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Pour Ban Ki-moon, l'inaction de l'Onu en Syrie est un "permis de massacrer"

La communauté internationale condamne le massacre de Treimsa, mais ne se donne toujours pas les moyens d'agir.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Extrait d'une vidéo où l'on voit les corps des victimes du massacre de Treimsa, dans la région de Hama (Syrie), le 13 juillet 2012. (YOUTUBE / AFP)

Plus de 150 personnes ont été tuées, jeudi 12 juillet, dans l'attaque du village de Treimsa, dans la province de Hama, par les forces gouvernementales syriennes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon un chef rebelle syrien, le bilan s'élèverait à plus de 200 morts. L'opposition dénonce un massacre, mais l'armée affirme n'avoir fait aucune victime civile. 

• La version de l'opposition

"Des troupes gouvernementales ont bombardé le village en utilisant des chars et des hélicoptères", a déclaré le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Le Conseil révolutionnaire de Hama a déclaré à Reuters que le village avait, dans un premier temps, été bombardé par des hélicoptères de combat et des chars avant que des chabiha, miliciens favorables au régime, ne se rendent sur place pour y tuer des habitants en les exécutant sommairement.

Les cadavres à Tremseh après les bombardements de l'armée syrienne ( Reuters et APTN)

Selon un militant vivant dans la province, le bilan est particulièrement lourd car les forces gouvernementales ont pilonné une mosquée où de nombreux habitants avaient trouvé refuge. "Une trentaine de véhicules de l'armée ont totalement encerclé le village. Il n'y avait aucune possibilité de sortir. Quiconque essayait de fuir à travers les champs était abattu", a raconté un autre militant. "Après le bombardement, l'armée est entrée avec des armes légères et les chabiha suivaient avec des couteaux", a-t-il ajouté. Treimsa "est vide maintenant. Tout le monde est mort ou a fui", a-t-il affirmé à l'AFP.

• La version de Damas

L'armée syrienne n'a pas nié l'attaque de Treimsa, mais affirmé vendredi13 juillet n'avoir tué aucun civil. "Des unités de nos forces armées ont mené jeudi matin une opération de qualité (…) contre des groupes terroristes armés, certains de leurs sièges de commandements et des repaires utilisés pour mener leurs opérations criminelles et torturer les personnes enlevées", a affirmé l'armée syrienne.

"Elles ont réussi à vaincre les terroristes sans qu'aucune victime civile ne soit à déplorer", a ajouté l'armée. "L'opération s'est soldée par la destruction des repaires des groupes terroristes, la mort d'un grande nombre de ses membres, l'arrestation de dizaines de terroristes, la confiscation de grandes quantités d'armes et de documents, parmi lesquels des cartes d'identité étrangères", poursuit l'armée. A la fin de l'opération, les soldats ont trouvé "des cadavres de citoyens que les groupes terroristes avaient enlevés et tués".

• Un "permis de massacrer" pour Ban Ki-moon

L'attaque du village intervient alors qu'un nouveau projet de résolution, incluant des sanctions économiques et diplomatiques, a été soumis au Conseil de sécurité de l'Onu, toujours divisé sur la solution à adopter.

"Effroyable", "scandaleux", "injustifiable"... Les mots ne manquent pas aux responsables occidentaux pour dénoncer le massacre. Mais les moyens d'action oui. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a déclaré vendredi que l'inaptitude du Conseil de sécurité à mettre la pression sur Damas équivalait à lui octroyer "un permis de massacrer". Il a demandé au Conseil d'"envoyer un message fort à tout le monde pour dire qu'il y aura des conséquences" si le plan de paix de Kofi Annan n'est pas respecté.

François Hollande s'est directement adressé "aux Russes et aux Chinois", alliés historiques d'Al-Assad opposés aux sanctions contre le régime, en prévenant qu'en cas de nouveau refus, "c'est le chaos et la guerre qui s'installer(aient) au détriment de leurs intérêts".

• Les observateurs prêts à se rendre à Treimsa

Les observateurs de l'ONU sont prêts à se rendre sur place "s'il y a un véritable cessez-le-feu", a déclaré leur chef, le général Robert Mood. "Comme vous le savez, la mission a suspendu ses opérations en raison du niveau inacceptable de violence sur le terrain (…). Cependant, les observateurs sont toujours stationnés dans les différentes provinces, peuvent voir ce qui se passe dans les environs et sont en relation avec les parties sur le terrain", a-t-il dit.

"A partir de notre présence dans la province de Hama, nous avons pu constater hier des combats permanents dans la région de Treimsa au cours desquels étaient impliqués des unités mécanisées, de l'artillerie et des hélicoptères", a-t-il souligné.

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