Cet article date de plus d'onze ans.

Un réseau soupçonné d'avoir truqué 380 matchs de football démantelé

Selon Europol, il s'agit de "la plus grande enquête de tous les temps" sur ce type d'affaires. Des rencontres internationales seraient concernées.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le match de qualification pour la Coupe du monde 2014 entre l'Argentine et la Bolivie, le 11 novembre 2011 à Buenos Aires (Argentine), lors duquel un arbitre a accordé un penalty plus que litigieux en faveur de l'Argentine, selon Europol. (ALEJANDRO PAGNI / AFP)

Un réseau criminel soupçonné d'avoir truqué 380 matchs de football, dont des rencontres de Ligue des champions et de qualification pour la Coupe du monde, a été démantelé, a annoncé lundi 4 février l'Office européen de police Europol.

"Il nous semble clair qu'il s'agit de la plus grande enquête de tous les temps sur des matchs truqués présumés", a déclaré le directeur d'Europol, Rob Wainwright, lors d'une conférence de presse à La Haye. Selon le quotidien britannique The Guardian (en anglais), cinquante personnes ont déjà été interpellées, dans quinze pays. 

Un réseau criminel à l'échelle mondiale

Selon lui, 425 arbitres, dirigeants de clubs et joueurs, notamment, sont soupçonnés d'avoir pris part au trucage des matchs. Le but du trucage était de gagner d'importantes sommes d'argent grâce à des paris sportifs. La plupart des matchs truqués ont été joués dans les championnats turc, allemand et suisse, a précisé Europol. D'après l'organisation internationale, il est courant que des sommes de l'ordre de 100 000 euros soient dépensées pour truquer une rencontre. 

Mais d'autres matchs à travers le monde sont concernés. Ainsi, deux matchs de Ligue des champions européenne et des matchs de qualification pour la Coupe du monde ont été mis en cause, mais a priori pas le fameux Zagreb-Lyon de 2011. Europol a notamment montré, lors de la conférence de presse, une rencontre internationale entre l'Argentine et la Bolivie, lors de laquelle un arbitre hongrois a accordé un penalty plus que litigieux en faveur de l'Argentine. 150 rencontres entre équipes nationales ont été truquées lors des deux dernières années, d'après l'organisation. Restent les sommes empochées par ce réseau : Europol évoque 8 millions d'euros, un total qui paraît plutôt faible.

Interpol a visé Singapour en novembre 

"C'est le travail d'une organisation criminelle présumée, basée en Asie et qui opère avec un réseau criminel à travers l'Europe", a ajouté Rob Wainwright, rapporte The Guardian. Expert réputé sur les matchs truqués et la corruption, Declan Hill a réagi sur son blog (en anglais). L'auteur du livre The Fix : crime organisé et football demande au gouvernement singapourien de lancer un mandat d'arrêt international contre un homme appelé Dan Tan. Il assure que le réseau démantelé par les enquêteurs est en majeure partie lié à des commanditaires basés en Asie, dont cette personnalité serait à la tête.

En novembre 2012,  le secrétaire général d'Interpol, Ronald Noble, décrivait Tan Seet Eng, alias Dan Tan, comme l'un "des chefs d'un groupe du crime organisé" à Singapour. Almir Gegic, un ancien milieu de terrain du club de Vicenza (3e division, Italie) était ainsi soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire avec Dan Tan, dans le scandale italien du "Calcioscommesse". Des joueurs sont soupçonnés d'avoir été corrompus par des parieurs clandestins. Selon Le Monde, l'enquête actuelle porte également sur le Calcio (championnat) italien.

L'UEFA attend avant d'agir 

L'Union européenne des associations de football (UEFA) attend "plus d'informations des investigations" d'Europol avant de les transmettre "aux instances disciplinaires compétentes" en vue d'éventuelles sanctions, a-t-elle fait savoir lundi dans un communiqué.

Et d'ajouter : "Comme acteur de la lutte contre ce fléau, l'UEFA coopère déjà avec les autorités sur ces questions dans le cadre de son programme de 'tolérance zéro' vis à vis des matches arrangés dans notre sport."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.