Tour de France 2023 : dès leur première explication, Jonas Vingegaard a assommé Tadej Pogacar
A l'issue du tryptique basque, on pensait Tadej Pogacar régénéré. Sans vraie course de préparation depuis sa chute lors de Liège-Bastogne-Liège, le Slovène avait entamé ce 110e Tour de France pied au plancher, harcelant son rival Jonas Vingegaard sans jamais parvenir à le faire céder. Mais la première étape de haute montagne a tout balayé, mercredi 5 juillet. Lors d'une journée explosive, la formation UAE-Emirates de Pogacar, qui comptait en ses rangs le maillot jaune Adam Yates, a tenté de tout contrôler, et s'est finalement fait contrer.
Dans la dernière ascension du jour, la formation Jumbo-Visma du Danois a appuyé sur l'accélérateur, isolant le Slovène, avant que le dernier étage nommé Vingegaard ne décroche Pogacar, qui accuse au final 1'04'' de retard sur la ligne, alors que le Danois n'a attaqué qu'à 760 mètres du sommet du col de Marie-Blanque. Presque un gouffre. "Le but était d’avoir des gars dans l’échappée, au final ils étaient trois. Nous pensions que ce n’était pas l’étape parfaite pour moi, mais j’avais de bonnes jambes. J’ai voulu le tester un peu, je me sentais bien, je suis surpris qu’il n’ait pas pu me suivre", a retracé à l'arrivée Vingegaard, grand bénéficiaire du jour derrière le nouveau maillot jaune Jai Hindley.
53 secondes de retard au général
Journée parfaite donc pour Jumbo-Visma, qui relègue le double vainqueur du Tour à 53 secondes après seulement cinq étapes ? "Une journée parfaite aurait été si on avait gagné l’étape, mais je pense qu’on peut être très content. Sepp Kuss et toute l’équipe ont fait un très bon travail en mettant la pression sur les adversaires, en gardant le rythme. A la fin, Jonas a essayé d’attaquer et il a pu lâcher Pogacar", s'est satisfait son directeur sportif Grischa Niermann.
Vigilant depuis samedi, Vingegaard s'était contenté de suivre le zébulon slovène jusque-là. Après avoir jaugé son rival, il a frappé très fort dès la première explication dans les cimes mercredi. "Jonas est très fort depuis un moment, au Dauphiné il était très, très fort (vainqueur). C'est un bon signe, mais on a fait que cinq étapes, le chemin est encore long", a rappelé son coéquipier Christophe Laporte.
Pour Pogacar, le coup de massue est sévère. Scotché à la pente, rattrapé même ensuite par un groupe de favoris, "Pogi" a encore été décramponné par Vingegaard, et n'a pour l'instant jamais trouvé la solution pour le lâcher. "J’ai essayé de tenir le plus possible dans l’ascension, mais il était trop rapide. On ne peut rien faire dans ces cas-là, quand il y en a un qui est plus fort que vous dans une journée comme ça. C’est un coup dur mais c’est la première étape de montagne. On va continuer de se battre chaque jour, j’espère que les jambes tourneront mieux que Jonas la dernière semaine", a tenté de positiver le lutin de Komenda.
Pogacar n'a plus lâché Vingegaard depuis deux ans sur le Tour
Car ce qui était redouté s'est passé : avec des Pyrénées placées aussi tôt dans la course, Tadej Pogacar, qui manquait de rythme après sa chute, s'exposait à être rapidement pris à défaut, sans avoir le temps de monter en puissance. "On espérait avoir la confirmation que Pogacar était en très bonne condition. C'était le cas sur les deux premières étapes, mais aujourd'hui, la haute montagne a dit la vérité. Vingegaard est au top de sa forme, Pogacar pas encore", constate Mauro Gianetti, manager d'UAE Team Emirates. "Oui l’entraînement a pris du retard cette année, donc je devrais me sentir mieux dans la dernière semaine normalement", a ambitionné Pogacar, 6e du général mercredi soir.
Il lui faudra rapidement retrouver son niveau afin d'éviter, malgré sa décontraction apparente tous les jours, de nourrir un complexe psychologique face au Danois. La donne est simple : pour trouver la dernière fois qu'il a décroché Vingegaard de sa roue en montagne, il faut remonter à la 9e étape du Tour... 2021, à Tignes, soit deux ans et un jour. Il avait pris 32 secondes au Danois, intronisé ce jour-là leader de la Jumbo-Visma après l'abandon de Primoz Roglic la veille. Le premier jour du reste de leur vie, tout comme le premier de leur rivalité naissante. Depuis ce jour, sur le Tour de France, Pogacar tente mais Vingegaard a toujours le dernier mot.
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