Trois questions sur le procès de Nadia Savtchenko, pilote ukrainienne en grève de la faim
La députée, qui a arrêté de manger depuis vendredi, a recommencé à boire jeudi.
Le bras de fer entre Nadia Savtchenko et ses juges continue. Jugée en Russie pour le meurtre de deux journalistes en Ukraine, la pilote ukrainienne a entamé une grève de la faim vendredi dans l'attente de son verdict. Après six jours sans boire, elle a mis fin à sa grève de la soif jeudi 10 mars, a indiqué son avocat.
Francetv info revient en trois questions sur ce procès sous tension, dont le monde entier se mêle.
Qui est Nadia Savtchenko et pourquoi est-elle poursuivie ?
Agée de 34 ans, Nadia Savtchenko est pilote au sein de l'armée ukrainienne. Arrêtée début juillet 2014 sur le territoire russe selon Moscou, la pilote est accusée d'avoir transmis à son armée la position de deux journalistes russes tués par un tir de mortier dans l'est de l'Ukraine.
La pilote d'hélicoptère, élue députée au Parlement ukrainien en septembre 2014 alors qu'elle était déjà détenue en Russie, accuse de son côté les rebelles prorusses de l'est de l'Ukraine de l'avoir capturée sur le territoire ukrainien et livrée aux autorités russes.
Le parquet russe a requis 23 ans de prison contre Nadia Savtchenko, jugée depuis l'été dernier par un tribunal de Donetsk, petite ville russe à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne.
Comment se déroule sa grève de la faim ?
Face à des accusations qu'elle rejette en bloc, la pilote a cessé à plusieurs reprises de s'alimenter. Avant son procès, la jeune femme avait déjà observé une grève de la faim de plus de 80 jours, qui avait pris fin en mars 2015. Il y a quelques jours, le 4 mars, elle a décidé d'une action encore plus radicale. En plus d'entamer une grève de la faim, Nadia Savtchenko a cessé de boire, avant de revenir sur sa décision jeudi 10 mars.
Paraissant en bonne forme physique malgré plusieurs jours sans boire ni manger, la pilote, devenue une héroïne nationale en Ukraine, avait assuré mercredi qu'elle "[poursuivrait sa] grève de la faim et de la soif" jusqu'au verdict prévu les 21 et 22 mars. Réaffirmant son innocence, elle a indiqué n'avoir "rien à perdre" et a adressé un bras d'honneur aux juges.
Quelles sont les réactions internationales ?
Les enjeux du procès de Nadia Savtchenko ont dépassé les frontières. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a demandé mercredi soir à Moscou la libération "immédiate" de la pilote, après des demandes similaires de Washington, Berlin et Kiev.
"Il ne s'agit plus seulement d'une affaire judiciaire ou politique : désormais c'est une question de compassion et d'humanité. Son état de santé se détériore rapidement et nous craignons tous des conséquences dramatiques", a-t-elle déclaré dans un communiqué, en appelant Moscou à libérer Nadia Savtchenko "immédiatement et sans conditions".
En déplacement en Turquie, le président ukrainien, Petro Porochenko, a de son côté suggéré mercredi un "échange" de prisonniers avec Moscou pour obtenir la libération de la pilote. Une hypothèse immédiatement rejetée par le ministère russe des Affaires étrangères, qui a répété qu'aucun échange entre Nadia Savtchenko et des prisonniers détenus par les autorités ukrainiennes "ne [pouvait] avoir lieu avant le jugement du tribunal".
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