Témoignages "Tu n'y crois jamais au final" : sur le Tour de France, le dépit des baroudeurs face au cyclisme "tout technologique"

Le classement général reste inchangé après la 12e étape du Tour, jeudi. Les baroudeurs, eux, ne cachent pas leur exaspération : les échappées n'ont plus la cote, la faute à l'omniprésence des capteurs de puissance et des oreillettes.
Article rédigé par Fanny Lechevestrier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le peloton sur la 12e étape du Tour de France, jeudi 11 juillet. (DAVID PINTENS / BELGA MAG)

Pas de changement au classement général à l'issue de la 12e étape du Tour de France, jeudi 11 juillet. Le Slovène Tadej Pogacar conserve le maillot jaune, devant le Belge Remco Evenepoel et le Danois Jonas Vingegaard. À Villeneuve-sur-Lot, au terme de 203 kilomètres de course, la victoire s'est jouée dans un sprint massif, qui s'est terminé par un troisième succès pour l'Erythréen Biniam Girmay. Pourtant, une fois de plus, quelques baroudeurs comme Valentin Madouas ou Anthony Turgis ont tenté de partir en échappée, en vain. Excepté sur les deux premières étapes, ils traînent leur spleen, battus d'avance. Ce qui agace une partie du peloton. 

Certains baroudeurs, comme Julien Bernard, partagent leur incompréhension et leur découragement. Échappé il y a deux jours, le coureur a vu l'équipe du maillot jaune, Tadej Pogacar, les condamner d'entrée de jeu. "J'ai du mal à comprendre des fois : tu mets deux heures à prendre l'échappée, tu es devant, tu n'y crois jamais au final."

Même constat jeudi : les échappés n'ont jamais eu plus de trois minutes d'avance sur le peloton. Les trentenaires du Tour de France ne se reconnaissent plus dans cette forme de cyclisme tout en maîtrise. "C'est triste pour notre sport, se désole le grimpeur Warren Barguil. Quand je vois que sur une échappée de transition où c'est tout plat, il n'y a qu'un seul coureur et qu'on lui laisse juste une minute... Franchement, je trouve ça vraiment débile." 

"Quand on sait qu'on va tout maîtriser, il ne se passe rien"

Le "tout technologique", avec notamment les capteurs ou les oreillettes, est pointé du doigt : il robotise la course et laisse moins de place à l'instinct des coureurs, d'après Marc Madiot, manageur de la Groupama-FDJ : "On veut la modernité du sport, on l'a ! On a les oreillettes, les capteurs de puissance, on a tous les instruments qui permettent de maîtriser et contrôler la course... Quand on est dans ces schémas-là, quand on sait qu'on va tout maîtriser, tout contrôler, il ne se passe rien."

Concernant les oreillettes, l'Union cycliste internationale a annoncé tester leur interdiction dans certaines courses, à partir du 1er août. Le risque, au-delà du dépit des baroudeurs, est aussi d'avoir des étapes de plus en plus stéréotypées et ennuyeuses. Le scénario devrait se reproduire encore vendredi 12 juillet, sur la 13e étape. Le circuit de 165 kilomètres, d'Agen à Pau, verra les sprinteurs traverser la cité de Henri IV. 

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