Tour de France 2022 : la fougue de Bardet, la résistance de Gaudu, le panache de Barguil… Le bilan de la journée des Français
Derrière le vainqueur du jour, Jonas Vingegaard, les Français ont été les grands animateurs de la 11e étape, qui s'est conclue en haut du spectaculaire col du Granon, mercredi.
Jonas Vingegaard est le nouveau maillot jaune du Tour de France. Toutefois, son dauphin ne s'appelle pas Tadej Pogacar, victime d'une sévère défaillance dans les dernières rampes col du Granon, mais bien Romain Bardet. Le grimpeur de la formation DSM, troisième à l'arrivée, a été le meilleur Français mercredi 13 juillet, et il a montré qu'il n'avait (presque) rien à envier aux favoris de ce Tour de France que sont Pogacar, Vingegaard ou Geraint Thomas. Il n'est du reste pas le seul Français à s'être illustré.
Bardet, le sans-faute
Prostré au sommet face à la montagne, à l'écart du vacarme de l'arrivée, s'essuyant les yeux, Bardet a pu savourer son retour au premier plan sur la Grande Boucle. Septième au matin, il a gagné cinq places pour grimper sur le podium du classement général au soir. "Dès le Télégraphe c'est parti à fond et ça ne s'est pas arrêté. Il a fallu gérer un peu les forces mais les jambes répondaient bien donc c'était une très bonne journée", s'est félicité le Tricolore.
Longtemps dans les roues des favoris, Bardet s'est même permis le luxe d'attaquer à 5,2 kilomètres de l'arrivée, laissant sur place tout le monde. Lui qui avait abandonné le Tour d'Italie en mai pour causes de problèmes à l'estomac, alors qu'il était un candidat crédible à la victoire, fait plus que se refaire la cerise sur le Tour. "Le col du Granon a été dur, on s'y attendait. Surtout qu'on est arrivés bien émoussés donc c'était dur, et demain ça sera encore plus dur ! On n'a fait que la moitié du Tour", continue-t-il avec sa lucidité habituelle.
Surtout, Bardet n'a pu compter que sur lui-même, là où Vingegaard a eu Primoz Roglic, Sepp Kuss ou Steven Kruijswijk, Pogacar avait Rafal Majka et Geraint Thomas avait Adam Yates. Le Français roule sa bosse en solitaire, court dans l'ombre et cela semble plus que jamais lui convenir. "Je suis heureux dans ma vie d'athlète, dans ma vie d'homme également", lâchait-il lors de la présentation des coureurs à Copenhague. Pour lui, le meilleur est peut-être encore à venir.
Gaudu, inquiétant puis remuant
Si voir Romain Bardet terminer devant un Pogacar en perdition n'est pas si surprenant, observer David Gaudu déposer le Slovène dans les derniers mètres relevait presque du mirage. Le grimpeur breton, lâché dans le col du Galibier, a fait l'élastique avec le groupe des favoris, avant de finir très fort l'étape à la faveur d'une aide salvatrice de ses équipiers Michael Storer et Valentin Madouas.
Lui qu'on imaginait en milieu d'étape accuser un débours de plusieurs minutes, termine finalement 5e de l'étape. "Dans la dernière montée, on a vraiment bien géré. Au final, je me sentais assez bien et je savais que c'était très dur. On se doutait que Jonas Vingegaard allait être le plus fort et le but n'était pas de s'accrocher à tout prix si c'était pour exploser à cinq bornes du sommet. Il fallait gérer et essayer de reprendre les gars un par un, et c'est ce qui s'est passé", se réjouit Gaudu.
"C'était une étape de fous furieux, du début à la fin. J'ai su garder mon calme et j'ai pu m'appuyer sur une équipe incroyable. Sans eux aujourd'hui, je ne suis rien. S'ils ne sont pas là, je suis peut-être à 20 minutes au général ce soir"
David Gaudu, Groupama-FDJà franceinfo: sport
Au final, Gaudu se rassure même avant la montée de l'Alpe d'Huez, jeudi. "J'ai hâte d'être à demain [jeudi] pour voir comment ça va se passer. Je suis content de ma journée", conclut le Finistérien. Septième du général, il reste à moins d'une minute du podium et détient un beau matelas de 4'10 sur son premier poursuivant, Aleksandr Vlasov (Bora-Hansgrohe).
Barguil a buté mais s'est rassuré
Impossible de ne pas évoquer le grand agitateur de ce mercredi suffocant. Warren Barguil (Arkéa-Samsic) a dû se résoudre à laisser le météore Vingegaard lui passer devant pour la victoire d'étape, mais son raid en solitaire a marqué la journée. "J'ai senti que ça ne s'entendait pas bien dans l'échappée. Je me suis dit : si on ne tente rien, on n'a rien ! Donc j'ai préféré tenter pour ne pas avoir de regrets, très loin, trop loin", souffle le Morbihannais.
Avec cinq minutes d'avance au pied du col du Granon, Barguil avait de quoi voir venir. Mais le rythme imprimé par Wout van Aert, derrière, et la pente vertigineuse, ensuite, ont fait fondre son écart. "La descente du Galibier n'était pas très technique, on n'arrivait pas directement dans le col et la vallée m'a complètement achevé. J'ai essayé de maintenir au maximum l'écart et au pied j'ai bien buté, j'ai senti que ça allait être compliqué", dévoile-t-il.
Loin au classement général, objectif de son coéquipier Nairo Quintana, Warren Barguil va se tourner vers le classement du maillot à pois, où il compte désormais 30 points, soit 13 de moins que Simon Geschke. "Après quelques années de galère sur le Tour, je suis content de retrouver un niveau correct, même si je veux un peu plus. Quand je suis devant, je suis un combattant jusqu'au bout, je mets tout jusqu'à la fin. Je vais tout donner jusqu'à la fin du Tour", affirme le Breton. A l'aube de la seconde partie du Tour, les Français ont tous des objectifs différents, et il y a toutes les raisons de croire qu'ils feront partie des animateurs de la course jusqu'à Paris.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.