements ne sont pas encore terminés. "Il y a des bannettes qui vont être installés, donc en double ou en solitaire, on va plutôt dormir dans cette zone, détaille le détenteur du record du monde en solitaire. Puis, et c’est classique, on a la salle de bain et la cuisine. La salle de bain, c’est un seau et la cuisine, c’est un petit réchaud derrière." Et François Gabart se veut plutôt rassurant : "Finalement, on a quand même de la place et cette cellule de vie, c’est le grand luxe, c’est même l’hôtel 5 étoiles", sourit-il. 

Le nouveau trimaran volant de François Gabart a déjà dépassé les 47 noeuds en pointe de vitesse, soit près de 90 km/h. (JÉRÔME VAL / FRANCE-INFO)

Pas le grand confort non plus, mais un condensé de technologie. Contrairement aux autres ultimes volants du même type, on ne trouvera pas de barre mais un volant, beaucoup plus petit, comme sur une voiture. "D’habitude, on a une télécommande pour le pilote automatique et là, c’est un volant. On réfléchit même à rajouter des boutons. On est en train d’ouvrir une espèce de boîte où il y a pleins de choses à faire, résume Gabart, qui a une formation d’ingénieur. On peut imaginer une direction assistée. On peut essayer d’apporter au pilote automatique l’intelligence humaine ou à l’inverse, avoir l’intelligence d’un pilote automatique avec des notions d’intelligence artificielle pour aider le barreur à diriger le bateau." 

Tout a été pensé pour la performance, pour faire voler ce trimaran de 15 tonnes le plus longtemps possible. Les débuts sont prometteurs, après déjà un peu moins de 6 000 km de navigation. "Sur les dernières navigations, on a atteint une vitesse maximum de 47,7 nœuds, soit un peu moins de 90 km/h, détaille Guillaume Combescure, ingénieur pour l’analyse des données du bateau. Mais ce qui est important, ce sont les vitesses moyennes qu’on est capable de tenir sur de longues durées. Et là, on est sur des vitesses moyennes à plus de 40 nœuds. Quelques semaines après la mise à l’eau, c’est encourageant."  

Objectif : record du tour du monde en solitaire

La mise à l’eau a eu lieu le 22 juillet dernier, après trois années de chantier. Sa première sortie officielle, ce sera le 7 novembre avec la Transat Jacques-Vabre. Pour cette course en double de deux semaines entre le Havre, le Brésil et la Martinique, François Gabart sera associé à Tom Laperche, 24 ans et déjà très impatient. "Je suis super fier, mais ça serait mentir de dire que c’est facile de naviguer sur ces bateaux-là. Pour chaque manœuvre, il faut tourner assez longtemps les manivelles : récupérer les cordages, c’est long, bouger les foils, c’est long. Border les voiles, comme elles sont grandes, c’est la même force que sur les petits bateaux mais c’est beaucoup plus long dans le temps."

Le nouveau trimaran volant de François Gabart est un concentré de technologies, notamment son poste de pilotage et sa cellule de vie encastrés dans la coque centrale. (JÉRÔME VAL / FRANCE-INFO)

Avec un nouveau sponsor depuis le printemps, le groupe de cosmétiques Kresk, après le retrait de son sponsor historique Macif, le trimaran devrait faire des étincelles avec plusieurs records en ligne de mire, dont celui déjà déténu par François Gabart : le tour du monde en solitaire en 42 jours, 16 heures, 40 minutes et 35 secondes.    

Le trimaran révolutionnaire de François Gabart : reportage de Jérôme Val

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