Stéphane Moitoiret condamné à la perpétuité pour le meurtre de Valentin
Au cours du procès, la défense avait plaidé la folie, espérant faire échapper son client à une condamnation pénale.
Stéphane Moitoiret a été condamné jeudi 15 décembre à la prison à perpétuité par les assises de l'Ain pour l'assassinat du petit Valentin en 2008. Sa compagne, Noëlla Hégo, a écopé d'une peine de 18 ans de prison.
Tué de 44 coups de couteau
Le 28 juillet 2008, le corps de Valentin, 11 ans, était découvert dans une rue de Lagnieu (Ain), le corps frappé de 44 coups de couteau.
Des traces de sang relevées sur le jogging de la victime avaient permis de confondre Stéphane Moitoiret, 42 ans, un marginal qui sillonne alors la France avec sa compagne, Noëlla Hégo, 52 ans.
Plusieurs semaines après le drame, la mère de Valentin s'était confiée au quotidien Le Dauphiné Libéré. "Dans son grand désarroi, mon petit ange a eu un geste héroïque, rappelait-elle, celui non seulement de se défendre, mais aussi de laisser la signature du meurtrier sur les lieux du crime. C'est une immense 'fierté' pour moi, car s'il ne l'avait pas fait, l'assassin serait toujours en cavale."
Le drame avait suscité une vive émotion dans toute la France. Une marche silencieuse, organisée un an après la mort du petit garçon, avait rassemblé 400 personnes dans les rues de Lagnieu.
Un délire mystique à deux
L'accusé, confondu par son ADN, n'a cessé de nier son implication. Comme le décrit Libération, le procès s'est focalisé sur la personnalité du couple. "Noëlla et Stéphane vivaient dans un monde parallèle, ça fait des années qu’ils étaient en dehors de la réalité. J’ai compris dans des émissions que c’était les symptômes de la schizophrénie", raconte à la barre la mère de l'accusé.
Vivant sur les routes, Noëlla, alias "Sa Majesté", et Stéphane Moitoiret, "son secrétaire", se déclarent "exorcistes" et assurent devant le tribunal être "en mission divine", relate le quotidien.
Débat autour de la santé mentale de l'accusé
Dix experts se sont penchés sur le cas du couple d'accusés. Ils ont finalement tranché, à six voix contre quatre, en faveur de "l'altération du discernement". Cette qualification permet une sanction pénale et l'incarcération dans un "hôpital-prison", c'est-à-dire une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), précise Europe 1.
La défense de Stéphane Moitoiret a plaidé la folie, donc l'irresponsabilité pénale. "Je vous demande du courage" pour "constater l'abolition de son discernement, non pas par pitié, vengeance ou crainte, mais par raison, libres que vous êtes", a tonné l'avocat de la défense, Franck Berton, qui a évoqué le "délire mystique" du couple.
L'autre avocat de Stéphane Moitoiret, Hubert Delarue, a dénoncé une "volonté affichée du juger les fous" et a rappelé à la cour que depuis la loi sur l'hospitalisation d'office du 27 juillet 2011, il y avait "une autre voie" que la prison pour les "psychotiques dangereux".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.