Voile : à 66 ans, Francis Joyon est de retour sur la Route du Rhum avec l'ambition de "conserver le titre"
Tenant du titre il y a quatre ans, Francis Joyon a décidé de replonger. Il sera au départ de la prochaine Route du Rhum (départ le 6 novembre de Saint-Malo, destination la Guadeloupe)… sur le bateau avec lequel il s’était déjà imposé.
Son arrivée le 12 novembre 2018 dans la nuit noire de Pointe-à-Pitre, avec seulement sept minutes d’avance sur François Gabart, fait partie de l’histoire. Quatre ans plus tard, Francis Joyon répond encore "présent". À 66 ans, celui que l’on surnomme le "colosse de Locmariaquer" garde la même détermination et la même envie. Il se confie en exclusivité pour franceinfo.
franceinfo : Pourquoi avez-vous eu envie de revenir sur cette Route du Rhum après les belles émotions d'il y a quatre ans ?
Francis Joyon : Ma famille, mes amis raisonnables me disaient que ce n'était peut-être pas malin d'y retourner, mais j'aime bien les choses qui ne sont pas raisonnables. Et puis, ça me faisait plaisir de naviguer sur cette belle aventure. C'est une super épreuve et c'est vrai que toutes les fois où j'y ai participé, ça a été très fort. J'ai simplement envie d'y retourner.
Après votre arrivée en Guadeloupe, vous êtes parti sur d’autres projets. De quand date votre prise de décision ?
À l'automne 2021. C'était déjà clair dans ma tête que si mon partenaire (Idec Sports) me proposait, j'y retournais. On a continué notre bonhomme de chemin et en ayant ça dans la tête, ça s'est fait tout seul.
On va vous le répéter souvent mais vous aurez 66 ans au moment du départ !
Oui, c'est vrai que vous m’apprenez mon âge, j’avais oublié (rires). On est censé avoir moins de force, etc. Mais bon, je me sens encore assez en forme pour gérer le bateau.
"J'ai navigué assez récemment en solitaire sur ce bateau et j'étais bien dans le coup. Donc je me suis dit que tant que je peux faire le job, j’irai."
Francis Joyonà franceinfo
Le bateau lui aussi aura quatre ans de plus. Il a été mis à l’eau en 2006 mais il est toujours aussi vaillant. Pensez-vous avoir tout le potentiel pour rivaliser ?
Oui, on a bien équipé le bateau cet hiver, on lui a remis des voiles neuves, on lui fait une beauté et le bateau sera à son niveau de performance de la dernière Route du Rhum. C'est un superbe bateau, un bateau magique, puisqu'il a il a gagné les trois dernières éditions (avec trois skippers différents : Franck Cammas en 2010, Loïck Peyron en 2014 et Francis Joyon en 2018). Et c'est vrai que c'est un bateau très marin. C'est un bateau qui est capable de descendre dans le vent très fort, avec des angles qu'aucun autre bateau ne peut atteindre. C'est un bateau que j'aime bien et je prends plaisir à naviguer dessus.
Vous aurez quasiment les mêmes concurrents que la dernière fois : François Gabart, Armel le Cléac’h, Thomas Coville… mais eux seront sur des nouveaux bateaux. Ça ne vous a pas titillé d'avoir un nouveau bateau, comme eux ?
Je suis encore trop attaché à ce bateau-là. Déjà, on ne m’a pas proposé un bateau neuf et si on me l'avait proposé, je ne suis pas sûr que j’aurais accepté. Je connais bien ce bateau. Je suis content de naviguer dessus. Mais après, je regarde ces nouveaux bateaux avec un œil intéressé, admiratif et curieux, bien sûr. Ces bateaux ont un gros potentiel. Après, il y a quand même des conditions où ces bateaux peuvent pas s'exprimer. Donc pas de regrets !
Avec quelles ambitions repartez-vous sur cette Route du Rhum ?
C'est un challenge passionnant que de réussir à conserver le titre avec un bateau qui a déjà fait tellement de route, avec lequel j'ai fait plusieurs tours du monde, avec lequel j'ai fait beaucoup de transat en solitaire aussi.
"Je vais essayer de conserver le titre. Ce ne sera pas facile parce qu'il y a une rude concurrence."
Francis Joyonà franceinfo
Vous n'aviez pas pris part à la dernière Transat Jacques-Vabre en novembre entre le Havre et Fort-de-France. Pour vous, il n’était pas question en revanche de rater la Route du Rhum qui reste à part ?
Oui, c'est vrai que la Route du Rhum, c'est une course vraiment particulière. Avec la Transat Jacques-Vabre, on part plus tôt en saison et on plonge plein sud. Il y a peu de risques, pas de conditions compliquées. Sur une Route du Rhum, on part dans une période où, bien souvent, les dépressions sont là. Le mauvais temps est là et on se retrouve seul sur le bateau. On n'est pas à deux, comme sur la Transat Jacques-Vabre, c’est déjà un petit équipage. Avec le Rhum, on se retrouve dans des situations beaucoup plus aventureuses. C'est vrai que ce côté-là me plaît bien.
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