Libye. L'ambassadeur américain et trois fonctionnaires tués dans l'attaque d'un consulat
De violentes manifestations ont eu lieu à Benghazi dans la nuit de mardi à mercredi pour dénoncer la diffusion du film "Innocence of Muslims", qui ridiculise le prophète Mahomet. FTVi revient en détail sur les évènements.
AFRIQUE - Le 11e anniversaire des attentats du 11-Septembre a été marqué mardi par une poussée de violence en Libye ainsi qu'en Egypte, où des manifestations se sont déroulées devant l'ambassade américaine. A Benghazi (Libye), l'ambassadeur américain et trois fonctionnaires du consulat ont été tués dans des attaques survenues dans la nuit.
FTVi revient sur cet épisode violent qui marque de nouvelles tensions dans la région.
Les faits : des attaques anti-américaines
Une violente attaque du consulat américain a eu lieu à Benghazi, dans l'est libyen, par des hommes armés. Des roquettes ont été tirées sur le bâtiment, selon des sources officielles libyennes, tandis que des échauffourées ont éclaté entre les manifestants et les forces de l'ordre. Le bâtiment a été incendié et quatre Américains ont été tués : l'ambassadeur, Chris Stevens, ainsi que trois fonctionnaires du consulat américain. "Les autres membres du personnel ont été évacués et sont sains et saufs", a indiqué à l'AFP Wanis Al-Charef, le vice-ministre de l'Intérieur libyen.
Dans le même temps, au Caire, en Egypte, une vingtaine de manifestants ont escaladé le mur extérieur de l'ambassade américaine où 2 000 personnes environ s'étaient rassemblées. Ils ont arraché la bannière étoilée, ont rapporté des témoins. A la place du drapeau américain, ils ont tenté de hisser un drapeau noir portant la phrase "Il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et Mahomet est son messager", a précisé un journaliste de Reuters.
Les assaillants : des extrémistes salafistes
Selon l'AFP, la majorité des manifestants égyptiens appartenaient à la mouvance salafiste.
A Benghazi, un témoin a lui aussi rapporté que des salafistes se trouvaient parmi les assaillants, faisant état d'actes de pillage et de vandalisme. Considérée comme un fief des islamistes radicaux, la deuxième ville de Libye et bastion de la révolution qui a fait chuter Mouammar Kadhafi a connu une vague de violences ces derniers mois, avec des attaques contre des Occidentaux et des assassinats d'officiers de l'armée ou de la sécurité, ainsi qu'une montée en puissance de la mouvance salafiste.
Le déclencheur : un film autoproduit
Les manifestants se sont mobilisés pour dénoncer la diffusion sur internet du film Innocence of Muslims (L'Innocence des musulmans), réalisé et produit par Sam Bacile, un promoteur immobilier israélo-américain de 54 ans, qui a qualifié l'islam de "cancer", dans un entretien au Wall Street Journal.
Le gouvernement afghan a ordonné le blocage du site de visionnage de vidéos YouTube dans le pays pour empêcher la diffusion de ce film.
Les réactions : indignation occidentale et libyenne
Le président américain, Barack Obama, a condamné "fermement", dans un communiqué, "cette attaque scandaleuse contre notre mission diplomatique à Benghazi qui a coûté la vie à quatre Américains, dont l'ambassadeur Chris Stevens".
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a accusé "un petit groupe sauvage" du meurtre de l'ambassadeur. "Rien ne saurait jamais justifier des actes de cette nature", avait-elle déclaré plus tôt.
Elle a par ailleurs indiqué s'être entretenue avec le président de l'Assemblée nationale libyenne, Mohamed Al-Megaryef, des moyens de mieux protéger les Américains travaillant en Libye. Le Congrès général national (CGN) libyen, la plus haute autorité politique du pays, a exprimé dans un communiqué son "indignation", promettant l'"ouverture immédiate d'une enquête".
De son côté, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a fermement condamné l'attentat, à l'issue du débat sur "l'état de l'Union" au Parlement européen. Tout en condamnant l'attentat, le Vatican a pour sa part dénoncé "les offenses injustifiées et les provocations" contre les musulmans, en allusion au film qui a tout déclenché.
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