Chevaline. Un 4x4 vert aperçu près du lieu de la tuerie
Deux informations judiciaires ont été ouvertes. Les résultats des autopsies des victimes pourraient apporter des éléments cruciaux dès vendredi soir.
TUERIE DE CHEVALINE - "Aujourd'hui, l'enquête franco-britannique démarre", a annoncé vendredi 7 septembre dans l'après-midi le procureur d'Annecy (Haute-Savoie), Eric Maillaud. Trois gendarmes en charge du dossiersont arrivés à Londres pour rencontrer leurs homologues britanniques.
Deux informations judiciaires, l'une pour "assassinats" et l'autre pour "tentatives d'assassinats", ont par ailleurs été ouvertes, a indiqué vendredi matin Eric Maillaud.
L'autopsie des corps des quatre victimes de la tuerie de Chevaline, en Haute-Savoie, doit se terminer dans la soirée de vendredi. Elle doit permettre d'en savoir plus sur ce crime mystérieux. "Les corps resteront en France le temps qu'il faut", a tranché le procureur.
L'identité des victimes est-elle définitivement établie ?
Concernant les parents, plus de doute. "Cela nous a été confirmé par la fillette de 4 ans", explique Eric Maillaud, qui se montrait prudent jusque-là.
Les victimes doivent encore être identifiées définitivement à partir de leur ADN, samedi ou dimanche. Car un mystère demeure. On ignore encore l'identité de la femme titulaire du passeport suédois, d'abord présentée comme la belle-mère de Saad. "On n'a aucune idée du lien de parenté éventuel avec la famille Al-Hilli."
"Les trois corps retrouvés dans la voiture pourraient être le père, la mère et la grand-mère. C'est en tout cas la composition de la famille telle que décrite par les occupants britanniques du camping de Saint-Jorioz qui ont signalé leur disparition mercredi soir", avait précisé jeudi le lieutenant-colonel Benoît Vinnemann.
Au passage, le procureur a déclaré que Saad Al-Hilli était "totalement inconnu" des services de renseignement britanniques. C'est ce qu'avait suggéré un voisin, interrogé par le site du quotidien britannique Daily Mail (en anglais).
Qu'a donné l'audition de Zeena, la fille de 4 ans ?
"Elle a été terrorisée, dans le véhicule elle s'est précipitée sous les jambes de ses parents, elle n'a rien vu ni entendu", explique Eric Maillaud. Zeena, 4 ans et rescapée de la tuerie, est toujours admise dans un service de pédopsychiatrie, et accompagnée par des membres de l'ambassade britannique. Elle devrait être confiée, par la suite, à quelqu'un de sa famille.
L'autre fille du couple, Zaïna, âgée de 7 ans, a été plongée dans un coma artificiel après avoir reçu une balle qui lui a traversé l'épaule et subi des coups violents. Les enquêteurs devront patienter pour l'interroger. "On lui posera davantage de questions sur les faits que sur sa propre souffrance, regrette le procureur. On espère qu'elle pourra nous dire ce qu'elle a vu."
Le ou les tueurs ont-ils été aperçus ?
Un témoin a raconté vendredi à quelques journalistes avoir croisé une voiture blanche "un peu folle", sur une route proche du lieu du quadruple meurtre, peu après son heure estimée. Il s'est ensuite présenté devant les gendarmes pour leur apporter son témoignage. "Au début, j'ai cru que c'était deux filles à l'intérieur, mais une fois qu'ils m'ont dépassé, ils avaient l'air bizarre, avec des cheveux bizarres, comme s'ils portaient des perruques."
Mais le procureur ne semble pas convaincu par cette version. Il évoque également le témoignage d'un cycliste, recueilli lors d'une audition, qui a aperçu un "4x4 de couleur verte ou sombre", tout en rappelant la multiplication des témoignages. "Nous sommes en Savoie, en montagne, dans une période touristique où il y a des 4x4 partout."
Les enquêteurs ont-ils une piste ?
"Aucune piste, aucune information n'est considérée comme farfelue." Les gendarmes français ont bénéficié des informations de la police britannique, qui leur a indiqué "l'existence d'un conflit à propos d'argent entre [Saad, le conducteur abattu] et son frère [Zaïd]." Mais Zaïd "s'est présenté spontanément aux autorités policières, c'est confirmé, pour s'enquérir de l'état de son frère" après avoir appris sa mort dans la presse, a indiqué Eric Maillaud. Puis une seconde fois. "Il s'est représenté aujourd'hui pour dire qu'il n'avait pas de conflit avec son frère."
Pour autant, le procureur reste prudent. "Ce n'est pas parce qu'on dit qu'il y a un litige entre deux frères que celui-ci devient nécessairement le suspect numéro 1." Un peu plus tôt, le site du Parisien a révélé que Saad Al-Hilli avait été molesté à plusieurs reprises par son frère. Outre-Manche, les journaux britanniques ont d'ailleurs multiplié les hypothèses, jusqu'aux plus farfelues.
Y a-t-il un ou plusieurs tireurs ?
Au total, les enquêteurs ont compté "près de 25 douilles". Une étude balistique approfondie devrait permettre de déterminer s'il y a eu un ou plusieurs tireurs. "Il paraît humainement difficile qu'autant de tirs aient été commis par un seul homme", a estimé jeudi soir le procureur. Pour le moment, les enquêteurs savent que toutes les victimes sont mortes de plusieurs coups de feu, dont au moins une balle dans la tête.
"Les autopsies sont en cours et se termineront à 22h ou minuit", a affirmé le procureur. "Tous les corps ont été atteints de plusieurs impacts de balle, au minimum trois par personne et au minimum une balle dans la tête par corps", a ajouté Eric Maillaud. Par ailleurs, "on ne sait pas dans quel ordre les victimes ont été abattues. On ne le saura sans doute jamais".
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