Tour de France 2024 : Tadej Pogacar, quatre raisons de croire au premier doublé Giro-Tour depuis 1998
Ce clin d'œil là, le Tour de France 2024 ne l'avait pas forcément prévu. La Grande Boucle conclura sa première étape à Rimini, lieu du décès de Marco Pantani en 2004. Le "Pirate", justement, fut le dernier à réaliser le doublé Giro-Tour en 1998. Un défi colossal auquel s'attaque cette année Tadej Pogacar, qui a plusieurs arguments pour y parvenir.
Une confiance au zénith
14 victoires, le Giro, un Monument... En seulement deux mois, Tadej Pogacar a anéanti la concurrence. Le Slovène de 25 ans, qui n'est plus éligible au maillot blanc de meilleur jeune sur le Tour, n'a raté aucun de ses objectifs : il s'est imposé sur sa course de rentrée, les Strade Bianche, après une échappée solitaire de 80 kilomètres. Il n'a également laissé aucune chance à ses adversaires sur Liège-Bastogne-Liège.
Pas plus que sur le Tour d'Italie, qu'il a dominé sans pitié alors qu'il le découvrait, avec le général et six étapes en poche. Le tout sans jamais avoir l'impression de s'employer. "J’ai l’impression d’avoir encore progressé depuis le Giro. J’ai testé un peu mes jambes et pour être honnête, je ne me suis jamais senti aussi bien sur un vélo", a-t-il expliqué jeudi.
De quoi l'amener à Florence bardé de confiance. Le Slovène, qui a remporté 77 victoires en seulement cinq ans et demi, a toujours eu l'habitude d'arriver en confiance au Tour. Mais jamais avec un tel pourcentage de réussite.
Une gestion du calendrier idéale
Pour réaliser ce doublé Giro-Tour, la clé réside dans la fraîcheur. Enchaîner deux Grands Tours aussi rapprochés est déjà difficile, gagner les deux demande une gestion méticuleuse des efforts. Pour y parvenir, Tadej Pogacar a changé son programme de course cette saison. Il a repris plus tard et n'a couru que cinq courses, qu'il a survolées.
Du 26 mai, date de fin du Tour d'Italie, au 29 juin, il aura disparu de la circulation pour limiter ses coups de pédale en compétition au maximum.
"La récupération mentale est aussi importante que celle du physique. Après le Giro, j'ai regardé beaucoup de bonnes séries, le temps est passé vite. Il y avait ce point d’interrogation du Covid et finalement je me suis bien remis. Je suis ressourcé et prêt à préparer le Tour", a dévoilé le Slovène.
Avec seulement 31 jours de course au départ du Tour, la question de la fatigue ne devrait pas être un facteur déterminant, hormis en troisième semaine. Mais ce sera la partie du parcours la plus délicate de cette 111e édition.
Une équipe exceptionnelle autour de lui
La sélection pour l'entourer au Tour de France fait froid dans le dos des adversaires du Slovène. Le manager Mauro Gianetti a placé tous ses meilleurs éléments autour de lui afin de réaliser le doublé. "J’ai une super équipe, probablement une des plus fortes qu’on ait jamais vue sur un Tour", a-t-il affirmé jeudi à Florence.
Les infatigables rouleurs polyvalents Tim Wellens et Nils Politt, deux coureurs solides en moyenne montagne avec Marc Soler et Pavel Sivakov, et une garde rapprochée d'excellence, avec trois "superstars de la montagne" déjà montées sur le podium d'un Grand Tour : Adam Yates, Joao Almeida et Juan Ayuso.
Deux incertitudes cependant : l'état de forme d'Ayuso, qui a quitté le Dauphiné sur chute, et la cohabitation entre autant de leaders si le Slovène venait à caler. Mais dans une configuration optimale, même l'armada de Visma-Lease a bike pourrait avoir du mal à tenir le rythme.
Une concurrence sans certitudes
La formation néerlandaise, justement, arrive à Florence avec beaucoup d'interrogations, notamment sur la forme de son leader Jonas Vingegaard, qui retrouvera la course après une très lourde chute début avril. "Le simple fait d’être là me rend heureux. Tout ce qui viendra, je le prends comme un bonus", a expliqué le Danois jeudi.
Le double tenant du titre a, en plus, perdu beaucoup de lieutenants habituels avec les forfaits de Sepp Kuss, Steven Kruijswijk et Dylan van Baarle. La présence de Wout van Aert, non prévu à la base, semble indispensable pour contrer UAE Team Emirates, mais cela pourrait ne pas suffire. C'est en tout cas l'avis de Marc Madiot, l'emblématique manager de la Groupama-FDJ.
"Au Giro, Pogacar a plié le match le plus vite possible pour être sur la réserve. Là, il y a un parcours qui s’y prête. S’il peut sentir que Vingegaard peut être un peu en dedans lors des premières étapes, moi je suis lui, j’en profite."
Marc Madiot, manager de la Groupama-FDJ
Primoz Roglic (Red Bull-BORA-hansgrohe), récent vainqueur au Dauphiné, semble, lui, bien prêt pour ce Tour, mais son équipe évolue un cran en dessous de la formation émiratie. Quant à Remco Evenepoel (Soudal-Quick-Step), les chronos devraient l'avantager. Un peu juste en montagne sur le Dauphiné, il a annoncé être désormais au niveau : "Ma confiance n'était pas partie car je savais que j'étais encore dans une ligne montante pour la forme."
Si Jonas Vingegaard n'est pas au niveau attendu, qui pourra empêcher Tadej Pogacar d'aller chercher un doublé qui lui tend les bras ? "Tout le monde pense que je vais gagner le Tour chaque année, mais je n’ai pas gagné les deux derniers, rappelle le Slovène. Chaque année, je gagne en maturité, j’apprends de mes erreurs. Il y a évidemment beaucoup de pression, mais les diamants se forment sous la pression. Je crois que je suis dans une bonne position, mais nous verrons."
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