Tour de France 2022 : on vous explique la démonstration de force de la Jumbo-Visma pour faire craquer Tadej Pogacar lors de la 11e étape
La formation néerlandaise a effectué un long travail de sape pour isoler le Slovène et s'adjuger la victoire d'étape, mercredi au sommet du col du Granon.
Il fallait être rodé et rigoureusement astucieux pour faire lâcher du lest à Tadej Pogacar. L'ogre slovène de l'UAE Team Emirates, double vainqueur du Tour, paraissait intouchable. Il a pourtant craqué, mercredi 13 juillet, après un coup de force de Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) à quatre kilomètres de l'arrivée au col du Granon, lors de la 11e étape. Ce dernier compte désormais 2'22" d'avance sur son rival, relégué au troisième rang.
Sans rien enlever à la pugnacité de l'attaque du Danois, elle n'aurait pas été aussi tranchante sans un travail de sape collectif destiné à user le Slovène tout au long de l'après-midi. "La Jumbo a fait une exhibition incroyable" a reconnu, beau joueur, Mauro Gianetti, le directeur sportif d'UAE. La tactique dressée par la formation néerlandaise était claire : il fallait, coûte que coûte, isoler Tadej Pogacar.
Primoz Roglic, le leader devenu équipier
Dès le kilomètre zéro, le remuant Wout van Aert s'est placé dans une échappée avec le futur démissionnaire Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck). Le but était, alors, de dicter le ton de la course. Christophe Laporte les a vite rejoints, dans un groupe de 20 coureurs sans aucun UAE. Un scénario largement prémédité par la Jumbo, comme l'a expliqué Vingegaard sur France 2 : "Le plan a toujours été de lui [Pogacar] mettre la pression lors de ces deux étapes. On les avait déjà repérées, donc on avait deux personnes dans l'échappée."
Le remue-ménage a réellement commencé au pied du col du Télégraphe, à plus de 70 kilomètres du Granon. Porté par Tiesj Benoot, Primoz Roglic a asséné une première attaque, obligeant "Pogi" à suivre sa roue. Souvent questionnée sur sa stratégie bicéphale, la Jumbo l'a ici parfaitement mise à profit. Même si Vingegaard était mieux placé au général, Roglic (13e, à moins de 3 minutes au départ de l'étape) représentait aussi une menace. Pas question pour le maillot jaune, donc, de le laisser filer. "Je remercie évidemment Primoz Roglic", a salué le Danois après sa victoire.
Quatorzième à 13 minutes de son coéquipier, le Slovène a sacrifié ses rêves d'arborer la tunique dorée sur les Champs-Elysées. Il va désormais épauler le natif d'Hillerslev dans sa quête de la victoire finale.
Une supériorité numérique exploitée
Dans la descente du Télégraphe, la Jumbo a une nouvelle fois accéléré la cadence en sortie de peloton. Vingegaard, Roglic et Laporte étaient en surnombre dans un groupe auquel s'est accroché, tant bien que mal, Pogacar. A tour de rôle, les deux premiers cités ont placé une flopée d'accélérations tranchantes, auxquelles le maillot jaune s'est accroché telle une hyène affamée. Mais ces jaillissements se sont opérés au prix d'une débauche d'énergie importante, alors qu'il restait 60 kilomètres et deux cols à gravir. "On m'a énormément attaqué, ils ont essayé de me harceler, a témoigné le Slovène. Toute l'équipe Jumbo-Visma a été plus forte."
Seul contre tous, "Pogi" a payé les déboires de sa formation. "Décimée", selon les mots de son patron, UAE a perdu George Bennett et Vegard Stake Laengen, touchés par le Covid-19. Egalement positif, le lieutenant Rafal Majka a été autorisé à courir. Mais le Polonais a lâché du lest dans le Galibier, quand les deux Marc, Hirschi et Soler, tirent la langue depuis le début du Tour. "Quand on perd Laengen et Bennett, ça pèse sur l'équipe", a concédé Mauro Gianetti. A six contre huit "Jumbos", l'histoire est forcément différente.
Pour rester dans la course, Pogacar s'est consommé. Majka est certes revenu pour la dernière ascension, mais le gregario est vite arrivé au bout de ses efforts. La suite s'est transformée en un mano a mano des plus homériques, car les lieutenants de Vingegaard sont aussi tombés. Wout van Aert, Primoz Roglic, Sepp Kuss et Steven Kruijswijk ont tous dégringolé avant les pourcentages les plus rudes du Granon. Mais leur travail de sape était si bien ficelé que le Danois s'est retrouvé dans un fauteuil pour asséner les derniers coups de pédale fatals à son rival.
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