Tour de France 2024 : pourquoi le peloton met-il du temps à trouver son patron du sprint ?

En quatre arrivées au sprint, trois coureurs différents se sont imposés. Une situation bien différente de la domination de Jasper Philipsen l’an dernier.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel - envoyée spéciale à Troyes
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Les sprinteurs à l'arrivée de la sixième étape du Tour de France à Dijon (Côte-d'Or), le 4 juillet 2024. (JASPER JACOBS / AFP)

L'exercice semble plus que jamais ouvert : depuis la première arrivée massive à Turin, trois coureurs ont levé les bras en quatre sprints massifs sur ce Tour de France. Alors que la 10e étape, mardi 9 juillet, semble à nouveau promise aux sprinteurs, de nombreuses équipes espèrent inscrire leur nom au palmarès de cette 111e édition.

Biniam Girmay (Intermarché-Wanty), le seul à avoir levé les bras à deux reprises, commence à prendre l'ascendant dans l'exercice. Mais pourquoi le peloton met-il du temps à se trouver un patron dominateur au sprint ?

Parce que le plateau de sprinteurs est relevé et concerne beaucoup d'équipes

Dans la caravane de la Grande Boucle, le constat est unanime. Cette année, le plateau de sprinteurs présents sur les routes de France est particulièrement relevé. "Le niveau du peloton est très homogène, que ce soit chez les leaders du classement général ou chez les sprinteurs, avec des équipiers dédiés", assure Benoît Génauzeau, directeur sportif de TotalEnergies. Qui dit plateau relevé, dit multitude de candidats pour jouer la victoire au sprint.

Biniam Girmay (Intermarché - Wanty) lève les bras pour la deuxième fois sur ce Tour de France 2024. L'Érythréen a réglé au sprint à Colombey-les-Deux-Eglises Jasper Philipsen (Alpecin - Deceuninck) et Arnaud de Lie (Lotto Dstny).
Étape 8 : Biniam Girmay remporte sa deuxième étape Biniam Girmay (Intermarché - Wanty) lève les bras pour la deuxième fois sur ce Tour de France 2024. L'Érythréen a réglé au sprint à Colombey-les-Deux-Eglises Jasper Philipsen (Alpecin - Deceuninck) et Arnaud de Lie (Lotto Dstny).

D'autant que cette densité de sprinteurs concerne presque toutes les équipes engagées dans cette édition 2024. "A l'exception d'Education First, de Groupama-FDJ et des équipes qui jouent le général, tout le monde a un sprinteur", rappelait ainsi Biniam Girmay, interrogé sur la concurrence après sa deuxième victoire, samedi. "L'année dernière, il y avait une domination de Philipsen, ça pouvait peut-être en décourager certains. Là, le match est un peu plus ouvert, donc forcément, toutes les équipes qui ont de très bons sprinteurs ne veulent pas louper les occasions", analyse Benoît Génauzeau.

Parce qu'aucune équipe n'arrive à imposer son train

Depuis le début de ce Tour, aucun train n'est sorti du lot pour lancer son sprinteur dans les meilleures conditions. "Il n'y a pas un train qui domine et qui est capable de mettre tout le monde en ligne. C'est difficile, ça roule tellement vite", estime Vincent Lavenu, directeur général de Décathlon-AG2R, qui cite Intermarché-Wanty et Lotto Dstny parmi les plus en vue. 

Depuis le départ, les arrivées au sprint ont été globalement désordonnées, plutôt que maîtrisées par les trains mis en place pour lancer les sprinteurs. "Les sprints sont beaucoup plus décousus. Les premiers, ça allait dans tous les sens, il n'y avait plus grand monde pour emmener. On a vu des purs sprinteurs se faufiler de droite à gauche, ça fait des sprints assez dangereux, d'ailleurs", constate Vincent Lavenu.

La première arrivée au sprint à Turin a notamment été marquée par une chute à deux kilomètres de la ligne. Le lendemain, à Saint-Vulbas, quelques secondes avant que Mark Cavendish ne décroche sa 35e victoire record, Mads Pedersen a chuté dans les derniers mètres. Samedi encore, à Colombey-les-Deux-Eglises, Axel Laurance, présent dans le train de Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck) évoquait une arrivée "bordélique", avec "un peu de chaos dans le peloton"

Parce que le patron de l'année dernière est moins en vue

Impérial l'été dernier, quand il avait gagné les trois premières arrivées au sprint (pour quatre succès en tout), Jasper Philipsen attend encore de connaître sa première victoire dans cette édition. Pour l'instant, le sprinteur belge n'est pas vraiment dans le coup. Pris dans la chute à Turin, il a ensuite été déclassé après l'arrivée de la 6e étape à Dijon pour avoir poussé son compatriote Wout Van Aert (Visma-Lease a bike). Son train, si dominateur l'an passé, semble avoir lui aussi un peu déraillé et s'est montré moins efficace.

"Il y a toujours une petite part de chance dans tout. Pour l'instant, on en a peut-être manqué. La première étape, on a eu de la malchance avec la chute et la crevaison de Mathieu [van der Poel]", a expliqué son coéquipier Silvan Dillier à l'arrivée de la 8e étape, où le Belge est allé chercher la deuxième place, sa meilleure performance. "On a juste besoin d'un petit plus de chance et ça va venir", assurait également ce dernier. Dans ce cas, il pourrait s'ajouter à cette variété de sprinteurs en réussite.

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