Tour de France femmes 2024 : partir des Pays-Bas est "un succès populaire garanti", d'après Marion Rousse, directrice de la course
A peine les Jeux olympiques terminés, une autre compétition majeure débute lundi 12 août. Pour sa troisième édition, le Tour de France femmes a choisi de s'élancer de l'étranger, depuis Rotterdam, aux Pays-Bas, une première dans l'histoire récente de la course. Un choix qu'est venu défendre une nouvelle fois Marion Rousse, la directrice de l'épreuve, à la veille du premier coup de pédale. Face aux journalistes, elle a également fait part de son optimisme quant au développement du cyclisme féminin.
Que représente pour vous le fait de partir des Pays-Bas ?
Marion Rousse : On n'a pas choisi par hasard notre premier grand départ à l'étranger. On a choisi les Pays-Bas parce que c'est une terre de vélo, une terre de championnes, et qu'il était important de venir célébrer ici. On sait que c'est un succès populaire garanti. On sait également que c'est une période compliquée post-Jeux olympiques. Pour toutes ces raisons, on est très heureux de partir depuis les Pays-Bas. On nous a fait un accueil royal. Quand je suis sortie de la gare, j'ai vu les panneaux "Tour de France femmes avec Zwift". On sent vraiment une effervescence. On voit déjà beaucoup de personnes présentes. On est ravis d'être ici et je suis impatiente de partir.
Que répondez-vous aux personnes qui disent que quatre étapes à l'étranger, c'est trop pour un Tour de France qui en compte huit ?
Il y a des adeptes et des gens qui sont contre, comme chez les hommes. Je le dis et je le répète, c'est une année particulière. Le fait de pouvoir partir de l'étranger, ça montre aussi le rayonnement du Tour de France femmes. On existe seulement depuis trois ans et déjà l'étranger nous appelle pratiquement chaque année. Après les Jeux olympiques, les forces de l'ordre ont été surchargées cet été. Si on pouvait les soulager en partant de l'étranger, c'était une bonne chose. On arrivera très vite en France.
Il y a trois blocs dans ce Tour de France femmes, avec trois premières étapes néerlandaises piégeuses...
Oui, je viens de croiser Stephen Delcourt, le manager de la formation FDJ-Suez. Il m'a dit : "J'ai tellement hâte de passer ces deux premiers jours de course, parce qu'on a envie d'arriver à des profils d'étapes qui nous correspondent un peu plus". C'est sûr que c'est tout plat. Il n'y a pas une seule difficulté, mais du vent est annoncé lundi. C'est le pays du vélo, avec les infrastructures qui vont avec, pas mal d'aménagements urbains. Les filles connaissent, pratiquant l'Amstel Gold Race chaque année. Je peux comprendre que ce soit stressant pour certains. Avec le maillot en jaune en jeu, évidemment que la première étape va être tendue.
"Huit étapes cette année, neuf l'année prochaine. Le Tour de France femmes continue d'évoluer"
Marion Rousse, directrice de la courseen zone mixte à Rotterdam
Les coureuses sont unanimes pour dire que cette édition sera la plus dure des trois. C'était votre volonté ?
On a tracé l'étape la plus dure de l'histoire du Tour de France femmes avec pratiquement 4 000 mètres de dénivelé et une arrivée à l'Alpe d'Huez. C'est un parcours un peu plus traditionnel. Il y a vraiment deux premières journées toutes plates en partant des Pays-Bas, une étape de classique avec l'arrivée à Liège, deux étapes typées puncheuses-baroudeuses et enfin un dernier week-end de haute montagne. On y va crescendo.
Demi Vollering est-elle l'ambassadrice parfaite pour le cyclisme féminin ?
Elle est exceptionnelle. Le début de saison a été un peu plus compliqué que d'habitude pour elle, mais depuis la Vuelta, elle est vraiment concentrée sur son objectif, le Tour de France femmes. C'est une très belle championne. Beaucoup de jeunes filles peuvent s'identifier à elle. Elle est très accessible aussi, très professionnelle dans sa démarche. On a une belle génération. On parle de Demi Vollering, mais Katarzyna Niewiadoma est aussi une fille très sympa, très fraîche en interview.
Juliette Labous, Evita Muzic... Côté français, on n'a pas à rougir non plus. Et puis, l'année prochaine, on aura le retour de Pauline Ferrand-Prévôt, qui est déjà connue et reconnue. Elle intégrera le Team Visma l'année prochaine avec l'objectif assumé de parvenir à gagner le Tour de France femmes un jour. On connait ses capacités et son tempérament. Elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour arriver à 100%. On est très contents de pouvoir l'accueillir l'année prochaine.
Quel message voulez-vous transmettre aux petites filles ?
De ne pas hésiter venir à la rencontre des championnes, de regarder le cyclisme féminin à la télévision. On parle des femmes, mais ça concerne les hommes également. Mon petit de 3 ans a regardé toutes les compétitions des JO. Derrière, il a pris son épée pour jouer à l'escrime. C'est génial de pouvoir être ici et de créer des vocations. Ce sont des athlètes avec de belles valeurs. Elles représentent aussi la femme d'aujourd'hui.
Le fait qu'on commence à parler de rumeurs de transferts est-il le signe qu'une nouvelle étape a été franchie ?
Complètement. Avant, je pense que si on demandait dans la rue le nom d'une cycliste professionnelle, le seul nom qui ressortait c'était Jeannie Longo. Les gens ont pris l'habitude et le goût de regarder du cyclisme féminin. Le marché des transferts est maintenant aussi intéressant que celui des hommes. On parle de grosses sommes qu'on n'aurait pas pu imaginer il y a trois ans [UAE aurait proposé un contrat de 1 million d'euros par an à Demi Vollering d'après NRC [article payant en néerlandais]) . C'est super, elles le méritent.
Le cyclisme féminin est encore un système économique hyper fragile. Elles ont bien galéré avant d'être reconnues à leur juste valeur. Je suis hyper contente de pouvoir y participer. On est retransmis dans plus de 190 pays dans le monde. Il y a eu un avant et un après. On a surtout envie de pérenniser l'épreuve, que dans cent ans on soit encore là.
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