Tunisie : trois militantes Femen, dont deux Françaises, condamnées à quatre mois de prison ferme
Elles avaient manifesté seins nus à Tunis le 29 mai, pour la libération d'Amina, une autre Femen.
Les trois militantes féministes Femen, deux Françaises et une Allemande, avaient manifesté seins nus à Tunis le 29 mai. Elles ont été condamnées mercredi 12 juin, à quatre mois de prison ferme, a annoncé l'un de leurs avocats, Souheib Bahri. Elles s'étaient mobilisées pour soutenir une autre Femen, la Tunisienne Amina, détenue depuis le 19 mai.
Pauline Hillier (23 ans), Marguerite Stern (27 ans) et leur consœur allemande Josephine Markmann (19 ans), comparaissaient pour "outrage public à la pudeur" (passible de six mois de prison ferme) et "atteinte aux bonnes mœurs ou à la morale publique" (six mois de prison ferme). Le Quai d'Orsay a indiqué regretter "la sévérité de la peine".
Vers une suite judiciaire ?
"Je prends acte avec consternation de cette décision, alors que l'infraction n'était pas constituée, a réagi l'un de leurs avocats français, maître Patrick Klugman. C'est une condamnation extrêmement lourde. C'est une atteinte grave à la liberté d'expression, pas seulement pour ces filles, mais pour la liberté d'expression en général." L'avocat s'apprête à se rendre à Tunis.
Vers une suite politique ?
Les regards se tournent désormais vers François Hollande, alors qu'une visite du président français à Tunis se préparerait pour début juillet. Les avocats français des militantes, maîtres Patrick Klugman et Yvan Terel, avaient souligné que si les trois militantes n'étaient pas remises en liberté, ils viendraient "immédiatement à Tunis pour amplifier la mobilisation internationale, surtout dans la perspective de la venue de François Hollande".
L'association féministe Osez le féminisme a immédiatement demandé la libération des jeunes femmes. Faisant référence à ce même déplacement du chef de l'Etat français, l'organisation a appelé le président "à agir au plus vite, et à porter ce message au nom de la France lors de sa visite officielle en Tunisie".
Vers une suite militante ?
Une fois le verdict connu, la dirigeante de Femen, Inna Shevchenko, a appelé à continuer la mobilisation. "C'est une décision politique qui confirme le caractère dictatorial de la Tunisie, pour qui il est plus simple de mettre des filles en prison que de reconnaître que les femmes ont le droit de disposer librement de leur corps", a-t-elle déploré depuis Paris.
"On est très en colère après ce verdict très dur, et nous allons poursuivre nos actions en Tunisie. Nous les préparons déjà. Nous allons les élargir, les multiplier. On ne va pas arrêter", a-t-elle encore martelé.
Des militantes de Femen ont mené, plus tôt dans la journée, des actions de soutien aux trois activistes, manifestant seins nus devant l'ambassade de Tunisie à Madrid, à l'occasion de la première action du groupe en Espagne.
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