Tour de France 2024 : le défi de Jonas Vingegaard, au départ sans le moindre jour de compétition depuis sa grave chute

Moins de trois mois après sa lourde chute sur le Tour du Pays basque, le double vainqueur en titre avance dans le flou à l'heure du départ de la Grande Boucle en Italie, samedi.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Jonas Vingegaard le jour de la présentation des équipes du Tour de France, à Florence, le 27 juin 2024. (GIANLUCA RICCI / LIVEMEDIA / AFP)

Un champion qui navigue à vue. Tout juste de retour d’une longue blessure et alors que le doute a longtemps pesé autour de sa participation, Jonas Vingegaard sera bien présent en Toscane, à Florence (Italie), pour le Grand départ du Tour de France, samedi 29 juin. Le Danois, vainqueur sans trembler de la dernière édition, défendra bien son double titre sur les routes d’Italie et de France, dans un nouvel affrontement attendu avec Tadej Pogacar.

Mais le coureur Visma - Lease a bike s’avance dans le flou. Samedi, il prendra le départ pour trois semaines d’épreuve après un contre-la-montre personnel pour pouvoir être présent, autant en quête de résultats que de certitudes.

Des blessures lourdes et une longue hospitalisation

Il va notamment devoir se tester sur son état physique et sa capacité à encaisser les trois semaines de course, après avoir été victime d’un pneumothorax, d’une fracture de la clavicule et de plusieurs côtes lors de sa chute sur le Tour du Pays basque, dans la descente du col d'Olaeta, d'où il avait dû être évacué sur civière et sous assistance respiratoire. "Un jour sur deux, tu te dis que ça va aller, l’autre pas. J’étais dans un état où mon avis sur moi-même évoluait énormément d’un jour à l’autre", a expliqué le double vainqueur en titre en conférence de presse en marge de la présentation des équipes, le jeudi 27 juin.

Le Danois pourrait traîner quelques traces de son accident. "Il peut encore avoir quelques douleurs liées au cadre osseux, aux fractures, souligne Roger Rua, médecin spécialisé dans le sport. Au niveau activité physique, avoir été touché proche de l’appareil respiratoire pourrait amener une certaine gêne pour un sportif. Mais au-delà de trois mois, je pense que c’est presque négligeable pour un sportif de son niveau."  

D’autant que l'organisme du Danois va être rapidement mis à dure épreuve, comme pour tout le peloton, avec deux premières étapes longues (206 et 199,2 kilomètres), au profil accidenté. Entre Florence et Rimini, puis Cesenatico et Bologne, les routes italiennes pourraient être le théâtre de premières attaques et de premières différences, notamment sous l'impulsion de la formation UAE Team Emirates de Tadej Pogacar.

Une préparation forcément compliquée

Au-delà des séquelles des blessures, sa préparation pour le rendez-vous a aussi été tronquée. Le coureur Visma - Lease a bike a passé douze jours à l’hôpital en Espagne et a repris l’entraînement plus d’un mois après sa chute, le 7 mai. "Je suis resté alité deux semaines, ce n’est pas bon d'être aux soins intensifs deux semaines, a-t-il rappelé face aux médias. J’ai perdu pas mal de choses et j’ai dû m'entraîner pour récupérer mon état de forme. Je ne sais pas comment je vais résister sur trois semaines". "Au niveau du cyclisme, il y a un suivi longitudinal. On voit bien que, quand il y a des interruptions assez longues, le niveau moyen de la performance physique diminue très vite, et c’est long à rattraper", approfondit Roger Rua.

En outre, Jonas Vingegaard va démarrer la 111e édition du Tour sans jour de compétition dans les jambes. "Nous faisons attention parce qu’il n’a pas pu courir, et sa préparation n’a pas été idéale", rappelait son directeur sportif Merijn Zeeman dans le communiqué d'annonce de l'équipe. Sans oublier l'aspect mental et une aisance à retrouver dans le peloton, surtout en descente. a reste un être humain, il peut avoir la crainte de la chute, l’appréhension, c’est compliqué à gérer. Je pense qu’il a pu être suivi par un psychologue pour ça", estime Roger Rua.

S'il est forcément cité parmi les favoris à la victoire finale, lui qui a empoché les deux dernières éditions, le Danois veut avant tout savourer sa présence sur ce grand départ, "déjà une victoire en soi". Il a souligné avoir "bien travaillé" et ne pas "être en mauvaise forme". Il n'a surtout pas écarté l'éventualité de "gagner en puissance pendant la course". Mais sans vraiment se fixer un objectif absolu de sacre final. "Mon ambition, c’est de faire le mieux possible au classement général. Pour être honnête, la chute a été très lourde, et le simple fait d’être là me rend heureux. Tout ce qui viendra, je le prends comme un bonus."

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