Un plan de 10 milliards d'euros pour sauver Chypre
La zone euro et le FMI ont trouvé un accord sur un plan de sauvetage d'un maximum de 10 milliards d'euros. En échange, une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires rapportera près de 6 milliards d'euros.
Après la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne, Chypre devient le cinquième pays de l'Union européenne à faire l'objet d'un plan d'aide international. La zone euro et le FMI ont trouvé, samedi 16 mars, un accord sur un plan de sauvetage d'un maximum de 10 milliards d'euros. En échange, une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires rapportera près de 6 milliards d'euros.
Ce que prévoit le plan de sauvetage
Une aide de 10 milliards d'euros maximum. C'est bien inférieur à somme de 17 milliards d'euros – soit l'équivalent de son PIB – que réclamait Chypre pour renflouer ses deux principales banques, plombées par la crise grecque. Ses bailleurs de fonds craignaient que le pays ne puisse rembourser une somme trop importante et que la dette explose à des niveaux insoutenables, une fois l'aide versée. Au final, la dette chypriote devrait être ramenée à 100% du PIB en 2020.
Une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires. Pour réduire leur participation, les bailleurs de fonds ont demandé à Nicosie d'instaurer une taxe de 6,75% sur les dépôts bancaires en-deçà de 100 000 euros et de 9,9% au-delà de ce seuil, ainsi qu'une retenue à la source sur les intérêts de ces dépôts. Ces prélèvements devraient rapporter au total 5,8 milliards d'euros, selon le chef de file de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
Tous les épargnants seront touchés par ces nouvelles taxes, qu'ils soient chypriotes ou étrangers, en particulier russes. Concrètement, la taxe va leur être prélevée directement sur leurs comptes bancaires avant la réouverture des banques mardi, explique le Financial Times. Les autorités ont déjà pris des mesures pour geler les sommes sur les comptes et une loi devrait être adoptée au cours du weekend pour permettre cette opération et empêcher une fuite massive des capitaux.
Pas d'effacement de la dette. Les bailleurs de fonds de Chypre ont renoncé à un effacement de dette, qui aurait fait subir de lourdes pertes aux créanciers privés et qui était fermement rejetée par Nicosie. En revanche, des privatisations devraient être effectuées et l'impôt sur les sociétés passera de 10 à 12,5%.
L'UE, le FMI et Chypre satisfaits
"La solution présentée est durable, pérenne et dans l'intérêt de l'économie chypriote", a déclaré la directrice du FMI, Christine Lagarde. L'institution pourrait participer au plan d'aide à hauteur de 1 milliard d'euros. "On ne pénalise pas Chypre", s'est défendu Jeroen Dijsselbloem, patron de l'Eurogroupe. "Nous sommes aux côtés du gouvernement chypriote, c'est ce paquet qui permettra une restructuration du secteur bancaire et rendra la dette durable."
De son côté, le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris, a estimé que les mesures prises ont permis d'éviter "des coupes dans les salaires et les pensions". Pour alléger son fardeau, Chypre pourrait également se tourner vers la Russie, dont elle est proche économiquement et culturellement. La contribution de Moscou pourrait atteindre 2,5 milliards d'euros.
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