Tour de France 2023 : "Pour le moment, il n'y a pas photo", Jasper Philipsen écœure le peloton et rentre déjà dans les livres d'histoire
Même esseulé, il les a tous écœurés. Seulement battu à Limoges, Jasper Philipsen a remporté les quatre autres sprints de cette édition. 4-1, circulez, il n'y a (presque) rien à voir sur les étapes plates de ce Tour de France. Le Belge a encore distancé la meute lancée à ses trousses, mercredi 12 juillet, à Moulins.
"J’ai pu prendre la bonne roue, celle de Dylan Groenewegen, et puis il a lancé mon sprint comme je le voulais. Si tu es en bonne condition, tu prends les bonnes décisions. C’est vraiment un Tour de rêve jusqu’à présent", s'est félicité le vainqueur du jour à l'arrivée.
Il n'a cette fois pas pu compter sur son train de sprint habituel, en raison des conditions humides et de la baisse de forme de son habituel lanceur de luxe, Mathieu van der Poel. "C'était un peu plus délicat, c'était difficile de trouver une roue. Mathieu a été un petit peu malade, il a un petit rhume et a du mal à respirer mais il a aussi essayé d’en garder sous la pédale pour demain, parce que c’est une très belle étape pour lui", a souligné le maillot vert. "Avec Mathieu c'est plus facile, mais ça marche aussi sans lui. La progression de l'équipe est énorme sur ces trois dernières années", ajoute le manager de l'équipe Christophe Roodhooft.
Au bus, ses coéquipiers n'étaient pas surpris le moins du monde par sa victoire, confirmant la confiance qui règne au sein de la formation Alpecin-Deceuninck sur ce Tour. "J'ai vu qu'il a gagné assez facilement. Il a beaucoup de fraîcheur, il passe le mieux les montagnes parmi les sprinteurs et il est juste super fort", a précisé Jonas Rickaert, l'un de ses lieutenants.
Au même rang que Petacchi, Cavendish, Greipel et Kittel au 21e siècle
Avec quatre victoires sur ce Tour, Philipsen rejoint les fusées Alessandro Petacchi (2003), Marcel Kittel (2013, 2014 et 2017), André Greipel (2015) et Mark Cavendish (2008, 2009, 2010, 2011, 2016, 2021), seuls sprinteurs au 21e siècle à avoir claqué au moins quatre victoires au sprint dans une seule édition. Pour sa quatrième participation, Philipsen est devenu la roue à prendre, le bolide à suivre dans le dédale de coureurs qui se bousculent pour le sprint.
Mais personne n'a encore la solution. "Ce gars est le meilleur sprinteur du monde actuellement. Chapeau à lui d’avoir gagné quatre étapes dans un même tour", constate Mads Pedersen (Lidl-Trek), le seul à l'avoir devancé sur ce Tour. "Je me suis dit que c'était mon jour mais à la fin quelqu’un a été meilleur", enchaîne le dauphin du jour, Dylan Groenewegen (Jayco AlUla).
Bryan Coquard (Cofidis), meilleur Français du jour (4e), observe comme les autres que le Flamand met tout le monde au supplice sprint après sprint. "On vient pour faire mieux mais il faut se contenter de cela, c'est le sport et il y a plus fort que nous donc il faut s'avouer vaincu. Philipsen est très fort et pour le moment il n'y a pas photo, c'est comme ça", explique, résigné, le Nazairien. "Chapeau à Jasper, s'il est en position à chaque fois, c'est qu'il est super malin. Ce n'est pas que de la chance", insiste Wout van Aert (Jumbo-Visma), 9e mercredi.
La victoire appelle la victoire
Et comme lever les bras peut devenir une vraie obsession, encore plus pour les sprinteurs, Jasper Philipsen capitalise jour après jour, comme Mark Cavendish en 2021 (quatre victoires), ou Marcel Kittel en 2017 (cinq victoires). "Quand tu commences à gagner une fois, deux fois, les adversaires se battent pour venir dans ta roue, donc tu arrives beaucoup plus frais au moment du sprint. Et comme il est fort, pour le positionnement, c'est plus facile", explique Bryan Coquard. "On prend beaucoup de confiance quand on gagne autant d'étapes", résume Silvan Dillier, le coéquipier de Jasper Philipsen.
Mission impossible, donc ? Pourtant, Jasper Philipsen a déjà été battu par Mads Pedersen, et Dylan Groenewegen avait presque tout bien fait pour le devancer mercredi. "J'ai été presque battu aujourd'hui, tout le monde peut gagner. Je ne sais pas s'ils me craignent, mais je pense qu'ils vont continuer à essayer, tout peut se passer. Je suis en bonne condition, donc si je peux prendre une bonne roue, je sais qu'il sera difficile de me battre", conclut le Belge.
Surnommé "Jasper Disaster" ("Jasper Désastre" en français) pour son côté maladroit dans la vie, le sprinteur pourrait en avoir désormais un nouveau. "Jasper Disaster, ce n'est pas vraiment à cause de ses résultats. Lors des sprints, c'est plutôt le Master dans le sprint", sourit Silvan Dillier. S'il en gagne deux, sur les trois occasions qu'il reste aux sprinteurs jusqu'à Paris, il sera seulement le troisième sprinteur après-guerre à gagner six bouquets dans un seul Tour après Mark Cavendish (six en 2009) et Freddy Maertens (huit en 1976). De quoi ancrer définitivement "Jasper Master".
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