Interview Audrey Cordon-Ragot : "Je n'ai plus envie de souffrir, j'ai eu ma dose", lâche la coureuse française après son dernier Tour de France femmes

Très émue, la Bretonne est revenue sur l'ensemble de sa carrière de coureuse cycliste, qu'elle bouclera à la fin de la saison.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Audrey Cordon-Ragot lors du championnat de France de cyclisme, le 23 juin 2023. (MARC DEMEURE / MAXPPP)

"Les gens vont encore dire que je pleure tout le temps, mais ce n'est pas grave. J'assume." C'est dans un flot de larmes incontrôlées qu'Audrey Cordon-Ragot a tiré sa révérence sur le Tour de France femmes, dimanche 18 août, en arrivant au sommet de l'Alpe d'Huez près de 48 minutes après la vainqueure. La coureuse française de 34 ans, pionnière du cyclisme féminin moderne, prendra sa retraite sportive à la fin de la saison.

Elle refermera la page sur 18 ans passés au sein du peloton féminin avec, au passage, neuf titres de championne de France (deux en ligne, sept sur le chrono) et 21 succès professionnels au total. Un retour aussi après un accident vasculaire cérébral en septembre 2022. Juste après son passage dans Vélo Club, cette dernière a accepté de livrer quelques mots supplémentaires sur sa riche carrière.

Pouvez-vous nous raconter cette étape, la dernière de votre carrière sur le Tour de France ?

Audrey Cordon-Ragot : Aujourd'hui, c'était peut-être l'étape la plus dure de ma vie, je pense. J'ai rarement vécu ça sur un grand Tour. Je n'étais pas bien du tout et ça faisait déjà quelques jours que ça durait. J'avais peur ce matin de ne pas pouvoir le faire. J'ai pu savourer un peu parce que beaucoup de gens m'ont poussée. Ils m'ont aidée, finalement, à passer kilomètre après kilomètre. Mais on ne savoure que quand on a passé la ligne. C'était tellement un calvaire...

A quoi avez-vous pensé en passant la ligne, et maintenant ?

A tout ce que j'ai fait, au fait que c'est vraiment la dernière fois que je passe la ligne d'un Tour de France. Et puis, à tout ce qu'il me reste à faire aussi, parce que la saison n'est pas finie. J'ai envie d'aller chercher le maillot de championne du monde avec l'équipe de France sur le Team Relay. Je pense qu'on en est capable et je vais me focaliser là-dessus.

Certaines coureuses sont venues vous voir aujourd'hui et ont eu un mot pour vous ?

Oui. Beaucoup de filles m'ont dit que j'allais manquer au peloton. Je suis toujours une de celles qui savent faire des blagues et qui savent imposer une certaine rigueur quand il le faut. Je pense qu'à chaque fois qu'il y a une ancienne qui part, c'est, d'une certaine façon, une partie du peloton qui s'en va avec.

Quelle est votre plus grande fierté aujourd'hui quand vous regardez l'ensemble de votre carrière ?

C'est d'être restée moi. Je n'ai jamais joué. Je n'ai jamais été quelqu'un de différent. J'ai toujours assumé qui j'étais. J'ai toujours dit ce que je pensais, que ça plaise ou non. Dans ce milieu, il y a beaucoup de fausseté, beaucoup de gens faux, beaucoup de gens qui profitent des autres, et moi je ne suis pas comme ça. J'espère que je n'aurai jamais à l'être dans le futur.

On sent que vous avez vraiment envie de passer à autre chose. 

Je n'ai plus envie de souffrir. Le vélo, c'est tellement dur. Une personne qui n'est jamais montée sur un vélo ne peut pas comprendre ce que c'est. C'est bon, j'ai eu ma dose.

Doit-on s'attendre à ce que vous preniez vos distances avec le monde du vélo, au moins pour quelque temps ?

Non. Je pense que je roulerai peut-être moins, mais j'espère rester dans le monde du vélo. Je pense que j'ai encore des choses à faire. Mon expérience fera que des portes s'ouvriront. En tout cas, c'est ce que j'espère...

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