UMP : les défis qui attendent Jean-François Copé
Au lendemain de son élection à la tête de l'UMP, Jean-François Copé va devoir s'attaquer à de nombreux chantiers, tous plus compliqués les uns que les autres.
SUCCESSION A L'UMP – Après de longues heures d'attente, le psychodrame a pris fin. Avec 98 petites voix d'avance (sur plus de 176 000 bulletins !), Jean-François Copé a été élu président de l'UMP, lundi 19 novembre, face à François Fillon. Mais à la suite de la proclamation des résultats, point d'effusion de joie ou de sourires exagérément triomphants dans le camp Copé. Car les défis qui attendent le patron de l'UMP sont nombreux, et surtout tous plus compliqués les uns que les autres.
1Recoller les morceaux
Le premier de ces chantiers auxquels Jean-François Copé va devoir s'atteler en ce lendemain d'élection touche, à terme, à la survie même du parti : après six mois de campagne interne, l'unité de l'UMP apparaît considérablement affaiblie. En public, et plus encore en privé, les échanges ont été très violents et de multiples accusations de fraudes ont entaché le scrutin. "Quand on est à ce point de tension et de manque de confiance réciproque, cela laisse inévitablement des traces", souligne dans Libération Florence Haegel, professeure à Sciences Po et auteure des Droites en fusion, transformations de l'UMP.
Mais surtout, il y a cette "fracture" de fond, que François Fillon a pointée en concédant sa défaite, lundi soir. Le vote très partagé des militants entre la ligne "décomplexée" de Copé, et la ligne plus modérée qu'incarnait Fillon, laisse derrière lui l'image d'une UMP parfaitement bicéphale. Les anciens ministres Benoist Apparu et François Baroin, pour ne citer qu'eux, n'ont-ils pas fustigé "les propositions bien saucisson-vin rouge" et "les idées nauséabondes" du sarkozyste Guillaume Peltier, dont la motion La Droite forte est pourtant arrivée en tête du vote des militants dimanche ?
Certains militants, dégoûtés par la ligne de Jean-François Copé, vont-ils préférer quitter l'UMP pour rejoindre la jeune UDI de Jean-Louis Borloo, au centre-droit ? D'autres au contraire, particulièrement à l'aise avec cette droite sans tabou, vont-ils se tourner vers une radicalisation idéologique ? L'animation du parti en différents courants proposée par Jean-François Copé permettra-t-elle de dépasser ces clivages ? Autant de problématiques auxquelles le nouveau président de l'UMP va devoir apporter des solutions rapidement, sous peine de laisser le parti courir à l'éclatement.
2Préparer les prochaines échéances électorales
Après avoir perdu les municipales de 2008, les européennes de 2009, les régionales de 2010, les cantonales et les sénatoriales de 2011 et la présidentielle de 2012, l'opération de reconquête du pouvoir promise par Jean-François Copé commence par une vague bleue aux municipales de 2014.
Pour cela, le patron de l'UMP va devoir dicter très rapidement la stratégie à ses troupes. Celle-ci devrait notamment passer par l'organisation de primaires dans les grandes villes, en particulier à Paris. Jean-François Copé devra également préciser sa position face au Front national. S'il a assuré qu'il n'appelerait jamais à voter en faveur de candidats FN, pas plus que pour des candidats PS ? Que fera-t-il en tant que président de l'UMP lorsque, localement, des élus ou des responsables du parti appeleront à des alliances avec l'extrême droite ? Ces personnes seront-elles systématiquement exclues de l'UMP ?
Parallèlement, Jean-François Copé devra préparer les fondations de la primaire ouverte pour l'élection présidentielle de 2017. Très critique à l'égard du processus adopté par le Parti socialiste en 2011, le nouveau président de l'UMP s'est finalement rallié au principe, affirmant que c'était désormais "une évidence". Une évidence, mais pas une formalité : les multiples obstacles qui ont émaillé le vote pour la présidence de l'UMP "rendent incontestablement l'exercice plus difficile", souligne le politologue Pascal Perrineau dans La Croix (article abonnés).
3Rétablir les finances du parti
Enfin, sur un plan plus interne, Jean-François Copé aura également la périlleuse mission de redresser les comptes de l'UMP, dont il est responsable depuis son arrivée au poste de secrétaire général, en novembre 2010. La défaite aux législatives du mois de juin a représenté une perte sèche de 11 millions d'euros par an, et le parti reconnaît que les finances sont au plus bas.
"Comment parler de redresser le pays, si on n'est pas capable de gérer le parti ?", a grincé le filloniste Laurent Wauquiez durant la campagne, cité par Le Figaro.
Avant de rallier François Fillon, le trésorier de l'UMP, Dominique Dord, avait adressé début juillet une "lettre de cadrage" aux responsables du parti. Ses préconisations étaient draconiennes : doublement du montant des cotisations de l'ensemble des élus UMP pour recueillir 4 millions d'euros ; non-renouvellement des CDD, intérimaires et stagiaires pour économiser 2 millions ; division par deux du budget communication pour épargner 1,5 million d'euros ; et réduction drastique du budget dédié aux meetings et de l'enveloppe accordée aux associations liées à l'UMP.
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