Cet article date de plus de deux ans.

Tour de France 2022 : la ferveur au Danemark, le duel Vingegaard-Pogacar, la gestion du Covid-19... Ce qu'on a aimé et moins aimé lors de cette 109e édition

Le Tour de France 2022 s'est achevé dimanche sur les Champs-Elysées avec la victoire finale de Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma).

Article rédigé par Théo Gicquel, Hortense Leblanc - De nos envoyés spéciaux
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le peloton du Tour de France 2022, lors de la 19e étape, le 22 juillet, entre Castelnau-Magnoac et Cahors. (THOMAS SAMSON / AFP)

Clap de fin sur la 109e édition du Tour de France. Les coureurs ont clos une Grande Boucle passionnante, dimanche 24 juillet. L'équipe Jumbo-Visma a raflé quasiment tous les maillots distinctifs tandis que certaines formations ont déçu. Sur le bord des routes, les images de ferveur au Danemark et dans les cols resteront gravées dans la mémoires des coureurs et des téléspectateurs de ce Tour de France, qui n'a malheureusement pas été épargné par le Covid-19. 

ON A AIMÉ

Une ferveur incomparable au Danemark

L'ensemble du peuple danois a-t-il convergé vers le parcours du Tour de France, début juillet ? C'est en tout cas l'impression qu'il nous a donnée, tant la foule était nombreuse au bord des routes tout long des trois étapes au Danemark. Un public forcément source de motivation pour les coureurs, mais également de fatigue, tant le bruit au bord des routes était constant sur les centaines de kilomètres du parcours. 

Et si, du côté sportif, les premières étapes ne comportaient pas de grandes difficultés, les Danois ont pu compter sur l'un des leurs, Magnus Cort-Nielsen, pour animer la course. Le coureur de l'équipe EF Education-EasyPost s'est offert le luxe d'ouvrir la route, allant même conquérir le maillot à pois qui a fait la fierté de ses compatriotes. 

Un duel Vingegaard-Pogacar haletant 

Tous les deux ont passé les pièges de la première semaine, pour mieux se livrer une bataille acharnée durant la suite de l'épreuve. Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, déjà leaders du classement général l'année dernière, se sont à nouveau disputé le maillot jaune sur le parcours de l'édition 2022. C'est le Slovène qui a revêtu la précieuse tunique en premier, mais le double tenant du titre a dû l'abandonner, victime d'une fringale, dans l'ascension du col du Granon. Victorieux au sommet de cette étape déjà devenue légendaire, Jonas Vingegaard s'est emparé du maillot jaune et ne l'a plus lâché malgré les nombreuses attaques de Pogacar. 

Le coureur d'UEA-Team Emirates a lancé des offensives partout où il le pouvait pour réduire son écart au classement général, sans pour autant réussir à lâcher le Danois, scotché à sa roue. Les deux hommes se sont finalement partagés les deux dernières victoires d'étape en montagne, dans les Pyrénées, mais leur jeune âge (Pogacar a 23 ans, Vingegaard 25) nous promet de nouvelles batailles dans les années à venir.

Le panache de Wout van Aert

Avec trois victoires d'étape au compteur, le Belge est vorace. Et encore, Wout van Aert a terminé quatre fois deuxième sur ce Tour de France. Pour la première fois de sa carrière, le puissant coureur de la Jumbo-Visma a également revêtu le maillot jaune, durant quatre jours, avant de le perdre avec panache entre Binche et Longwy. 

Pas de jaune ? Tant pis, le Belge s'est rabattu sur le maillot vert, très rapidement acquis, et a été en position de se battre pour le maillot à pois de meilleur grimpeur lors de l'arrivée à Hautacam, qu'il n'a finalement pas obtenu puisqu'il s'est mis au service de Jonas Vingegaard. "Wout est incroyable. Il a toujours très envie de gagner, mais il est aussi un coureur d'équipe. Vous pouvez compter sur lui", résumait son coéquipier Sepp Kuss. 

Un parcours sans temps morts

Alors que les étapes au Danemark n'avaient pas tenu toutes leurs promesses (sans bordures, notamment sur le Pont du Grand Belt), le Tour s'est animé dès son retour en France. Les attaques incessantes de Wout van Aert y sont certainement pour quelque chose, tout comme le rythme imprimé par le peloton, le plus élevé de l'histoire du Tour de France avec une vitesse moyenne de 42,114 km/h. En montagne, le duel entre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar a passionné et la force mentale des sprinteurs pour rentrer dans les délais a impressionné. Même dans les étapes de plaine, la Grande Boucle s'est avérée animée grâce aux échappées dans lesquelles se sont souvent glissés des coureurs de renom. 

ON A MOINS AIMÉ

La frilosité de certaines équipes 

Si Jumbo-Visma, UAE-Team-Emirates ou EF-Education EasyPost ont montré le maillot, d'autres formations se sont montrées très discrètes. La formation Bahrain-Victorious, dans l'œil du cyclone après les perquisitions avant le grand départ de Copenhague, a été presque invisible et a fait oublier ses trois victoires de l'an dernier. Damiano Caruso, Dylan Teuns ou Matej Mohoric ont traversé ce Tour dans l'ombre.

La formation Movistar, grande animatrice du Tour à l'époque de Valverde et Quintana, semble bien loin de son lustre d'antan, malgré les tentatives du prometteur Jorgenson et de l'accrocheur Mas. Astana semble également rentrer dans le rang et ne "sauve" son Tour qu'à la faveur de l'excellente troisième semaine d'Alexey Lutsenko. Mais les Kazakhstanais n'ont inquiété personne.

Ineos-Grenadiers n'a, elle, pas raté son Tour avec la 3e place de Geraint Thomas, mais la formation britannique a plus cherché à conserver son podium qu'à renverser la course pour la gagner. Enfin, on aurait aimé voir un peu plus à l'attaque Pierre Rolland et Franck Bonnamour, le super combatif du Tour 2021, qui n'ont pas su peser sur la course.

Une gestion du Covid-19 difficile à lire

Le Covid-19 n'a pas terrassé cette 109e édition mais il a bouleversé l'équilibre de la course. Certaines équipes, comme AG2R-Citroën et UAE-Team-Emirates, ont été décimées, quand d'autres n'ont connu aucun cas positif.

La "bulle" autour des coureurs fut également source de questions. Très attentives au port du masque et aux gestes barrières, les équipes ont dû composer avec un public non-masqué et parfois très proche d'eux. Une situation qui a incité l'organisateur ASO à bloquer, après une semaine, l'accès aux bus des équipes au départ aux journalistes et invités… alors qu'il était toujours accessible à l'arrivée.

Le barème du maillot à pois

Le maillot à pois a-t-il perdu sa saveur ? Alors qu'il était auparavant dévolu à un baroudeur au long cours capable de jouer avec les meilleurs, il semble être aujourd'hui dans une situation bancale. En enlevant les points doublés au sommet des cols hors-catégorie, ASO voulait éviter de voir un favori le porter par défaut. Raté puisque le maillot jaune Jonas Vingegaard en sera le lauréat…sans jamais le porter.

A l'inverse, le scénario est cruel pour Simon Geschke, son valeureux porteur pendant neuf étapes, qui l'a perdu pour quelques points lors du dernier col de cette édition, à Hautacam. Mais c'est aussi symptomatique : lui qui n'est pas un pur grimpeur n'avait passé en tête que deux cols de 1ere catégorie, et s'exposait donc à le perdre. Le Tour de France semble donc avoir du mal à ajuster sa formule : comment éviter de le voir confisqué involontairement par les favoris tout en consacrant un pur grimpeur ?

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.