Tour de France 2022 : les quatre étapes où Tadej Pogacar peut renverser Jonas Vingegaard
Le Tour entame sa troisième et dernière semaine, et il ne reste que quelques opportunités au Slovène pour détrôner le Danois.
En une étape, celle qui s’est achevée au sommet du col du Granon, mercredi 13 juillet, Tadej Pogacar est redevenu humain. Désemparé face à Jonas Vingegaard et son équipe, victime d’une défaillance, le Slovène a chuté du trône où il s'était installé depuis deux ans. En une montée, le double tenant du titre est passé de la proie insaisissable au chasseur impuissant.
Puis, que ce soit à l’Alpe-d’Huez le lendemain, ou dans la difficile montée à Mende, Pogacar n’a jamais pu décrocher de sa roue le maillot jaune, devenu inébranlable. A l’aube de la troisième semaine, il accuse un débours de 2’22'' sur le Danois. Si Tadej Pogacar ne possède plus beaucoup de cartouches pour bousculer Jonas Vingegaard, il lui reste tout de même quelques raisons d'y croire.
16e étape : Carcassonne - Foix
Placée le lendemain de la dernière journée de repos, cette étape est la première du trio pyrénéen. Elle sera aussi la moins exigeante, avec les deux difficultés situées dans les 55 derniers kilomètres. Il sera donc difficile pour la formation de Tadej Pogacar de durcir la course sur les 113 premiers kilomètres plats. C’est donc, a priori, l'opportunité la moins probable de voir Tadej Pogacar reprendre du temps à Jonas Vingegaard jusqu’à Paris.
Problème supplémentaire sur cette étape : le sommet de la dernière difficulté du jour, le Mur de Péguère (9,3 km à 7,9%), est placé à 27 kilomètres de l’arrivée. Une distance qui pourrait permettre à un Vingegaard ayant perdu du terrain de revenir sur un Pogacar qui aurait filé en solitaire. "Ça va être une grande bataille jusqu’à la fin. Peu importe ce qui arrive sur la fin, ce sera un grand Tour. J’attends les étapes qui arrivent pour continuer le mano a mano", ambitionnait Pogacar, samedi.
17e étape : Saint-Gaudens-Peyragudes
Le lendemain, les coureurs abordent le premier gros morceau des Pyrénées. Quatre ascensions répertoriées sur une étape très courte (129 km), donc explosive. Pour l'aiguiller, Tadej Pogacar aura sans doute un oeil sur la dernière arrivée à Peyragudes, en 2017, où Romain Bardet s'était imposé en haut de l'altiport.
Mais hormis la difficile montée finale, les profils d'étape n'ont pas grand chose en commun. En 2022, les enchaînements Aspin-Hourquette d'Ancizan puis le Val Louron-Azet remplacent le Port de Balès et Peyresourde. Un terrain de jeu propice aux grandes manoeuvres pour la formation UAE-Team Emirates, qui devra tenter d'isoler le maillot jaune assez tôt si Pogacar n'a pas repris de temps la veille.
"Si nous n'avions pas perdu Vegard (Stake Laengen) et George (Bennett), la situation serait déjà différente aujourd'hui. Maintenant il y a match, on est à égalité en nombre de coureurs", constatait Pogacar, dimanche, après les abandons de Primoz Roglic et Steven Kruijswijk, lieutenants de son rival Jonas Vingegaard. En 2017, en haut de Peyragudes, le maillot jaune avait changé d'épaules entre un Froome scotché à la pente et un Fabio Aru aérien...
18e étape : Lourdes-Hautacam
C'est la dernière chance pour les favoris au général de faire des écarts en montagne, et si le Granon n'était pas passé par là, cette étape cocherait toutes les cases de l'étape reine. Trois cols dont deux hors-catégorie, un col jamais escaladé dans l'histoire du Tour au milieu (le col de Spandelles) pour finir par la longue et coriace montée vers Hautacam, où un Vincenzo Nibali intouchable avait scellé sa victoire finale sur le Tour 2014.
Les longues descentes entre les différents cols devraient permettre de raccorder les grappes de coureurs, et donc amener les favoris à se livrer l'ultime affrontement dans la montée vers Hautacam. Mais, dernière étape de montagne oblige, on pourrait avoir un véritable feu d'artifice, où chaque équipe va mettre toutes ses forces dans la bataille.
"Il va falloir sélectionner les étapes les plus dures pour revenir au plus près, parce que Pogacar ne pourra pas boucher 2'30'' sur le chrono. Il va falloir attaquer et reprendre du temps en montagne, il y a matière à craquage et à explosion de certains favoris", développe notre consultant Yoann Offredo. Un scénario dont pourrait profiter Pogacar pour isoler Vingegaard en créant une course de mouvement, comme il l'avait fait sur les pavés lors de la 5e étape.
20e étape : Lacapelle-Marival-Rocamadour
La montagne définitivement terminée, il restera une ultime chance à Tadej Pogacar de renverser Jonas Vingegaard s'il ne l'a toujours pas fait. Comme en 2020 et en 2021, l'avant-dernière étape sera jugée au bout d'un contre-la-montre. Forcément un bon souvenir pour le Slovène, qui avait fait de la Planche de Belles Filles le lieu de son avènement en 2020, avant d'assurer sans problème son deuxième sacre à Saint-Emilion en 2021. Cette année, le chrono sera parsemé de légères bosses avant la montée vers Rocamadour.
On pourrait donc retrouver en 2022 un Pogacar dans un rôle de chasseur. L'an passé, le premier chrono avait vu le Slovène prendre 27 secondes au Danois, avant que ce dernier ne lui en reprenne 25 à Saint-Emilion face à un Pogacar déjà assuré de la victoire. "ll faut que Pogacar revienne à une minute et après tout est jouable. La preuve, il a gagné son premier Tour sur le chrono à la Planche des Belles Filles", affirme Yoann Offredo.
S'il semble peu probable de voir un écart de plusieurs minutes entre les deux, c'est la fraicheur des deux leaders qui sera importante, après presque trois semaines éprouvantes. A ce titre, Pogacar présente plus de garanties que Vingegaard, mais si ce dernier a toujours la tunique jaune sur les épaules samedi matin, les secondes d'avance pourraient suffire à l'amener à la première victoire d'un Danois sur le Tour de France depuis Bjarne Riis en 1996.
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