Tour de France 2024 : "Je le vois très fort, il monte vraiment en puissance", le peloton donne l'avantage à Jonas Vingegaard avant les Pyrénées
Après leur première explication sur les pentes du Galibier lors de la 4e étape, puis leur mano a mano au Lioran dans la 11e, Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard entament le dernier gros morceau du Tour de France, samedi 13 juillet, avec les Pyrénées à gober avant la journée de repos. Ces 14e et 15e étapes s'annoncent déterminantes et franceinfo: sport a donc sondé les coureurs du peloton pour connaître leur impression sur les deux grands favoris, mais aussi sur le Belge Remco Evenepoel, qui pourrait jouer les trublions.
Avec 1'14" d'avance sur son rival danois, le Slovène dispose d'une marge qui est respectable mais loin d'être décisive. "J'ai une bonne avance et je me sens très bien. Il ne faut pas non plus s'enflammer et maintenir cette avance. Si j'ai des opportunités, je les saisirai mais ce n'est plus à moi de faire la course et d'attaquer", disait le maillot jaune vendredi soir à l'arrivée de la 13e étape. Attaquer justement, c'est ce qu'il a fait sans relâche depuis le départ de Florence, en Italie, le 29 juin.
Pogacar, la confiance et les doutes
Mais 14 étapes plus tard, le zébulon slovène aborde les Pyrénées avec autant de confiance que de doutes face au niveau de Jonas Vingegaard. Impossible de savoir comment il est humainement faisable que le Danois se trouve aujourd'hui à un tel niveau, alors qu'il était sur un lit d'hôpital il y a moins de trois mois. Mais il y est. "C'est impressionnant le niveau que Jonas Vingegaard a réussi à retrouver après son accident", estime le champion de France Paul Lapeira.
Parmi les coureurs interrogés au départ vendredi, la majorité penche pour le Danois, qui a rassuré sur son état de forme. "Je vois Vingegaard très très fort, il monte vraiment en puissance et ce week-end, il va tenter je pense", observe Warren Barguil. "Je pense que ça peut s'inverser entre eux en troisième semaine. Il y aura peut-être la fatigue du Giro pour Pogacar, ou pas. C'est aussi ça qui va peser", estime le Breton.
Axel Zingle, le puncheur-sprinteur de Cofidis, toujours pointu dans ses analyses, va même plus loin en décortiquant l'étape de mercredi au Lioran. "Vingegaard a perdu quelques mètres sur le punch. Mais les trente secondes qu'il a perdues ensuite, c'était plus sur un profil descendant. Par contre, on a vu que dans la montée d'après qui était plus longue, il a su refaire son retard", rappelle l'Alsacien.
"Je pense que Tadej Pogacar n'est pas hyper serein et que ça peut s'inverser en troisième semaine. C'est possible qu'il ait chaud aux fesses à un moment donné."
Axel Zingle, coureur Cofidisà franceinfo: sport
Pour lui, le Danois aura l'avantage sur le Slovène dans les cols longs sur la fin du Tour. "Pour avoir vu les estimations de puissance, Jonas Vingegaard est monté à la même allure que dans la bosse précédente, mais c'était deux fois plus long. Donc à mon avis, il est un cran au-dessus sur les longues ascensions et ça devrait se vérifier ce week-end", s'avance Axel Zingle.
Avec le colossal Tourmalet (19 km à 7,4%) et le Plat d'Adet (10,6 km à 7,9%) samedi, puis l'arrivée au plateau de Beille dimanche (15,8 km à 7,9%), le Danois aura le terrain de jeu idoine pour ses qualités de grimpeur résistant.
D'autant que la formation UAE-Team Emirates de Tadej Pogacar a perdu vendredi Juan Ayuso, 9e au général avant son abandon. Un renfort en moins, alors que son équipe domine pour l'instant celle du Danois. "Je pense que mon équipe est très forte. Nous n'avons juste pas eu encore la possibilité de le montrer, mais nous allons le faire à un moment. Je suis vraiment confiant dans l'équipe", a prévenu Jonas Vingegaard vendredi.
Evenepoel peut-il contrarier le duo ?
L'an III du duel Pogacar-Vingegaard, qui n'a pour l'instant été que des secousses sans vrai tremblement, peut-il être perturbé par un troisième homme ? Primoz Roglic éjecté de la course, Remco Evenepoel s'avance comme le seul capable d'arbitrer, par moments, ce duel. "Ça va être un beau duel, après il ne faut pas oublier Remco Evenepoel. C'est un très bon coureur qui va monter en puissance, il y a moyen qu'il fasse un très gros truc. Ce ne sera pas mal qu'il soit au milieu pour les arbitrer", estime le grimpeur pyrénéen Bruno Armirail.
Le Belge, qui a pour l'instant craqué à chaque fois avant Jonas Vingegaard face aux coups de semonce de Tadej Pogacar, pourrait perturber l'entreprise de démolition progressive du Danois. Il semble avoir trouvé en Tadej Pogacar un allié de style et de circonstance face au scrupuleux Danois. "Je pense qu'Evenepoel peut être le troisième homme. Il va perdre un peu de temps dans les montées raides. Mais dès qu'il y aura des occasions, il va faire le spectacle. Le podium est quasiment assuré donc il tentera", poursuit Bruno Armirail.
Reste que l'issue est, comme tous les ans, incertaine avant d'avoir avalé les Alpes et les Pyrénées. Qui gagnera cette 111e édition ? Il est encore trop tôt pour le dire, et Paul Lapeira hésite, comme beaucoup. "Pas facile. Chacun a ses qualités, mais je dirais quand même Pogacar."
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