Tour de France femmes : la "rock star" Cecilie Uttrup Ludwig s'est relevée, la FDJ se remet à rêver
Au lendemain d'une journée compliquée, qui l'a vu concéder plus d'une minute au général, Cecilie Uttrup Ludwig a répondu de la meilleure des manières en s'imposant à Epernay, au terme de la 3e étape.
C'est peu dire que sa victoire a mis son équipe en émoi. "J'ai fait exprès de ne pas pleurer pour les caméras", "Le tableau de bord est mort, j'ai trop tapé dessus", "On a failli déclenché les airbags". A l'arrivée à Epernay, mardi 26 juillet, le staff de la FDJ-Suez-Futuroscope était euphorique. A quelques centaines de mètres de la ligne d'arrivée que Cecilie Uttrup Ludwig vient de franchir en tête lors de la troisième étape, les sourires sont aussi larges que les mines étaient défaites lundi.
Au lendemain d'une journée cauchemar, marquée notamment par l'abandon de la coleader Marta Cavalli et du retard pris par la Danoise (plus d'une minute), la formation tricolore retrouve des couleurs. "On gagne cette étape qu'on avait reconnue avec Cecilie, qui est la meilleure puncheuse du peloton", explique Cédric Barre, directeur sportif de la FDJ. Le plan de la FDJ était, en effet, rodé depuis plusieurs semaines, et n'a pas été chamboulé par les difficultés de Cecilie Ludwig dans la côte de Mutigny, à quelque 20 kilomètres de l'arrivée. La Danoise a su se reprendre pour terminer en trombe.
"On ne s'est pas affolés. On savait que la dernière difficulté allait être disputée, et Cecilie a tout gardé pour cette dernière bosse. Elle savait exactement où il fallait mettre le punch."
Cédric Barreà franceinfo sport
"On a montré des traits de caractères forts. Cette victoire est une belle réponse". C'est aussi le parfait résumé de la personnalité de la pétillante Danoise, qui est tombée lundi, avant de se relever de la plus belle des manières mardi sur les routes champenoises.
"C'est une fille incroyable, adorable. C'est une très grande championne", apprécie le directeur sportif avant d'enchaîner. "Il y a toujours cette incertitude après une chute, on avait une petite appréhension, cependant nous étions confiants sur les caractéristiques de Cecilie". La championne du Danemark n'est pas du genre à baisser les bras. Après sa journée galère sur la route de Provins, le manager Stephen Delcourt parlait "d'une viking qui ne s'avoue jamais vaincue". Bien vu. La leader de la FDJ a un caractère bien trempé. "C'est une rock star, c'est impossible de ne pas avoir le sourire quand vous avez quelqu'un comme elle dans le bus", assure Delcourt.
Du Covid long au Tour de France
Après une saison tronquée par un Covid long, Cecilie Ludwig a tourné la page en s'imposant à Epernay. Avant cela, il y avait déjà eu un Giro convaincant. "Elle termine sixième en ayant travaillé toute la course pour Marta Cavalli, c'est pas mal, non ?", expliquait le manager général avant le départ.
Pas du genre à se cacher en course ou dans la vie, celle qui aime jouer les DJ et à danser dans le bus assume son statut de leader de l'écurie tricolore. "Elle est décomplexée", assure Delcourt. "Elle a une joie de vivre incroyable. Dans l’hôtel, même si elle est à 300 mètres, j’ai juste à tendre l’oreille pour savoir où elle est."
Charismatique, la Danoise est du genre à captiver l'auditoire à chacune de ses prises de parole, pendant lesquelles elle ne mâche pas ses mots. "Ce n'est pas une provocatrice, mais elle sort des sentiers battus, souligne Stephen Delcourt. Je me souviens d'une interview à Londres, où on l'interroge sur le fait que les femmes n’ont pas d’arrivée au sommet de cols mythiques Cecilie réfléchit deux secondes et répond : 'Je pense qu’ils ont peur que mon vagin descende en altitude'. Il y a un gros blanc. Puis elle éclate de rire. Voilà, c'est ça Cecilie Ludwig".
Avec sa victoire mardi, tant Ludwig que son équipe sont relancées, alors qu'il reste 5 étapes pour atteindre un autre objectif : le maillot jaune, et pourquoi pas la victoire finale. En attendant, l'heure est à la fête. Dans la capitale du champagne qu'est Epernay, ceinturée de coteaux, il n'y a pas à chercher bien loin pour connaître le programme de la soirée de l'écurie française : "Evidemment qu'on va fêter ça, même si le Tour est encore long", promet Cédric Barre, "On va boire une petite coupe de champagne ou plus ce soir." Et peut-être vérifier les airbags, quand même.
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