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Syrie. La Turquie intercepte un avion syrien et saisit sa cargaison

L'avion, qui reliait Moscou à Damas, a pu repartir. Mais la Syrie crie au scandale, et la Russie demande des explications à Ankara.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'avion intercepté, le 10 octobre à Ankara. (ADEM ALTAN / AFP)

SYRIE – Nouvelles tensions entre Damas et Ankara. Après avoir forcé un avion de ligne syrien à atterrir à Ankara, la Turquie a affirmé avoir intercepté, mercredi 10 octobre, une cargaison suspecte à bord de l'appareil, qui effectuait la liaison Moscou-Damas. Dans un contexte déjà très tendu entre la Turquie et la Syrie, Damas crie au scandale et Moscou demande des explications à Ankara.

L'avion de ligne syrien reliant Moscou à Damas intercepté mercredi soir au dessus de la Turquie transportait des "munitions" et du matériel militaire à destination de Damas, a assuré jeudi le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.Lors d'un discours télévisé, M. Erdogan a déclaré que la cargaison de cet Airbus comportait "de l'équipement et des munitions à destination du ministère syrien de la Défense" en provenance d'un fabricant russe de matériel militaire.ck-pa/jls   

Que s'est-il passé ?

Mercredi soir, un Airbus A320 reliant Moscou a Damas a été escorté par deux avions F4 de l'armée de l'air turque, puis forcé d'atterrir à l'aéroport d'Ankara-Esenboga pour des contrôles de sécurité. Selon le ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, l'avion transportait "une cargaison illégale (...) qui aurait dû être signalée" afin que l'appareil soit en conformité avec la réglementation de l'aviation civile.

La nature de la cargaison saisie n'a pas été précisée. "Il y a des éléments à bord qui peuvent être qualifiés de douteux", s'est borné à affirmer le ministre. Selon la chaîne de télévision turque NTV, il pourrait s'agir de parties de missiles. Ce qu'a démenti une source russe, selon laquelle il n'y avait "ni armes ni composants pour des armements à bord de l'appareil". La télévision publique TRT évoque du matériel de communication destiné au régime de Bachar Al-Assad.

L'avion de ligne a finalement pu redécoller d'Ankara dans la soirée avec ses 35 passagers à bord.

Damas crie au scandale, Moscou exige des explications

Côté syrien, la compagnie Syrian Air a accusé les autorités turques d'avoir "agressé" l'équipage de l'appareil et Damas a réclamé la restitution des marchandises confisquées. Le ministère des Affaires étrangères syrien a dénoncé un "comportement hostile et répréhensible" de la part de la Turquie et "un signe supplémentaire de la politique hostile menée par le gouvernement Erdogan qui (...) abrite [les rebelles] et bombarde le territoire syrien"

La visite du président Vladimir Poutine à Ankara a été repoussée, sans doute au 3 décembre, selon le bureau de presse du Premier ministre turc. La rencontre était prévue initialement la semaine prochaine. "La partie russe exige des autorités turques des explications sur la justification de tels actes à l'égard de citoyens russes", a déclaré le ministère des Affaires étrangères russe dans un communiqué, accusant Ankara d'avoir "mis en danger les passagers", parmi lesquels se trouvaient dix-sept Russes. Les autorités turques ont en outre "refusé de laisser les diplomates [russes] se rendre auprès de nos concitoyens, qui sont restés confinés huit heures dans l'aéroport", ajoute le ministère, reprochant à Ankara d'avoir "violé la convention consulaire bilatérale".

Le président russe Vladimir Poutine, qui a repoussé une visite qu'il devait effectuer lundi prochain à Ankara, est attendu dans la capitale turque le 3 décembre, a annoncé le bureau de presse du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.

"La troisième édition du conseil supérieur de coopération turco-russe établi en 2010 aura lieu le 3 décembre à Ankara (...) sous la coprésidence de M. le Premier ministre (Erdogan) et du président russe", indique un communiqué alors que le ton est monté entre les deux pays après l'interception mercredi soir en Turquie d'un avion syrien en provenance de Moscou.

Les entretiens turco-russe doivent porter "sur les grands sujets d'ordre international", dont la guerre civile en Syrie sur laquelle Ankara et Moscou ont des opinions très divergentes, ainsi que sur des sujet d'intérêt économique.De son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que la visite de M. Poutine pourrait bien avoir lieu le 3 décembre, mais a refusé de le confirmer officiellement, selon les agences russes."Le 3 décembre est l'une des dates possibles pour la visite de travail du président russe en Turquie", a déclaré M. Peskov, ajoutant que la date définitive serait décidée par les "canaux diplomatiques".Plus tôt dans la journée, M. Peskov avait indiqué la visite du président russe avait été repoussée, sans préciser les raisons de cette décision ni la date initialement convenue pour la visite.

Un contexte très tendu entre la Turquie et la Syrie

Cet épisode intervient quelques jours après des échanges de tirs à la frontière entre les deux pays. Depuis le bombardement du village d'Akçakale le 3 octobre, l'armée turque répond coup pour coup aux tirs syriens atteignant le territoire frontalier turc, en visant des positions tenues par les troupes fidèles au président Bachar al-Assad. La Turquie, membre de l'Otan, a rompu avec le régime de Damas, soutient les rebelles syriens et accueille sur son sol 100 000 réfugiés syriens.

Des reponsables turcs ont indiqué, jeudi, que la Syrie avait suspendu il y a une semaine ses importations d'énergie électrique en provenance de la Turquie en raison de dommages causés au réseau d'approvisionnement syrien par la guerre qui déchire le pays. Le ministre de l'Energie turc a ajouté que son pays était prêt à reprendre ses livraisons si la Syrie le demandait. En janvier, Ankara, qui fournit environ 20% de l'énergie consommée par son voisin, avait toutefois menacé Damas de couper ses livraisons d'électricité après la destruction d'un avion de combat turc par la défense antiaérienne syrienne.

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